Dominique Deruddere, cinéaste | “Je ne voudrais pas passer pour un vieux schnock”
Le samedi du cinéaste Dominique Deruddere: pistolets de chez Cru, sieste rituelle et balade dans la nature.
Le samedi du cinéaste Dominique Deruddere: pistolets de chez Cru, sieste rituelle et balade dans la nature.
“Pour moi, c’est tous les jours samedi, sauf si je suis en plein tournage.” Le nouveau film de Dominique Deruddere (65 ans), “The Chapel”, sera en salle le 8 février. Il se déroule dans le cadre du concours Reine Élisabeth, quand les finalistes s’y préparent pendant sept jours dans un isolement total. “Lorsque je travaillais avec l’auteur français Erik Orsenna, dans les années 90, nous regardions le concours Reine Élisabeth pour nous détendre. Il se demandait pourquoi on n’avait encore jamais rien fait dans ce cadre fait d’isolement et de stress. À l’époque, je n’avais pas trouvé d’approche, mais, en 2009, quand mon fils s’est lancé dans le piano classique avec enthousiasme et détermination, une idée m’est venue: quel effet a le talent? Rend-il heureux ou est-ce un fardeau?”
08h30 – “Il y a deux ans, Loret et moi vivions encore à Los Angeles. Là-bas, je me levais toujours tôt. Ici, j’attends qu’il fasse clair.”
09h30 – “Les samedis et les jours de semaine se ressemblent, sauf pour les pistolets et les garnitures que je vais chercher chez Cru. À notre retour de L.A., nous avons d’abord mené une vie de bohème avant de nous installer à Anvers, où un ami nous a proposé son loft, car il déménageait à l’étranger.”
11h00 – “Nous nous promenons avant qu’il n’y ait trop de monde: nous suivons les quais près du MAS avant d’aller en ville. Nous nous arrêtons sur la terrasse du Witzli-Poetzli ou d’In De Roscam pour prendre un café et observer les gens qui passent.”
13h00 – “Nous sommes de retour à la maison: c’est l’heure du lunch et de ma sieste, un rituel quotidien.”
“Einstein disait: ‘Il y a deux façons de voir la vie: comme si rien n’était un miracle et comme si tout était un miracle.’ Je préfère la deuxième.”Dominique Deruddere
14h00 – “Je commence à lire ou à travailler sur des scénarios. Loret dessine. En ce moment, je lis ‘De Voorstad Groeit’ de Louis Paul Boon, un roman génial. Je lis aussi pendant la semaine, sauf si je travaille; j’essaie alors de suivre un horaire fixe, même le samedi. Si je ne m’organise pas, je n’arrive pas à m’y mettre. Attendre que l’inspiration vienne, je n’y crois pas: moi, je m’installe devant mon ordi et je travaille.”
15h00 – “Nous allons parfois à la mer et, ce mois-ci, nous allons emménager à Ostende. Dès que nous y serons installés, j’espère pouvoir me promener tous les jours. Le panorama et l’eau me rendent heureux. Et, je l’avoue à contrecœur, car je ne voudrais pas passer pour un vieux schnock, une fois à la mer, je jouerai à nouveau au golf. Lancer une stupide balle dans un bête trou en pleine la nature, ça me permet de tout oublier et de recharger complètement mes batteries. Le Festival du Film d’Ostende présentera, en plus de mon dernier film, une rétrospective de mon travail, dont ‘L’amour est un chien de l’enfer’ (1987), ‘Hombres Complicados’ (1997) et ‘Everybody Famous!’ (2000). Dans mes mémoires, je parle aussi des films dans lesquels j’ai mis tout mon cœur et toute mon âme pendant des années, mais qui n’ont jamais abouti.”
18h00 – “J’aime cuisiner, mais ça ne m’arrive pas souvent. Mes pâtes sont excellentes. Je fais de la sauce avec de bonnes tomates en boîte.”
20h00 – “Après les infos, nous choisissons un film en ligne. Comme ‘Everybody Famous!’ a été nommé aux Oscars en 2001, j’ai la chance de siéger dans la section réalisateurs de l’Académie. Il y a 184 nouveaux films à voir dans la salle de projection numérique: j’en visionne une centaine. Je vois environ dix films par semaine: il ne faut pas exagérer non plus.”
22h00 – “Sur VRT Max, nous choisissons toujours un programme d’actualités ou un documentaire. Ou bien nous regardons ‘The Voice’, ‘The X-Factor’ ou ‘Idols’ en différé – oui, j’avoue, ce sont des plaisirs coupables. Je trouve incroyable de voir des gens normaux se transformer en grands talents.”
23h30 – “En Belgique, je me couche un peu plus tard qu’à L.A., mais toujours avant minuit.”