"Une fois que je ne serai plus là, tout sera vendu aux enchères. Et je dois dire que cela ne me va pas du tout", avoue Piet Janssen.
"Une fois que je ne serai plus là, tout sera vendu aux enchères. Et je dois dire que cela ne me va pas du tout", avoue Piet Janssen.
© Thomas Vanhaute

"Ma Talbot de 1939 vaut 1,5 million d'euros"

"C'est le fruit de quarante ans de passion!", annonce Piet Janssen (71 ans) en entrant dans le musée privé qu'il a aménagé dans son jardin. "Et cette passion, c'est acheter des épaves, les restaurer et passer à la suivante. Je les conduis rarement: on se retrouve trop souvent en panne et j'ai aussi un peu peur car ces voitures ont beaucoup de valeur."

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© Thomas Vanhaute

Il y en a douze au rez-de-chaussée et trois au sous-sol, en plus de pièces et d'un châssis. "Mes parents m'avaient demandé d'apprendre un métier le plus tôt possible: j'ai donc appris à fabriquer des outils en métal.

En 1975, j'ai lancé mon affaire. Jan Brouwers est devenu mon associé un an plus tard, l'entreprise s'est développée et, quand nous avons eu besoin d'un manager, je le suis devenu. Mais le travail manuel me manquait: quand j'ai vu une photo d'une MG TA restaurée, ça m'a mis le pied à l'étrier. J'ai trouvé cette Austin Healey MK2A (1963) en 1977. J'y ai travaillé tous les soirs et tous les week-ends pendant cinq ans. En 35 ans, elle a fait 4.000 kilomètres."

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Il y a aussi une BN1 (1954), une BN2 (1955), une BN6 (1958) et une BJ8 (1967). "Je sais, pour les voitures, il n'y a rien de pire que de les laisser au garage. Parfois, des copains m'encouragent et on va faire de la route ensemble.

Quand j'ai vendu mon entreprise, il y a vingt ans, j'ai eu plein de temps libre. Au Nederlands Automobielmuseum, Raoul San Giorgi, bras droit du propriétaire Evert Louwman, m'a dit: "Arrête donc les Healey, lance-toi dans un vrai travail!" Je l'ai accompagné en Italie, où il suivait des restaurations d'ancêtres et, depuis lors, je n'en fais plus personnellement. Lors d'un de ces voyages, j'ai découvert l'Alfa Romeo 6C-2500 SS Coupé (1947), un magnifique design de Superleggera Touring."

Une vue d'ensemble de l'exceptionnelle collection, avec à l'avant plan, la Talbot-Lago T120 Baby Sport Cabriolet (1939).
Une vue d'ensemble de l'exceptionnelle collection, avec à l'avant plan, la Talbot-Lago T120 Baby Sport Cabriolet (1939).
© Thomas Vanhaute

Sa pièce maîtresse est une Talbot-Lago T120 Baby Sport Cabriolet de 1939. "Je l'ai vue à l'InterClassics Maastricht en 2004. Je venais la regarder tous les jours et, finalement, le dernier jour, je l'ai achetée. Elle avait tout, même le porte-clés d'origine de son premier propriétaire, un Américain, avec son adresse.

Talbot produisait moins de cinquante voitures par an. Quand sa restauration a été terminée, sept ans plus tard, Classic Skills l'a livrée accompagnée d'un livre. Cette voiture avait été évaluée à 625.000 euros; aujourd'hui, elle en vaut 1,5 million. Le fait qu'elle ait été 'Best of Show' aux concours d'élégance Schloss Dyck et Castello di Miramare à Trieste n'y est sans doute pas étranger."

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Avions Voisin C23 Cabriolet Graber (1932).
Avions Voisin C23 Cabriolet Graber (1932).
© Thomas Vanhaute

Le passionné a aussi une Avions Voisin C11 Coupé Châtelaine (1927) -avec un cachet Art déco magnifique- et une C23 Cabriolet Graber (1932). "Gabriel Voisin était un avionneur qui trouvait que tout devait être fonctionnel. Pour acheter ma C11, j'ai vendu deux Jaguar Type E de la même année et de la même couleur, une décapotable et une berline. Mais celle-ci a une plus grande valeur muséale: personne n'en a jamais entendu parler."

Piet Janssen
Ancien gérant de Jabro Tools.
Voiture de tous les jours: Jaguar XJ 5.0 (2013) et Aston Martin Vantage (2007).
La première: Citroën 2CV (1959). "Je voudrais encore l'avoir."
La meilleure: Daimler V8 (1999).
Vendue avec regret: Lamborghini 400 GT (1967).

À l'extérieur se trouvent cinq voitures en cours de restauration. "Je préfère acheter des voitures qui ont une carrosserie unique, comme la Lancia Astura Touring Cabriolet (1933) que j'ai achetée en Italie pour 70.000 euros." On voit aussi des Astura Pininfarina, des célèbres collections Malmerspach et Rosso Bianco, en cours de restauration.

"Je ne demande pas de devis à l'avance, car c'est un travail de longue haleine. Si on n'en est pas capable, inutile de commencer. Et c'est impossible de déterminer avec précision la valeur finale de ces voitures car elles sont uniques."

"Je ne sais pas si je m'amuse plus qu'un propriétaire de Volvo Amazon, mais j'adore ça! Je peux passer des heures à regarder ma Ferrari 250 Europa (1953). Pour moi, c'est de l'art. Il y en a seize comme elle, pas une plus. Pour le moment, elle est chez le garnisseur. Mes deux fils vivent en Espagne. Quand ils sont ici, ils ne viennent même pas les regarder. Ma fille s'y intéresse davantage. Une fois que je ne serai plus là, tout sera vendu aux enchères.

Et je dois dire que cela ne me va pas du tout."

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