Depuis toujours, Mademoiselle Chanel est fascinée par les États-Unis et, après une première visite en 1931, elle se rend à Dallas à l’invitation de Stanley Marcus, pour y recevoir l’équivalent des Oscars pour la mode.
Depuis toujours, Mademoiselle Chanel est fascinée par les États-Unis et, après une première visite en 1931, elle se rend à Dallas à l’invitation de Stanley Marcus, pour y recevoir l’équivalent des Oscars pour la mode.
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1957, le quart d'heure américain de Coco Chanel

"Avec 'Les Exclusifs', nous voulons créer des parfums qui ne plaisent pas à tout le monde", explique le nez de Chanel, Olivier Polge. Vous êtes ainsi prévenus. Le dernier en date capte notamment l'amour de Coco Chanel pour l'Amérique et réciproquement.

Peu de maisons de mode françaises entretiennent des relations aussi étroites avec les États-Unis que Chanel. Dès son lancement, en 1912, les Américains ne tarissent pas d'éloges sur les créations de la très libre créatrice de mode et femme d'affaires Gabrielle Chanel.

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Coco Chanel in 1927.
Coco Chanel in 1927.
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Ses chapeaux et ses silhouettes 'Deauville' en jersey sont les chouchous des clientes des grands department stores de New York. En 1926, son iconique 'petite robe noire' est encensée par les magazines américains Vogue, Harper's Bazaar et Vanity Fair. Et quand Marilyn Monroe déclare que, pour dormir, elle ne porte que quelques gouttes de N°5, le parfum devient un succès instantanément. Dès lors, il n'est pas étonnant que Hollywood fasse appel la créatrice: en 1931, à la demande du producteur Samuel Goldwyn, Coco Chanel part pour Los Angeles pour habiller les actrices de la MGM, dont la grande Gloria Swanson qui deviendra une de ses grandes amies.

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En Amérique, Coco Chanel devient l'incarnation de "l'élégance française" et de "la mode qu'il faut absolument suivre". En 1959, le Museum of Modern Art de New York expose le flacon du parfum N°5, auquel l'artiste Andy Warhol donnera sa propre interprétation, en exemple de l'élégance minimaliste. Deux ans plus tôt, en 1957 donc, Coco Chanel (74 ans à l'époque) recevait le 'Neiman Marcus Award for Distinguished Service in the Field of Fashion', l'équivalent de l'Oscar pour la Mode.

Cette fascination est réciproque: depuis toujours, Mademoiselle Chanel est enthousiasmée par les États-Unis, car son père rêvait de s'y installer avec sa famille. Un projet qui ne se concrétise pas. Pourtant, lors de sa première visite à Los Angeles, la créatrice en profite pour passer par San Francisco et Chicago avant d'atteindre New York, où elle est accueillie fastueusement. Ce voyage dure un mois et la presse américaine en profite pour tenter de percer le secret de Coco Chanel, la femme d'affaires en avance sur son temps et qu'il semble impossible d'arrêter.

Du New York Times à Vogue en passant par le New Yorker, Chanel est partout et enchaîne les interviews. "J'admire et j'aime l'Amérique. C'est en Amérique que je suis devenue riche", déclare-t-elle.

Cet amour de l'Amérique est aujourd'hui capturé dans une eau de parfum de la série Les exclusifs de Chanel, l'eau de parfum 1957, nommée ainsi d'après l'année où Coco Chanel a reçu le Marcus Award aux États-Unis. Maïs c'est aussi la combinaison du 19 (jour de son anniversaire) et du 57 (rue de New York où se trouve la plus grande boutique Chanel des États-Unis).

Ingrédients plus rares

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Olivier Polge, nez de la maison Chanel, a consacré un semestre à la création du nouveau 1957.
"Bien-sûr que le processus de création de parful est subjectif. Il n'y a pas de règles."
Olivier Polge, nez de la maison Chanel, a consacré un semestre à la création du nouveau 1957. "Bien-sûr que le processus de création de parful est subjectif. Il n'y a pas de règles."
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Si le nom d'Olivier Polge ne vous dit rien, il y a pourtant de fortes chances que vous le portiez chaque jour. Depuis sa nomination, en 2013, le Français a non seulement créé quatre nouveaux parfums pour Chanel, mais il a également été à l'origine de succès pour d'autres -Flowerbomb (Viktor & Rolf) et Florabotanica (Balenciaga).

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Aujourd'hui, après les parfums Boy Chanel et Misia, il présente son troisième jus dans la collection Les Exclusifs, une ligne créée en 2007 et dont chacune des seize fragrances évoque un chapitre de la vie de Coco Chanel, dont la dernière porte le nom de 1957.

"Avec Les Exclusifs, nous souhaitons créer des parfums qui ne plaisent pas à tout le monde", explique Polge. "Ce sont des fragrances destinées à ceux qui ne veulent pas sentir leur parfum sur quelqu'un d'autre. Elles sont également différentes sur le plan technique: nous utilisons des ingrédients plus rares, ce qui nous permet de créer des senteurs plus originales."

Je rencontre le nez au siège parisien de Chanel, où pratiquement toutes les collaboratrices portent du Chanel. C'est un défilé de sacs iconiques, de bottines noires et blanches, de broches Camélia et de beaucoup de noir, la couleur préférée de Mademoiselle Chanel. Dans une petite pièce, Olivier Polge me fait sentir un à un tous les composants choisis pour 1957. Il manipule les petits flacons comme s'il s'agissait de précieux trésors venus d'un monde enchanté.

La création d'un parfum a quelque chose de magique et, comme la musique, le parfum est immatériel: il flotte, insaisissable, tout en étant indéniablement présent.

Pour 1957, le nez a choisi une base de huit notes musquées différentes. "Quand on compose une collection comme Les Exclusifs, il est recommandé d'avoir suffisamment de variété dans les senteurs. Nous n'avions pas encore créé de parfum comme celui-ci.

Sa composition fait référence à l'Amérique, où le musc est souvent utilisé." Cette conversation nous mène à Gabrielle Chanel, qui était une grande adepte du terme "sent-bon". "Oui, c'est un mot qu'elle aimait utiliser quand elle parlait de parfums. Il renvoie au plaisir qu'un parfum peut procurer, mais aussi à sa prédilection pour les notes "propres". C'est exactement cet effet que je voulais obtenir."

Musc, coriandre et vanille

La création d'un parfum est un processus laborieux, un jeu constant d'ajout et de retrait de composants; pour 1957, ce sont le musc, le poivre rose, la coriandre, le cèdre, la vanille et quelques notes florales. Olivier Polge y a travaillé pendant un semestre. Comment sait-il qu'un parfum est terminé? Ma question le fait rire. "C'est mon intuition qui me le dit. Peu à peu, je me rends compte qu'une fragrance est exactement comme elle doit être. Quand se produit cet instant magique, j'attends quelques jours, le temps de voir si je ne change pas d'avis. Bien sûr que ce processus est subjectif, il n'y a pas de règles."

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Les parfums Chanel sont vendus dans le monde entier. N'est-il pas difficile de créer un parfum qui fonctionne sur tous les marchés? "Certainement", répond-il. "Nous savons que certains parfums ont plus de succès dans certains pays, mais c'est impossible à prévoir. Je ne suis pas assez intelligent pour ça! (rires) La réaction me surprend toujours et c'est heureux."

Selon le nez de la maison Chanel, les clients d'aujourd'hui n'attendent plus du tout la même chose d'un parfum. "Quand le Chanel N°5 a été lancé, les gens se parfumaient encore à l'ancienne: ils utilisaient le bouchon en verre du flacon pour appliquer le parfum en gouttelettes sur la peau, c'est pourquoi la composition des parfums était très riche. Aujourd'hui, comme tout le monde préfère un vaporisateur, le parfum doit être composé différemment. Dans l'univers de la parfumerie, les modes sont en constante évolution, et je dois également en tenir compte."

En ce qui concerne sa carrière, Olivier Polge n'a pas choisi la voie la plus facile: non seulement il est devenu nez comme son père Jacques, qui a été le parfumeur de la maison Chanel pendant plus de trente ans et a créé des parfums aussi légendaires que Egoïste et Coco Mademoiselle, mais il travaille lui aussi pour cette maison depuis 2013. Qu'a-t-il appris de son légendaire père? La réponse est surprenante. "Pour être honnête, il ne m'a pas appris le métier parce que je ne suis jamais allé en apprentissage chez lui. Par contre, il m'a inculqué tout le reste. Une certaine sensibilité, pour ainsi dire."

In bed with Marilyn

Bien-sûr que le processus de création de parful est subjectif. Il n'y a pas de règles.

Olivier Polge avoue également n'avoir jamais rêvé de devenir parfumeur. "J'ai étudié l'histoire de l'art", explique-t-il. "Mais, à un moment donné, j'ai eu envie de suivre les traces de mon père. Il a eu la sagesse de m'envoyer dans des lieux où j'ai pu apprendre le métier, grâce à d'autres personnes. Mais il m'a aussi beaucoup appris. Ce n'est pas facile à exprimer avec des mots."

Une des créations les plus remarquables d'Olivier Polge pour Chanel est N°5 L'eau, une adaptation du plus célèbre parfum du monde qu'il a réalisée en 2016. "Le N°5 a un pouvoir énorme. C'était le premier parfum à utiliser des aldéhydes, autrement dit des composés organiques, au lieu des parfums naturels.

De plus, le N°5 a été le premier parfum de couturier. Il est aussi très floral, ce qui était également nouveau à l'époque. Mais c'est quand Marilyn Monroe a déclaré qu'elle portait juste quelques gouttes de Chanel N°5 pour dormir que le mythe est vraiment né. Elle nous a bien aidés!" (rires)

Le parfumeur a-t-il lu 'Le parfum' de Patrick Süskind? Il acquiesce avec enthousiasme. "L'auteur explique de manière très extrême l'effet d'un parfum: il agit sur l'autre. C'est un jeu très intime qui se déploie: quand on choisit un parfum, il devient une partie de sa personnalité, à l'instar de sa façon de parler. Mais ma réalité quotidienne est bien différente de celle qui est décrite dans le livre!"

A-t-il une odeur préférée entre toutes? "C'est une question très difficile!" Il se tait. Et réfléchit. "Ce qui m'inspire, c'est le parfum de l'iris et du jasmin. Les senteurs boisées aussi, et la bergamote. Quant aux odeurs quotidiennes, je dirais le bois qui brûle."

Le parfum Les Exclusifs de Chanel 1957 est désormais disponible dans les boutiques de mode Chanel, dans la boutique de haute parfumerie Chanel de la place Vendôme à Paris ainsi que sur www.chanel.com. 175 euros pour 75 ml, 320 euros pour 200 ml.



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