Cathalina Geeraerts, le nouvel espoir du cinéma belge

Dans "Holly", Cathalina Geeraerts joue le rôle d’une introvertie, cible de brimades parce qu’elle vient d’une famille défavorisée. Un matin, elle a une étrange prémonition et décide de ne pas aller à l’école. Le même jour, un incendie dévastateur fait une dizaine de victimes parmi les élèves. Neuf mois plus tard, la communauté est toujours en deuil, et Holly découvre qu’elle a le don de réconforter les personnes endeuillées.

"Lors des auditions, j’ai tout de suite compris que Cathalina avait un talent extraordinaire", déclare Fien Troch. "Mais elle avait trop l’air d’une adolescente, ce qui n’était pas ce que je recherchais. Je pensais qu’il fallait trouver une fille dégageant quelque chose de magique. Finalement, je me suis rendu compte qu’il serait intéressant de confier le rôle à une adolescente lambda. Cela a certainement bénéficié au film."

Naturelle, Cathalina l’est, notamment grâce à son langage émaillé d’anglais.

Trouvez-vous que vous avez beaucoup de points communs avec votre personnage?

Cathalina Geeraerts | "En ce qui concerne l’apparence, rien du tout, mais sur le plan intérieur, oui. Même si elle est influençable et naïve, Holly n’est pas nécessairement aussi innocente qu’elle en a l’air. Cette naïveté est aussi en moi, tout comme ‘l’urge’ d’aider les autres. Même si je ne ressens pas vraiment cette envie avec les ‘strangers’. J’aime les gens, mais si je ne les connais pas, je m’en fiche. Mes amis sont super importants pour moi. Je suis très empathique. Je pleure rarement, sauf par empathie. Je n’aime pas quand quelqu’un est ‘sad’. Je ressens ses émotions."

"Holly" traite de la pensée magique, des choses que les gens veulent croire, même si elles semblent irrationnelles. Est-ce quelque chose qui vous interpelle?

"C’est bizarre. Je ne suis pas athée, mais je ne suis pas croyante non plus: je crois juste qu’il doit y avoir quelque chose. La nature ne fait pas les choses sans raison. Je ne vois pas de main divine dans tout, mais parfois, oui. Je vais vous donner un exemple étrange. Un jour, j’étais avec ma copine et notre briquet ne marchait pas. On avait beau essayer, il était vide. Et alors, j’ai dit: ‘Please God, faites qu’il marche une dernière fois pendant cinq secondes.’ Et il a marché! Juste assez pour allumer une cigarette. Après ça, c’était complètement fini. Véridique!" (rires)

C’est votre premier grand rôle. Comment vous êtes-vous préparée?

"En fait, je ne me suis pas préparée. Fien Troch ne trouvait pas non plus que c’était nécessaire. Serdi Faki Alici, qui incarne le mari de la prof dans le film, est devenu mon meilleur pote. Nous sommes toujours en contact. Lui avec toutes ses compétences sociales, et moi avec mon TDAH (Trouble de déficit de l’attention / hyperactivité, ndlr), vous pouvez imaginer ce que ça donnait pendant le tournage! Il faisait tout le temps du beatbox et moi, je faisais du freestyle par-dessus. Mais quand Fien disait ‘OK, on commence’, on était hyper sérieux tous les deux et on faisait notre truc. Fien était super étonnée."

Ce que vit Holly n’est pas toujours joyeux. Aviez-vous du mal à vous mettre dans le bon "mood"?

"Quand ça ne marchait pas tout de suite, j’écoutais de la musique comme ‘Je te laisserai des mots’ de Patrick Wilson ou ‘Glimpse of us’ de Joji. Ça me calmait. Ou bien je pensais à mon chien. Il n’est pas mort, mais il est parti. Ça m’aidait aussi."

D’où vient votre envie de jouer?

"J’ai toujours eu cette envie. Quand je suis seule dans ma chambre et que j’entends une chanson ou que je suis dans un certain ‘mood’, je parle et je ris toute seule. Du coup, mon père croit que je suis sous l’emprise d’une drogue ou un truc du genre! (rires) Mais je ne fais que jouer. En solitaire. Personne ne me regarde et je parle simplement au mur, parce que j’ai envie d’imaginer un scénario et de le jouer. C’est mon cerveau et mon corps qui font ça, et je trouve ça chouette. Mais je n’ai jamais suivi de cours ni fait de théâtre."

Quand vous êtes-vous retrouvée pour la première fois devant la caméra?

"Quand j’avais trois ans, j’ai joué la version bébé de Britney Van Noteghem dans ‘Thuis’. Ma mère regardait la série et elle avait entendu dire qu’ils cherchaient des bébés. J’ai fait ça pendant deux ou trois épisodes. Je ne sais pas si c’est vrai, mais ma mère m’a dit une fois que je ne pouvais plus jouer parce que j’étais incapable de me taire. Ils devaient me donner des jouets pour que je me taise. Et ça ne marchait pas toujours! (rires) Après, j’ai surtout été figurante, comme dans ‘La Bonne Terre’, la série d’Adil El Arbi, Bilall Fallah et Mathieu Mortelmans. Et dans un film allemand dont j’ai oublié le titre. Et puis, ma mère a vu sur le site web ‘In the picture’ qu’ils recherchaient des filles de mon âge pour un long métrage, ‘Holly’."

Quels sont les acteurs que vous appréciez?

"J’aime beaucoup ce que fait Zendaya, en particulier dans ‘Euphoria’. Dans cette série, Alexa Demie est également très bonne dans le rôle de Maddy. Elles sont toutes les deux jeunes et jouent un personnage spécial. Je trouve particulièrement impressionnante l’interprétation de Zendaya en tant que toxicomane."

Comment envisagez-vous votre avenir?

"Il y a quelques jours, une agence de casting m’a demandé si je voulais auditionner pour un film. Je ne peux pas donner plus de détails pour le moment, mais si je décroche le rôle, ce sera génial! Je dois juste voir comment combiner ça avec l’école. À Sancta Maria à Louvain, où je suis en quatrième, ils sont compréhensifs. Cette année, je voudrais obtenir un A pour retourner dans l’enseignement artistique et je m’inscrirai sur la liste d’attente pour suivre des humanités artistiques à Bruxelles. Si je décroche mon diplôme, j’aimerais beaucoup étudier à Sint-Lukas, en art dramatique et réalisation. C’est là que Fien a étudié elle aussi. C’est mon rêve."

Vous avez déjà goûté à la célébrité à Venise. Est-ce que cela vous fait peur?

(hochement de tête) "Ma copine adorerait devenir célèbre en tant que youtubeuse. Les likes et les followers, c’est tout ce qui l’intéresse. Je n’ai jamais compris ça. J’ai 1.200 followers sur mon compte TikTok, et c’est beaucoup trop parce que je dois faire trop attention à ce que je poste, et ça me met la pression. Sur Insta, j’aime bien partager des mèmes et des réels débiles. Avant, ça ne posait pas de problème parce que presque personne ne les voyait. Maintenant, j’ai quelques centaines de followers, dont certains sont des contacts professionnels. Que vont-ils penser de moi si je poste des vidéos de chats?"

En tout cas, Fien Troch pense du bien de Cathalina. "C’est un diamant brut, ça m’ennuierait qu’elle devienne trop lisse et perde un peu de sa magie, mais je vois tellement de talent en elle que je ne pense pas que ça arrivera."