Les soeurs Nadia Narain et Katia Narain Phillips ont une mission: mettre de l'ordre dans la tête et la vie des gens. L'une est professeur de yoga et l'autre fait de la cuisine équilibrée.
Les soeurs Nadia Narain et Katia Narain Phillips ont une mission: mettre de l'ordre dans la tête et la vie des gens. L'une est professeur de yoga et l'autre fait de la cuisine équilibrée.
© Jonny Cochrane & Morgane Lay

Deux soeurs mettent de l'ordre dans la vie des people, dans la votre aussi?

"Levez-vous dix minutes avant les autres." "Faites votre lit tous les matins." "Enlevez vos vêtements de travail dès que vous rentrez à la maison". Ce que Marie Kondo annonçait pour la maison (ranger rend heureux), les soeurs britanniques Nadia Narain et Katia Narain Phillips le promettent pour l'esprit, et la vie. Le top model Kate Moss a déjà acheté... 22 exemplaires de leur livre.

C'était l'une des nouvelles les plus surprenantes de l'année dernière dans la rubrique célébrités: Kate Moss, reine incontestée de la night depuis 25 ans, avait trouvé la paix. "Je suis devenue une fille exemplaire", expliquait-elle. Ce qu'elle doit non seulement à elle-même, mais aussi à Nadia Narain (46 ans), son professeur de yoga.

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© Jonny Cochrane & Morgane Lay

C'est elle qui a convaincu Miss Moss d'adopter un mode de vie plus sain, en suivant les règles de l'art: avec sa soeur de trois ans sa cadette, Katia Narain Phillips (43 ans), masseuse et chef dédiée à l'alimentation saine, Nadia, a écrit un guide à l'attention de ceux qui désirent se sentir bien dans leur peau: 'Rituals for Every Day'. Une suite à 'Self-Care for the Real World', le guide ultime pour prendre soin de soi paru un an plus tôt, qui a réalisé des ventes record. Kate Moss en a d'ailleurs acheté 22 exemplaires. Un pour elle, et 21 à offrir à ses amis.

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Katia habite une maison du nord de Londres où règne une ambiance conviviale. La table en bois du salon apporte une touche chaleureuse à l'intérieur, le parfum des géraniums embaume l'espace envahi de plantes et de livres. Les soeurs, toutes deux lovées dans un pull en cachemire, savourent une tisane japonaise -"une entorse à mon thé anglais du petit déjeuner, avec un nuage de lait d'avoine, parce qu'il n'y a plus de lait", s'excuse Nadia.

"J'ai rencontré Kate lorsque nous avions 18 ou 19 ans", poursuit Nadia, qui a également travaillé comme mannequin dans les années 1990 -"pour des catalogues, pas à un top niveau!". "Katia et moi avons grandi à Hong Kong. Quand Kate était là, je lui faisais découvrir la ville. Comme elle avait fait les campagnes de Calvin Klein, elle était déjà connue, mais sa notoriété n'était pas encore à son apogée."

C'est, du reste, à Nadia que revient en partie le succès des Ugg: c'est elle qui a initié Kate Moss à ces confortables bottes en peau de mouton, lançant ainsi la tendance. "Après Hong Kong, nous ne nous sommes plus vues pendant longtemps. Et puis, il y a quelques années, j'étais allée un donner un cours privé de yoga et il y avait Kate. "Hey, je te connais!", s'est-elle exclamée en me voyant. Ce fut le début d'une véritable amitié."

Bouche à oreille

Pour les soeurs, parfois qualifiées de 'Marie Kondo of the mind' (une référence à la gourou japonaise du rangement devenue auteur à succès en un temps record, NDLR), ce n'était pas seulement le début d'une nouvelle amitié: la mannequin britannique était aussi une nouvelle cliente célèbre parmi d'autres dont Reese Witherspoon, Sienna Miller ou Rachel Weisz. "C'est grâce au bouche à oreille", précise Katia, la plus silencieuse des deux. "Dans ces cercles, les recommandations circulent rapidement."

Depuis trois mois, Katia prépare tous les jours trois repas et snacks santé à emporter pour une cliente qui lui envoie son chauffeur tous les matins. Nadia enseigne depuis près de vingt ans dans les célèbres studios Triyoga de Londres, fréquentés par les plus grandes stars. "J'ai rencontré Reese Witherspoon par l'intermédiaire d'un ami commun, lorsqu'elle est arrivée à Londres pour la première fois, à 22 ou 23 ans. Nous nous retrouvons chaque fois qu'elle est de passage à Londres."

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Les soeurs sont-elles toujours autant impressionnées par leur célèbre clientèle? "De temps en temps, je reçois un coup de fil et je me dis: wow, je fais sans doute vraiment bien mon truc pour que cette personne fasse l'effort de me contacter", sourit Nadia. "Quand je rencontre ces personnes pour la première fois, au bout de quelques minutes, elles sont juste quelqu'un à qui je donne cours.

Les gens en ont assez d'entendre une personne de 20 ou 30 ans leur dire comment il faut vivre. Notre âge est un avantage.

Elles vous font confiance, vous confient des choses, et c'est là que vous réalisez que chacun a ses soucis. Quand une femme célèbre rompt avec son mari, elle ressent la même douleur que nous. Ce n'est pas plus facile pour elle, vous savez."
Nadia reste un instant silencieuse, rit, puis s'exclame: "Mais elles trouveront sans doute un nouveau chéri plus vite que vous et moi!"

Nouveau tabagisme

Bien qu'elle ait assisté aux cours de Nadia quand elle vivait à Londres, Gwyneth Paltrow, qui a un faible pour tout ce qui a trait au bien-être, ne fait pas partie de leur clientèle. Les soeurs ont également été invitées à la récente inauguration du Goop de Londres, un magasin de bien-être de la licence de l'Américaine, mais elles n'y sont pas allées.

Les articles qui y sont vendus -répulsifs pour vampires et oeufs vaginaux en quartz rose-, sont pour elles "hors budget", déclarent-elles, "Et nous n'avons pas encore vu son site". Cette indifférence pourrait être liée à un incident qui, selon les insiders, se serait déroulé lors d'une fête organisée par une connaissance commune où les deux stars auraient eu des mots.

Mais qu'est-ce que les soeurs Narain ont de plus dans le petit monde du bien-être mental et physique, un marché qui compte de nombreux acteurs? Qu'est-ce qui attire tant ces femmes célèbres?

"Je pense que c'est parce que nous appelons un chat un chat", répond Katia. Elle a raison. Malgré leur minceur, leurs cheveux parfaitement soyeux et leur peau lisse, et bien qu'elles ne boivent pas une goutte d'alcool et recommandent d'aller dormir à 22 h 30 au plus tard, elles parlent et écrivent comme des femmes ordinaires. Elles prennent un ton désolé, avant de déclarer: "Je sais que ça paraît ennuyeux quand on le formule explicitement, mais..."

Elles n'ont pas peur des analogies, laissant supposer qu'elles menaient une vie assez débridée dans leurs jeunes années. Comme Nadia qui évoquait récemment ses huit jours de cure de désintoxication numérique: "Consulter son iPhone, c'est comme fumer des cigarettes: on en allume une pour être social, mais le paquet est vide avant même qu'on ait le temps de dire ouf. "

Prendre soin de soi

Le principe du soin de soi, le thème de leur premier livre et l'un des concepts les plus tendance de ces dernières années, est peu contestable: il implique tout simplement d'être bienveillant envers soi-même et de prendre le temps de faire des choses qui nous font du bien plutôt que de faire défiler constamment Instagram."

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Nadia et katia sont les 'Marie Kondo of the mind'.
Nadia et katia sont les 'Marie Kondo of the mind'.
© Jonny Cochrane & Morgane Lay

Leur nouveau livre met l'accent sur des rituels comme: faire son lit le matin, se lever dix minutes avant les autres pour boire tranquillement une tasse de thé dans une lumière tamisée et sans smartphone à proximité... Rien que des choses très évidentes.

"Nous avons tous nos rituels", explique Katia. "Dans le livre, nous donnons des conseils sur la meilleure façon de les accomplir. Il s'agit d'être attentif à ce qui se passe dans son environnement, de faire une pause, puis de reprendre son activité." Son rituel favori: enlever sa tenue de la journée pour enfiler des vêtements confortables dès qu'elle rentre à la maison après avoir récupéré ses fils de neuf et onze ans à l'école. "Un rituel qui inverse le flux d'énergie de ma journée et met un point final au chapitre "travail"."

Même si on porte un regard assez critique sur les premières pages, il faut bien reconnaître qu'il s'agit d'un livre sympa et amusant, fourmillant d'exercices et de rituels simples et accessibles, permettant de relever certains défis tels que postuler, fréquenter des personnes difficiles, accepter ses propres lacunes, commencer la nouvelle année avec la bonne attitude. On y trouve également des recettes de tisanes et de sels de bain relaxants. Un peu comme une mère qui vous dit de manger davantage de légumes: vous le savez, mais il suffit qu'elle vous le dise pour que vous en mangiez plus.

Elles frémissent lorsqu'elles entendent le mot 'gourou'. "Ce terme est utilisé à toutes les sauces", déclare Nadia. "Mon gourou du yoga a plus de septante ans et je prends des leçons avec elle depuis l'âge de dix-huit ans. Notre livre n'est qu'un recueil de choses que nous avons faites ces dernières années et qui, pour nous, font la différence. Si ça change quelque chose pour vous également, c'est génial. Et si ça ne marche pas, c'est bien aussi."

Les temps changent

Le vent contraire qui a récemment soufflé sur les expertes du bien-être -glamour, photogéniques et auto-proclamées- ne touche pas les soeurs. "Récemment, nous parlions avec quelqu'un qui a travaillé avec pas mal de ces filles. Elle nous disait que les gens en ont assez d'entendre une personne de 20 ou 30 ans leur dire comment il faut vivre", explique Katia. "Notre âge est un avantage..." Après quoi elles soulignent encore une fois qu'elles n'appartiennent pas à cette catégorie. "Nous faisons cela depuis vingt ans", ajoute Nadia. "Quand j'ai commencé le yoga, personne dans mon cercle d'amis ne venait assister aux cours. Aujourd'hui, toutes mes amies sont là. Les temps changent, tout simplement."

Néanmoins, il semble qu'il s'agisse encore d'une activité réservée à un petit club select de femmes. Les soeurs contestent. "Pour nous, il n'est pas question de smoothies ni de leggings hors de prix. Nos rituels consistent à faire des pauses au bon moment et à trouver des petites actions à entreprendre. C'est plus une question de temps que d'argent."

Nos rituels consistent à faire des pauses au bon moment et à trouver des petites actions à entreprendre. C'est beaucoup plus une question de temps que d'argent.

Katia et Nadia ont grandi à Hong Kong. Leur mère sud-africaine est danseuse de ballet et professeur de pilates. Leur père indien est actif dans l'univers de la mode. Ce mix leur a valu une jeunesse mouvementée. "Nos parents avaient toujours la gueule de bois!", se souvient Nadia en riant.

"Ils nous demandaient constamment de ne pas parler aussi fort. Tout ce qu'on faisait les irritait. Ce n'est que lorsque vous commencez vous-même à boire que vous comprenez ce qu'est une gueule de bois. Enfants, nous pensions tout simplement que nous faisions tout de travers."

Leurs parents se séparent et, dès qu'elles en ont l'occasion, les soeurs quittent le foyer parental. Nadia a seize ans lorsqu'elle fait le tour du monde en tant que mannequin. Elle vit à New York et Los Angeles, et découvre le yoga.

Peu après, Katia part, elle aussi, étudie la photographie à Boston, suit une formation de masseuse et travaille finalement comme chef.
Jusqu'à la fin de la vingtaine, elles vivent dans un monde flou d'alcool et de drogues, jusqu'à ce qu'elles y mettent fin grâce à une thérapie alternative que leur éducation orientale leur avait permis de connaître.

Bien qu'elles soient toutes deux actives dans des univers professionnels qui ont de nombreux points communs, elles vivent alors chacune leur propre vie. Ce n'est qu'après la mort de leur père, il y a douze ans, qu'elles deviennent inséparables, après six longues semaines passées ensemble à son chevet dans un hôpital en Inde. C'est alors qu'elles réalisent qu'en fait, elles partagent beaucoup de choses et peuvent se compléter professionnellement.

Zéro prise de tête

© rv

Durant cette période, elles vivent toutes les deux à Londres et commencent à travailler ensemble. Katia se met aux fourneaux pendant les séminaires de yoga organisés par Nadia. La suite logique: écrire des livres ensemble, même si cela conduit fréquemment à d'innocentes chamailleries entre les deux soeurs. Comment ressentent-elles leur collaboration? "Elle m'appelle toutes les heures", grommelle Nadia. "Oui, parce qu'elle ne répond pas assez vite à mes mails", rétorque Katia.

Leur attitude, zéro prise de tête, est charmante. Katia parle de ses moments avec ses fils avant qu'ils s'endorment, comme une forme de méditation, et reconnaît que les sushis faits maison qu'elle met dans leur boîte à tartines pour l'école ne sont pas un succès. "Ils se plaignent souvent. L'un d'eux m'a demandé si je ne pouvais vraiment pas préparer de la nourriture pour enfant "normale", comme des pâtes."

Quant à leur surnom, "Marie Kondo of the mind", elles le considèrent comme un très beau compliment. "Nous trouvons Marie Kondo fantastique et essayons de garder notre maison aussi ordonnée que possible. En effet, nous sommes convaincues que cela a un effet sur notre bien-être", explique Katia. Puis, en souriant: "Oui, mais n'essayez tout de même pas d'ouvrir l'armoire qui se trouve derrière vous, s'il vous plaît..." On n'y touchera pas, promis!

"Self-Care for the Real World" de Nadia Narain et Katia Narain Phillips, 17,99 euros aux éditions Spectrum. "Rituals for Every Day" sortira chez Spectrum en avril 2019.


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