Visite au fil des garages belges. Cette semaine: les bolides de Johan Claeys.
Dans son garage, des outils bien rangés ainsi que d'innombrables coupures de presse, de drapeaux et de photographies témoignent de 45 ans d'amour de l'automobile. "Pendant des années, j'ai participé à la Carglass Cup et, plus tard, au Belcar", témoigne Johan Claeys. "Pas en tant que pilote, mais comme support technique - ces dernières années, au sein de l'équipe LVC Motorsport. On ne fait pas ça pour l'argent, mais pour l'honneur et la gloire; autrement dit, pour les coupes! Je faisais ça avec mon frère, qui est décédé il y a 11 ans dans un accident de moto. J'ai perdu un frère, mais aussi un bon copain."
Johan Claeys
Technical department manager retraité chez Kellogg Company
Voiture de tous les jours: Jaguar XF (2011), Audi A3 2.0 TDI S-Line Cabriolet (2010).
La première: Honda S800 Cabriolet (1967). "On ne la trouve plus: à l'époque, personne ne voulait de japonaise."
La meilleure: les Porsche.
Le rêve: Ferrari F430.
"Quand nous avions 13 ans, nous aimions tout ce qui faisait du bruit. Nos parents étaient maraîchers. Tous les jours, avant et après l'école, nous devions donner un coup de main dans les champs de tomates et d'asperges. Le fait que nous n'ayons pas repris l'entreprise a été une grande désillusion pour mon père, mais nous ne pouvions plus voir les tomates en peinture... Dans le quartier, nous nous faisions aussi un peu d'argent de poche.
Par exemple, nous labourions la terre en tracteur pour deux propriétaires. En échange, nous avons reçu un cyclomoteur qui ne roulait plus depuis des années. Il nous a dit: "Si vous parvenez à le faire fonctionner, vous pourrez tous les avoir!" Il y en avait six ou sept. Nous avons ensuite acheté une voiture à restaurer: mon frère, une Triumph Spitfire, et moi, une Honda S800 Cabriolet à moins de 200 euros."
"J'ai étudié la mécanique automobile et j'ai été engagé chez le constructeur d'autobus Van Hool. Pour acheter des voitures, je faisais des petits boulots à côté." Il en achète presque une par an, ainsi qu'en témoigne l'album qu'il a réalisé: au fil des pages, nous découvrons une Mini Cooper John Player Special, une BMW 2002 Ti, des Porsche 914 et 924, des Triumph Spitfire TR3 et TR7, une BMW Isetta, une MGA Coupé, une Volkswagen Scirocco GTI, une Ford Escort XR3, des Mercedes Bar 8 et 280 SL.
"J'ai gardé longtemps la Morgan 4/4 1600 du début des années 80. Elle avait le moteur Fiat, celui qui se trouvait dans les voitures de rallye Abarth. J'ai également visité l'usine en Angleterre. Dans mon souvenir, il n'y avait là que des octogénaires, qui travaillaient avec une pipe calée au coin de la bouche. Rien n'était fait automatiquement, mais c'était une bonne voiture. Regardez, j'avais installé un siège enfant pour mon fils! Évidemment, quand Tim a eu quatre ans, il est devenu trop petit..."
Peu après, la première de toute une série de Porsche 911 est arrivée, la Carrera GTS Cabriolet (2012) étant la plus récente. "Quand j'étais jeune, il y avait près de chez nous un célibataire qui possédait une Targa toute neuve. Le bruit du moteur boxer, c'était comme un battement de coeur!
Plus tard, j'ai acheté pour moins de 20.000 euros un des derniers exemplaires (1979) de la gendarmerie, en excellent état -ils avaient leur garage pour les réparations. Je n'aurais jamais dû la banaliser, surtout quand on voit ce qu'il faut débourser pour ces voitures aujourd'hui, mais à l'époque, on n'avait pas le droit de les conduire. Il a aussi fallu retirer la bande. La 911 T 2.2 Targa jaune (1969) a été la dernière voiture que j'ai restaurée avec mon frère. Hélas, je l'ai vendue il y a huit ans: aujourd'hui elle vaut le triple."
Il nous montre que Tim l'aidait déjà quand il avait 11 ans. "Il en a 27 et vient régulièrement chercher une voiture. À la moindre griffe, il est malheureux. Un bon état d'esprit! Il conduit souvent la Carrera 2 Cabriolet de son année de naissance, 1992 dont nous venons de remplacer l'embrayage. J'ai acheté la 911 Coupé (1987) en 2011.
Autrefois, cette voiture restait surtout à l'intérieur: aujourd'hui, elle n'affiche que 139.000 kilomètres au compteur. Avec elle, je viens de participer pour la troisième fois à la Coppa d'Europa. On parcourt 400 à 600 kilomètres par jour pendant cinq jours, de l'aube à 20h ou 21h. J'ai le même copilote depuis treize ans. Nous revenons toujours avec une coupe. Nous avons atteint la 4ème place sur 112. En 2008, nous avons gagné le Belgian Classic Tour."
"On ne va pas chez le boulanger en Ferrari 328 GTS (1989)!" s'amuse-t-il "C'était mon rêve d'enfant, mais je relativise. Oui, elle est bien plus belle, mais ne soutient pas la comparaison avec une Porsche. La Ferrari est meilleure en première et deuxième vitesse, mais dès qu'il y a un virage, il faut s'accrocher! Elle ne parcourt que 2.000 kilomètres par an, pourtant elle est plus sujette aux pannes. J'assure l'entretien et les réparations principalement moi-même. Je vais chercher les pièces dans un garage Ferrari. Récemment, j'avais besoin d'une courroie: les pièces et le tarif horaire sont vraiment hors de prix."
"Une Ferrari pour tous les jours, ça ne va pas: on se demande toujours si on ne va pas rester coincé sur un casse-vitesse." Pourtant, il rêve d'une F430. "Les voitures de sport italiennes se sont nettement améliorées. Comme beaucoup, j'espère qu'une redevance kilométrique remplacera la TMC et la taxe de circulation. Pour les amateurs qui ne roulent pas beaucoup, ça permettrait d'économiser des milliers d'euros!"