Comparée à la Ford T (1922), la Mercedes 190 SL (1958) est une petite jeune.
Comparée à la Ford T (1922), la Mercedes 190 SL (1958) est une petite jeune.
© Thomas Vanhaute

"Je pense avoir eu 150 oldtimers"

Visite au fil des garages belges. Cette semaine: la "saboterie" de Patrick Dobbelaere.

Il ouvre son garage, plein de voitures et d'objets de collection. "J'y viens presque tous les jours. Quand je suis stressé, ça passe au bout d'une demi-heure!", avoue Patrick Dobbelaere (64 ans). "À quatorze ans, je suis allé travailler dans un abattoir. En 1977, j'ai ouvert une boucherie. J'ai arrêté dix ans plus tard. Ça ne me plaisait pas. J'ai alors acheté ce bâtiment, une saboterie."

Il est propriétaire de magasins et de bâtiments industriels. Et les voitures ont joué un rôle dans le développement de son patrimoine immobilier. "J'en ai bien eu 150", détaille-t-il. "Mon premier ancêtre, une Citroën Traction Avant, je l'ai acheté en 1978. Quand j'avais besoin d'argent pour acheter un bâtiment, j'en vendais une. J'ai acheté une Mercedes 300 SL Roadster pour une bouchée de pain, une voiture superbe! Inutile de dire que j'avais les larmes aux yeux quand je l'ai vendue pour le quadruple de son prix. Grâce à cette voiture, notamment, j'ai fameusement agrandi mon patrimoine."

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La Buick Six Cylinder (1918), à côté de la Ford T (1917).
La Buick Six Cylinder (1918), à côté de la Ford T (1917).
© Thomas Vanhaute

"Voilà mon "petit camion"" déclare-t-il. "La Ford T verte (1917) vient d'un agriculteur qui l'avait achetée en 1939. Il l'utilisait comme charrette derrière son tracteur. En 1940, beaucoup de voitures ont été réquisitionnées par l'occupant et il l'avait cachée dans sa cave à pommes de terre. Elle s'y trouvait toujours à sa mort, dans les années 80. Quand je l'ai appris, je suis allé voir son fils. Cet ancêtre était enfoui sous la crasse, mais elle était sèche et plus ou moins en ordre de marche. Je l'ai achetée au prix de la ferraille: 2.500 francs de l'époque. À trois, on a traîné la voiture hors de la cave et, le soir même, on la faisait rouler! Et puis, je l'ai restaurée. Par la suite, le vendeur a su qu'elle valait beaucoup plus que ce que je l'avais payée. Je la conduis régulièrement. Je la loue aussi parfois pour des tournages de films."

Patrick Dobbelaere
Gestionnaire de son patrimoine.
Voiture de tous les jours: BMW 320d Cabriolet (2013) et Aston Martin Vantage (2012).
La première: Ford Capri (1972).
Vendue avec regret: Une machine à vapeur début XXème."
Le rêve: "L'Aston Martin DB5 de James Bond!"

 

"L'autre Ford T (1922) est mon minibus. Elle a été fabriquée par un forgeron et un menuisier pour transporter des raisins. Elle a un démarreur électrique. Je l'utilise pour des fêtes, j'installe les passagers les plus saouls à l'avant, et les plus forts à l'arrière, comme ça, je n'en perds aucun!"

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© Thomas Vanhaute

Le collectionneur débouche une bouteille de champagne. "Dans un garage, il faut en ouvrir une de temps en temps!" Il est intarissable: "La Mercedes 190 SL (1958) est la plus récente. Quand j'étais gamin, je la voyais passer dans les rues du village. J'ai dit à mon père que quand je serai grand, je voudrais la même. Il m'avait alors répondu que, d'ici là, ce serait de la ferraille! Ça fait 25 ans que je l'ai. J'ai fait restaurer la carrosserie et je vais remplacer l'intérieur."

Il connaît les pièges de l'achat de voitures restaurées. "Avec de la peinture et du mastic, on peut tout cacher! Quand je commence, je vide un box de garage et je "déshabille" la voiture. Ensuite, je fais un deal avec un carrossier pour que la carrosserie doit être prête un mois et demi ou deux mois plus tard. Ensuite, je reconstruis la voiture avec quelques copains. Pour la mécanique, je restaure la plupart de mes voitures moi-même. La mécanique ancienne surtout, ça me connaît. Je restaure aussi des Solex, toujours moi-même."

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Des Solex restaurés par Patrick Dobbelaere.
Des Solex restaurés par Patrick Dobbelaere.
© Thomas Vanhaute

Il nous montre trois Solex restaurés des années 50 ou 60. "Je les ai toujours trouvés superbes. Ça vous dit de les voir avant restauration?" Il nous emmène à l'extérieur, où il en a onze sur une remorque, rouillés et en morceaux. "Mon épouse ne doit pas voir ça! Je viens de les récupérer à Mons. Celui-ci n'a plus de moteur, mais il vaut quand même 1.000 euros -c'est un des premiers à avoir été produits. Vous ne le trouverez presque nulle part. Et la sonnette marche toujours!"

Nous prenons la Buick Six Cylinder (1918) qui roule étonnamment bien. "Celle-ci aussi, je l'ai depuis 25 ans. Le moteur fonctionne avec une lubrification par barbotage." Il me montrer les soupapes d'admission et d'échappement du moteur quatre temps en marche. "C'est beau comme un piano qui joue! Tous les quatre coups, de l'air sale sort par les soupapes -c'est leur fonction. Plus vous remontez dans le temps, plus la technique se simplifie. Les pédales de vélo, ce sont des pistons en fait." Il ferait un super professeur de mécanique.

"Ailleurs, j'ai encore cinq voitures: une Ford T de 1916, un corbillard pour Halloween et des vieux tracteurs, dont un Farmall. J'ai aussi eu des minibus Volkswagen, une Oldsmobile d'avant 1900, une Dodge Brothers, des Porsche et une Ferrari Testarossa. Mais il y a des limites!"


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