Selon la dernière tendance en matière de fitness, un entraînement de 4 secondes suffirait à éliminer du gras, étude scientifique à l'appui. Notre journaliste a voulu s'y coller.
Enfin du fitness à mon niveau ou une grande désillusion? Voilà la question à laquelle devait répondre cette enquête personnelle à propos de la dernière tendance fitness: l'entraînement de 4 secondes (les anglophones parlent de "4-second workout").
Comme tant d’autres, cela fait des années que je me dis que je n’ai pas le temps de faire du sport. Sans vergogne, j’utilise même l’excuse d’avoir deux enfants. Vous savez combien de temps et d’énergie ils me demandent? Mais, honnêtement, je peux bien trouver 4 secondes dans ma journée. Bref, pas d’excuse, c’est parti pour cet entraînement de 4 secondes!
Explosivité
L’entraînement de 4 secondes s’appuie sur une étude menée par le professeur Edward Coyle à l’Université du Texas. Selon lui, un effort extrême de 4 secondes se traduit par une meilleure combustion des graisses. Il s’inscrit dans la catégorie du HIIT (High Intensity Interval Training) soit, en français, entraînement par intervalles à haute intensité, ce qui consiste à alterner périodes de repos et sessions d’efforts intenses de courte durée.
"Le CrossFit, un entraînement qui ne nécessite que 20 minutes d’effort total, est un bel exemple de HIIT. Le tennis, le squash ou le VTT sur un terrain difficile peuvent également être considérés comme du HIIT", explique Max Icardi, un ancien joueur de rugby qui a lancé le concept de personal coach en Belgique.
Les adeptes affirment qu’un effort aussi explosif brûle beaucoup de calories (et fait donc perdre du poids), mais améliore aussi la condition physique. Et ce, sans perte de masse musculaire, contrairement au cardio.
Tout donner dès la première seconde
Première (petite) désillusion après avoir creusé la proposition: il s’avère qu’il ne s’agit pas de 4 secondes par jour, mais de 4 secondes par heure en position assise. En gros, cela fait 40 secondes pour dix heures en position assise. OK, le marketing est trompeur, mais je ne baisse pas les bras pour autant. Je dégagerai avec plaisir ne serait-ce qu’une petite minute par jour si ça peut améliorer ma condition physique.
Ce qui se rapproche le plus de l’effort des 4 secondes sur un vélo est un sprint de 40 mètres.Edward Coyle
Déception numéro deux: je dois passer ces 4 secondes par heure sur un vélo Power Cycle. "Un vélo très spécial, principalement utilisé par les sportifs de haut niveau et dans les centres de revalidation. Il ne fait généralement pas partie des centres fitness standards", ajoute Icardi.
"C’est une belle machine, mais tout le monde n’est pas prêt à l’acheter, il faut tout de même débourser 3.000 euros." Mais un vélo d’appartement ordinaire devrait bien faire l’affaire, non? "La particularité du Power Cycle est qu’il n’offre pas de résistance et qu’on peut donc tout donner dès la première seconde. Pour obtenir les mêmes résultats sur un vélo de spinning ordinaire, il faut travailler bien plus longtemps."
Scepticisme
Il va sans dire que la firme américaine voit la tendance du "4-second workout" comme du pain béni. Edward Coyle, le professeur qui a mené cette étude à l’université du Texas, ne veut cependant pas s’engager commercialement dans la vente de ces machines.
Par rapport à un groupe de contrôle qui reste assis toute la journée, toute forme de mouvement donne un résultat!Edward Coyle
Mais les critiques ne se sont pas faites attendre. "Exécuter un HIIT de manière optimale requiert une condition physique et des connaissances techniques considérables", précise Icardi. "De plus, l’entraînement de 4 secondes se concentre sur la combustion des graisses, ce qui ne se traduit pas nécessairement par une meilleure condition générale."
Aussi, le Power Cycle a été utilisé à l’université du Texas pour prouver que ceux qui se donnent à fond sur ce vélo toutes les heures pendant 4 secondes brûlent plus de graisse que ceux qui restent assis sur leur chaise toute la journée. "Je veux bien le croire!", lance Icardi.
"Mais j’aurais aimé comparer ces résultats avec un groupe de contrôle qui, par exemple, fait du vélo d’appartement quatre fois par jour pendant un quart d’heure ou monte et descend quelques volées d’escaliers toutes les heures. Par rapport à un groupe de contrôle qui reste assis toute la journée, toute forme de mouvement donne un résultat!"
Tout effort compte
Pour ceux qui ont envie de mouiller le t-shirt quelques secondes, le professeur Coyle a proposé, dans le New York Times, des alternatives aux 4 secondes d’effort intensif sur le vélo.
"Monter et descendre les escaliers très rapidement peut aussi donner des résultats intéressants, mais cela me paraît un peu dangereux. Par contre, les jumping jacks (sauter en écartant les bras et les jambes et revenir à la position initiale) requièrent trop peu de puissance musculaire, mais c’est toujours mieux que rien. Ce qui se rapproche le plus de l’effort des 4 secondes sur un vélo est un sprint de 40 mètres", précise Coyle.
Autrement dit, si vous voyez quelqu’un courir toutes les heures vers la photocopieuse, vous saurez qu’il n’est pas question de photocopies, mais de combustion des graisses. Un petit mot d’encouragement s’impose!