Une Porsche toute neuve pour le collectionneur d'ancêtres Philippe Coget, ce n'est pas ce qui fait son bonheur. "Mon truc à moi, c'est de sauver les voitures qui faisaient partie du paysage urbain des années 70."
La première: Peugeot 305 berline (1980).
"En fait, cette Saab 99 (1972), c’est un cabriolet Peugeot 204!", s’amuse Philippe Coget. "Elle a passé 30 ans dans une ferme. Je vais la revendre, pour acheter la voiture de mes rêves. Mon grand-père était copropriétaire du garage Peugeot Ciac, à Gand, et, jusque dans les années 1960, il était également importateur pour la Flandre. Ensuite, mon oncle Félix a été co-gérant. Aujourd’hui, c’est mon cousin qui le dirige. Pour séduire ma mère, mon père a dû rouler en Peugeot -ce qu’il a fait, avec une légère réticence."
Philippe Coget est parti s’installer en Wallonie il y a quelques années. "Je fais commerce de voitures d’occasion, mais ma collection est totalement à part." Il profite de l’hiver pour faire de gros travaux. "Mon pick-up Peugeot 404 (1980) n’est pas ici, car il lui faut un nouveau moteur. Ma berline 404 (1967) roule à merveille: c’était la première avec un moteur à injection. La ligne des ailettes et de la calandre illustre l’influence des États-Unis à l’époque. J’en ai aussi une de 1972."
Sa Peugeot 504 GLD (1969) a des pare-chocs chromés et le changement de vitesses au volant, mais pas de servo. "C’est le premier modèle, et il est fort recherché. Le compteur affiche 259.000 kilomètres, mais ce moteur est inusable. Il suffit de lui donner régulièrement de l’eau et de l’huile, et il atteint le million!"
"La 504 a été produite en Europe, de 1968 à 1983. La construction s’est ensuite poursuivie pendant des années en Amérique du Sud et en Afrique. Celle-ci est sortie en 2006 d’une chaîne de montage au Nigéria."
"Mon pick-up Peugeot 504 (1986) est sans doute le seul du pays: il n’était même pas dans l’ordinateur de la Direction pour l’Immatriculation des Véhicules! Je l’ai depuis 2013. Suite à des problèmes de santé, j’avais décidé de lever un peu le pied et je me suis mis à collectionner. Non, je n’ai plus de voitures ayant appartenu à mon grand-père, dommage!"
"Mon pick-up Peugeot 504 est sans doute le seul du pays: il n’était même pas dans l’ordinateur de la Direction pour l’Immatriculation des Véhicules!"
La Peugeot 504 cabriolet (1978), conçue par Pininfarina, est d’une grande beauté. "Elle n’a pas le V6, un moteur complexe que Peugeot a développé en collaboration avec Renault et Volvo. Il est plutôt gourmand: il suffit d’effleurer l’accélérateur pour qu’elle consomme 18 litres et, avec une conduite un peu plus sportive, on grimpe à 23 litres. Il n’y a quasi plus de mécaniciens qui la connaissent et savent l’entretenir. C’est une des premières deux litres à injection mécanique. La combinaison avec le servo est rare. À l’époque, c’était vraiment le top!"
"Un jour, ma fille est tombée en panne avec cette voiture", raconte-t-il. "Il y avait 15 litres d’essence sur la route. Après un an et demi de recherches, j’ai finalement trouvé les bagues d’étanchéité dont j’avais besoin: 5 pour 5 euros." Il disparaît un instant et revient avec un bocal: "Regardez, il m’en reste une. Chez L’Aventure Peugeot Classic, on trouve de grosses pièces, mais pour celles-ci, ce n’est pas une mince affaire...!"
"Le break Peugeot 304 GL (1977) est un des premiers. "Quand la 204 est sortie de la gamme, il restait des milliers d’intérieurs: ils ont été récupérés pour une version bon marché de la nouvelle 304. Ce break était une 204 avec juste une pièce en plus, soudée à l’arrière. Par contre, son moteur est excellent et super simple: un enfant pourrait le réparer!"
"Malgré tout, on ne les voit pratiquement plus, comme la Peugeot 505 GTD familiale (1986): ces deux modèles sont partis en Afrique! Théoriquement, c’est une 8 places, mais ils arrivent à s’y installer à 14, sans compter les bagages! Dans les campagnes du Sénégal et de Côte d’Ivoire, presque tous les taxis sont des 505 familiales, même si ces modèles ne sont plus produits depuis 1992. En fait, ils préfèrent Peugeot à Mercedes, ne serait-ce que parce qu’ils peuvent plus facilement faire fabriquer des pièces de moteur par le maréchal-ferrant du village."
Il possède également une Peugeot 104 (1972) et une 309 (1989). La 204 (1972) et la 304 cabriolet (1972) sont en cours de restauration. La première a un trou dans le plancher. "Une vraie Peugeot!", s’exclame-t-il en riant. Les sièges du cabriolet 205 CJ (1993) sont usés, mais elle est en excellent état. "On me dit souvent: "Oui, mais ce n’est pas le CTI..." Ou bien: "Regarde, ici, il y a une tache de rouille!" Je déteste ça. Je ne peux même pas participer au Zoute Grand Prix."
"Finalement, je n’ai pas besoin de super exécutions ou de voitures parfaites: mon truc, c’est de sauver les voitures qui faisaient partie du paysage urbain des années 70. Tout le monde veut une Porsche ou une MG, mais elles ne sont pas le reflet du quotidien alors qu’il y avait des milliers de Peugeot 304! Et, à l’époque, elles roulaient, même cabossées et rouillées. C’est ça le patrimoine!"