Après la perte de sa femme, le technicien Guido Temmerman s'est réfugié dans le garage qu'il a construit de ses mains. Un retour aux sources apaisant... Parmi sa collection: neuf MG originales et 200 MG miniatures.
Guido De Temmerman, technicien d’entretien à la SNCB à la retraite
"J’ai neuf MG, dont quatre en état de marche!," s’exclame Guido De Temmerman (61 ans). "J’ai travaillé dans le monde du sport automobile en tant que chauffeur et approvisionneur pour les équipes de télévision. Ensuite, je suis devenu mécanicien chez Bollaert Racing, qui participait au championnat de Belgique des rallyes."
"Je me suis également occupé du service pour le rallye de Pologne. Avec mon fils, j’assure le service pour Heli Racing, qui participe à la Belgian Gentlemen Drivers Cup. Notre première course aurait dû avoir lieu en mars, mais elle a été reportée à cause de la crise sanitaire."
Tout a commencé au début des années 1990, par un pari. "Mon beau-frère avait acheté une Porsche et m’avait mis au défi d’acheter un ancêtre dans les deux mois. Je visais les Triumph et les MG, parce que j’aime l’Angleterre. Mon épouse était enthousiaste elle aussi. En 1993, nous avons acheté ensemble la MGB (1979) qui, après une première vie au Texas, avait été oubliée dans une cave, à côté d’une bétonnière: elle était pleine de poussière de ciment. Tout était bloqué, mais je l’ai remise en état de marche."
Diplôme de carrossier
"Peu à peu, ce hobby a pris de l’ampleur. Surtout après le décès d’Ann, en 2004. Je venais de décrocher un diplôme de carrossier. Le dernier examen s’est déroulé alors qu’elle était en phase terminale, mais elle a insisté pour que je le présente et termine mes études. Ensuite, j’ai construit ce garage: je faisais de la maçonnerie tous les soirs et c’est devenu un mode de vie."
"J’ai pris ma retraite en 2016, plus tôt que prévu. En tant que technicien de signalisation à la SNCB, j’ai vécu pas mal de choses, dont de terribles accidents qui ont été à l’origine de stress post-traumatiques. Les voitures ont toujours été une sorte de thérapie, mais, ces dernières années, elles le sont devenues encore plus."
Avant-guerre
La MG TA (1938) est la plus ancienne de sa collection. "C’est celle que je conduis le plus en ce moment. C’est un modèle d’avant-guerre et il offre une expérience de conduite particulière. Cette MG grimpe à 115 et même 116 kilomètres à l’heure. Elle est bien documentée: regardez, le certificat d’immatriculation date de 1938! Je suis son quatrième propriétaire.'
'Je l’ai achetée il y a cinq ans à Leonard Goff, un artiste anglais. Il ne voulait la vendre qu’à un passionné. Et je l’ai achetée au prix qu’il avait lui-même payé, restauration comprise. Depuis, il est devenu un ami. Chaque fois que je vais en Angleterre, je passe chez lui prendre le thé, avec des pralines...", dit-il en montrant des livres de l’artiste, dans lesquels il a aussi dessiné la voiture.
Qualité britannique
"J’ai complètement adapté la MGB GT (1978) pour participer à des rallyes d’endurance, avec commande au pied pour les feux et les phares, intercom, tripmaster... Je l’ai également conduite à Zolder et à Francorchamps. Une fois, j’ai atteint les 198 km/heure! Elle aurait pu aller encore plus vite, mais je n’ai pas osé. Le moteur n’est pas très bon, je devrais en installer un autre.”
"Il se trouve que, par hasard, elles ont presque toutes le volant à droite. Mais ça ne me pose pas de problème. Une première Midget 1500 (1976) a un hardtop de Hashley, une deuxième (1978), un de Sebring, une société qui préparait les voitures pour les courses. Après l’avoir entièrement retapée, elle a été recalée, car un des phares ne fonctionnait pas. Ensuite, je n’ai plus réussi à passer le contrôle technique." À l’extérieur se trouve une autre Midget, (1975), bleue cette fois, sous une bâche. "Je l’ai vidée pour faire la soudure. C’est un projet à long terme."
MG miniatures
"Je suis en train de reconstruire la MGA (1960), une voiture que j’ai restaurée de manière professionnelle, en partant de zéro. Je l’ai depuis 2002. Je ne connais qu’une petite partie de l’historique de cette voiture. Dans la portière, j’ai trouvé une contravention pour excès de vitesse datant de 1970, dressée ici, dans le village. J’ai aussi une MG Magnette (1958). Elle se trouve dans un hangar, ici je manque de place!"
Dans son salon, le retraité expose sa collection de 200 MG miniatures. "J’en achète tout le temps des nouvelles!," s’exclame-t-il en riant, en nous montrant des exemplaires fabriqués à la main juste après la Seconde Guerre mondiale. "L’armoire est fermée à clé, pour éviter que mes petits-enfants ne les prennent!"