Sa collection de voitures exceptionnelles est scrutée par la presse internationale, mais son identité reste secrète. Bert Woodman, Bert Dubois ou Bert Houtmann, ce passionné joue depuis quelques années au chat et à la souris pour entretenir le mystère. Exceptionnellement, il a ouvert les portes de son garage à Sabato.
La première: Volkswagen Golf Diesel (1981).
Le belge Bert Hautmann insiste sur son anonymat, et nous le lui accordons à titre exceptionnel. Son garage abrite certaines des voitures les plus remarquables que nous ayons vues, dont une Porsche 356 C Cabriolet gris souris (1964) avec intérieur en cuir rouge, un modèle déjà très prisé en soi, mais qui l’est encore plus dans sa première peinture d’origine. En plus, il entièrement documenté, ce qui le rend peut-être unique.
"Je l’ai achetée en 2008 à un collectionneur américain”, explique Houtmann. “Il l’avait achetée quelques années auparavant, après le décès de son premier propriétaire, un pilote. Comme vous le savez, les pilotes tiennent un journal de bord, ce qu’il a fait pour cette voiture! Chaque trajet, chaque nettoyage, chaque plein de carburant, chaque intervention a été noté.”
Et il nous montre le carnet dans lequel tout a été consigné, jusqu’à ce que le journal de bord s’arrête en 2005, au bout de 41 ans. Le compteur indique 99.000 miles. Il y a quelques impacts de gravillons et le cuir a une belle patine, surtout à la place du conducteur: le premier propriétaire était célibataire.
“L’originalité et les histoires qui l’entourent sont devenues, pour moi, aussi importantes que la voiture proprement dite. Les voitures fraîchement restaurées n’ont pas d’âme: le plus beau, ce sont les traces de vie. Mes voitures doivent être techniquement parfaites, mais il est sacrilège d’enlever leur âme.”
Il possède également une 911 unique (1972). “À l’époque où Porsche était encore un 'petit' constructeur, cet exemplaire a été construit en exclusivité pour un ami personnel de Ferdinand Porsche, avec des pièces destinées à la RS, la 911 ultime, qui a été mise sur le marché un an plus tard. Je ne la qualifierais pas de prototype: c’est une pièce unique.”
La voiture est dotée d’une double calandre très particulière. Des lettres manuscrites de Porsche confirment ses dimensions qui ne correspondent pas aux standards. “Le premier propriétaire s’est crashé sur le Nürburgring. Je l’ai acheté à son meilleur ami.”
“Malheureusement, de nombreuses voitures sont tombées entre les mains de spéculateurs”, déplore Houtmann. “Ces gens, qui avaient beaucoup d’argent, mais qui faisaient peu de cas des voitures, ont fait tellement monter les prix que les voitures de collection sont devenues inabordables pour les passionnés."
"Maintenant que le marché stagne, de nombreux spéculateurs sont déçus et revendent. Les passionnés, eux, sont restés. Mais j’en ai aussi profité: en vendant des voitures pendant cette bulle spéculative, j’ai pu acheter des icônes dont j’étais fou lorsque j’étais enfant, et que, sinon, je n’aurais jamais pu me permettre.”
Il considère sa BMW 3.0 CSL (1974) comme une voiture ‘récréative’. “La "Batmobile" était une routière légère, résultat de la participation de BMW à l’European Touring Car Championship. 167 exemplaires d’origine ont été construits, en deux séries. Celle-ci est l’une des 110 de la première série.” La M1 (1980) a été la première voiture de sport de BMW. “J’ai pu l’acheter à la veuve de son premier propriétaire, avec qui j’ai gardé de bons contacts.”
L’Audi Sport Quattro (1985) est également une véritable voiture de connaisseur. “Elle a été construite à 214 exemplaires, comme véhicule d’homologation pour le Championnat du monde des rallyes, où elle a dominé. Elle n’est pas belle, mais le moteur turbo cinq cylindres de 306 ch me donne un kick incroyable.”
Le moment d’une ode à la lenteur est venu. “Je roule en Land Rover depuis longtemps. Ma série 3 V8 (1985) avec dix sièges est géniale, comme ma Mercedes-Benz G200 Cabriolet (1987): cette version 200, la ‘Gelände’ n’a été construite que pour le marché italien.”