Lukas Dhont, réalisateur | “Mon plaisir du samedi? Les couques”

Le samedi du scénariste et réalisateur Lukas Dhont à New York: présenter son film “Close”, se rendre à une cérémonie et envoyer des photos à sa mère.

Lukas Dhont (31 ans)

  • Réalisateur et scénariste.
  • La Caméra d’Or, le Prix Fipresci et la Queer Palm au Festival de Cannes 2018 pour “Girl”.
  • Le Grand Prix du Festival de Cannes 2022 pour “Close”.

“Mes samedis aussi sont consacrés à la campagne des Oscars.” Les nominations auront lieu le mardi 24 janvier et la cérémonie, le 12 mars. Le film “Close” de Lukas Dhont (31 ans) raconte l’histoire d’une amitié brisée entre deux adolescents. “‘Close’ représente quatre années de ma vie, et peut-être bien plus encore. Le film est l’expression authentique de ce que j’ai tu pendant longtemps, un regard sur une culture dans laquelle masculinité et intimité vont rarement de pair, ce que j’ai ressenti très fortement.”

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Le deuxième long métrage du Belge a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes. En 2018, son premier long métrage, “Girl”, sélectionné pour la section Un certain regard, avait remporté la Caméra d’Or, le Prix Fipresci et la Queer Palm. “Faire un deuxième film, c’est difficile. Je voulais renouer avec la joie de ‘Girl’ tout en faisant quelque chose de nouveau.”

09h00 – “Mon plaisir du samedi? Les couques. Mais, aux États-Unis, je dois m’en passer. Après deux semaines à Los Angeles, j’atterris à New York pour une journée chargée: la campagne des Oscars bat son plein. Je suis honoré que notre distributeur américain, A24, ait choisi un film en français.”

11h00 – “C’est l’heure de la projection. Je présente le film, après quoi nous le montrons à des insiders issus de différentes branches de l’industrie, invités par A24: des journalistes et des influenceurs, des réalisateurs, des acteurs, des producteurs, des scénaristes et des artistes de talents, comme la photographe Nan Goldin. Une partie du public est constituée des membres de l’Académie des Oscars. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour les amener aux projections, afin qu’ils voient le film sur grand écran. S’ils le regardent chez eux, impossible de savoir dans quelles conditions ils le voient.”

13h00 – “Une séance de questions-réponses suit, toujours animée par une personne différente. Récemment, c’était au tour de Barry Jenkins, le réalisateur de ‘Moonlight’, qui a remporté l’Oscar du meilleur film en 2017: son avis est très respecté et il a beaucoup aimé mon film. Nous parlons de l’origine de ‘Close’ et des recherches de la psychologue américaine Niobe Way qui a interrogé 150 garçons de treize à dix-huit ans sur leurs amitiés.”

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“Cette enquête montre qu’à la puberté, ils s’éloignent de leurs meilleurs amis parce qu’ils n’osent pas leur parler de leurs sentiments et de leur amour avec tendresse: ils trouvent que ça fait girly, soft ou gay. Nous invitons aussi beaucoup de réalisateurs de documentaires et de gens qui travaillent avec des jeunes. Pendant mes études, je n’ai pas choisi entre le film documentaire et la fiction, ce qui se remarque dans mon dernier film.”

“Je suis intrigué par la condition humaine et ce dont un être humain est capable. Il y a la tendresse, mais aussi la loi du plus fort.”
Lukas Dhont
Scénariste et réalisateur

14h00 – “Pendant la réception, je discute avec les invités. C’est alors que tout se joue, comme aux élections: pour engranger des votes, je dois convaincre le milieu du cinéma que mon film a la puissance émotionnelle et les qualités requises pour décrocher l’Oscar. ‘Close’ vient du cœur et va droit au cœur de nombreux spectateurs, car il rappelle à ceux qui les ont vécues les blessures personnelles d’une relation ou d’une amitié au cours de laquelle des erreurs ont été commises.”

“En même temps, ce débat est très pertinent, surtout aux États-Unis où, depuis juillet 2022, six États ont instauré la loi ‘Don’t Say Gay’ dans beaucoup d’écoles et suivant laquelle les parents doivent être informés s’il y a dans la classe de leur enfant un élève ayant une orientation sexuelle différente. Mon film touche un point très sensible.”

16h00 – “Je donne des interviews à la presse américaine et européenne. J’ai rencontré des journalistes du New York Times, du New Yorker et de Vulture.”

17h00 – “Je me rafraîchis et j’appelle Davy pour recharger mes batteries. Je peux aussi compter sur mon frère, qui est mon producteur. Mes équipes de relations publiques de Bruxelles, Berlin, New York et L.A. veillent également à ce que mes journées soient les moins stressantes possible. Bien qu’il y ait des journées de 25 interviews, j’essaie toujours d’avoir des entretiens sincères, ce qui demande beaucoup d’énergie.”

“Je vais aussi voir un maximum de films, ce qui me permet d’éviter d’avoir un point de vue trop étriqué, mais aussi de préserver mon amour du cinéma en marge du fait politique, qui a une importance majeure de nos jours.”

18h00 – “Il m’arrive souvent de faire une belle rencontre. Par exemple, dernièrement, j’ai eu l’occasion d’aller prendre un verre avec la psychothérapeute Esther Perel. C’était très inspirant.”

19h00 – “Soit j’assiste à une deuxième projection, soit je me rends à l’une des nombreuses cérémonies, comme les Critics Choice Awards dimanche dernier, où les critiques de cinéma choisissent leurs films préférés parmi les propositions reçues. C’est souvent un prélude aux véritables Oscars.”

“Même si je ne décroche pas de prix, c’est une bonne occasion pour rencontrer des insiders et discuter de manière informelle avec les Academy Members et d’autres personnalités que j’admire. Ainsi, j’ai eu la chance de rencontrer des acteurs fantastiques, comme Paul Mescal, Julianne Moore ou Cate Blanchett.”

00h30 – “J’envoie quelques photos de ma journée à ma mère, je prends une douche et j’essaie de dormir paisiblement. Demain, je tiens à être en forme pour poursuivre la campagne des Oscars.”

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