La demeure de Serge Delsemme se trouve au milieu des bois: comme pour "rester humble devant la force des arbres et la nature du paysage."
La demeure de Serge Delsemme se trouve au milieu des bois: comme pour "rester humble devant la force des arbres et la nature du paysage."
© Jean-Pierre Gabriel

Bienvenue chez le collectionneur d'art Serge Delsemme

La Belgique est un pays de collectionneurs. Certains préfèrent les stylos, d'autres raffolent de vases en cristal ou de design vintage, de photographie contemporaine... L'architecte paysagiste Serge Delsemme ne fait pas de concessions; il collectionne tout.

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© Jean-Pierre Gabriel

Au sud de Liège, aux portes des Ardennes, les méandres de l'Ourthe sculptent des paysages rocheux, sauvages et romantiques. C'est ici que l'architecte paysagiste Serge Delsemme a choisi un terrain pour construire sa maison.

Malgré une splendide vue sur le fleuve, personne n'en voulait en raison de la forte pente et des nombreux arbres. Là où d'autres voyaient une faiblesse, lui y trouvait des atouts. Il a fallu plusieurs semaines pour dégager les ronces et les arbustes. 'Hic est meus hortus', tels sont les mots avec lesquels le maître de maison accueille ses visiteurs. Ils sont gravés sur une grande ardoise posée sur le sol, à l'entrée du jardin. Au pied de la maison, un espace couvert de gravier renvoie la chaleur de l'été vers la petite collection d'agrumes. Elle constitue l'accès au jardin.

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Paolo Garcia a conçu une surface polie en acier inoxydable où se reflètent les arbres.
Paolo Garcia a conçu une surface polie en acier inoxydable où se reflètent les arbres.
© Jean-Pierre Gabriel

Le propriétaire a voulu conserver l'aspect caractéristique du bois. Il y a intégré des plantes selon la diversité de leur feuillage. Plutôt que de privilégier la couleur, il a opté pour un jardin de sous-bois nécessitant peu d'entretien. Le sous-bois est animé toute l'année par des jeux d'ombre. C'est la floraison des rhododendrons qui annonce le printemps. Viennent ensuite les camélias d'origine belge et, ensuite, divers arbustes à fleurs blanches. Le choix s'est porté sur des fleurs qui ont un aspect sauvage, comme les Stephanandra tanakae, les clochettes argentées de l'Halesia carolina, voire les inflorescences en grappes du Prunus lusitanica.

Sur la pente se trouve un sentier où se succèdent les grands blocs de pierre et l'ardoise. Ils ont été placés verticalement et laissent parfois entrevoir les formes naturelles telles que les racines des grands arbres. À côté du chemin se trouve une collection de fougères. L'on peut aussi y apprécier une superbe combinaison de formes et de couleurs propres aux plantes de sous-bois. Le dénivelé est d'environ 52 mètres.

Une variété de roses romantiques, la Ghislaine de Féligonde, grimpe librement sur le flanc de la maison.

Une variété des roses romantiques, la Ghislaine de Féligonde, y a été plantée dans les années 20 et grimpe librement sur le flanc de la maison. Dans la zone la plus haute se trouve une prairie fauchée une fois par an. Sept mille bulbes de narcisses y ont été plantés. L'espace est dominé par un pavillon de lecture début XXème, une petite folie qui ressemble à une chapelle.

Le jardin forme le cadre idéal pour l'art. Sept artistes ont collaboré au projet, parmi lesquels l'écrivain belge Eugène Savitzkaya et l'artiste américain Peter Downsbrough. Tous ont utilisé la pierre locale, comme le schiste noir de l'ancienne carrière de Warmifontaine. On peut également apercevoir une création de la Belge Anne-Marie Klenes en ardoise et une du Liégeois Paolo Gasparotto qui a réalisé une mise en scène avec de la pierre calcaire wallonne.

'Surrealist Door to the Garden', une oeuvre de l'artiste et architecte américain Peter Downsbrough.
'Surrealist Door to the Garden', une oeuvre de l'artiste et architecte américain Peter Downsbrough.
© Jean-Pierre Gabriel

Écrin de béton

Une maison dans les bois ne doit pas être 'sombre et obscure'. L'architecte Bruno Albert y fait entrer des flots de lumière par les baies vitrées.
Une maison dans les bois ne doit pas être 'sombre et obscure'. L'architecte Bruno Albert y fait entrer des flots de lumière par les baies vitrées.
© Jean-Pierre Gabriel
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Le projet de l'habitation a été confié à l'architecte Bruno Albert dont le style est marqué par des lignes épurées et une rigueur quasi monastique. Il a imaginé une demeure qui s'élève vers le ciel, à l'instar des arbres qui l'entourent. "Cette maison a été construite entre les arbres. Un seul d'entre eux a été abattu", se rengorge le paysagiste. Le béton utilisée pour la construction a été traité avec une finition parfaitement lisse qui rappelle le marbre.

Le premier étage est réservé aux bureaux. Les meubles, comme le bureau en cerisier et la bibliothèque en platane, ont été dessinés par Bruno Albert. L'on y trouve une belle collection de livres et traités anciens sur le jardinage, des textes néerlandais du XVIème siècle et de nombreux ouvrages italiens consacrés à la Villa Giusti, la Villa d'Este, la Villa Adriana, à l'architecte maniériste Vignola.

La pièce donne accès à une mezzanine et, ensuite, à un escalier en colimaçon. Comme si l'on grimpait dans un arbre, on arrive à la passerelle qui, en raison du dénivelé, relie la maison à une autre partie du jardin. Cet espace est le seul à présenter une esthétique plus formelle et, cela, en utilisant du buis et du petit houx. Un superbe rosier Banxiae orne le jardin géométrique. Il s'agit de l'hybride 'Purezza' créé par Quinto Mansuino à San Marin, comme de nombreuses fleurs importées d'Italie.

Une partie de la collection photo, avec des oeuvres de Cindy Sherman, Massimo Listri, Patrick Tourneboeuf et Erwin Olaf.
Une partie de la collection photo, avec des oeuvres de Cindy Sherman, Massimo Listri, Patrick Tourneboeuf et Erwin Olaf.
© Jean-Pierre Gabriel

Aux étages supérieurs de la maison se trouve une collection de stylos entamée par le père du propriétaire. Les plus anciens, en bakélite, datent des années 1920. Les plus récents remontent aux années 60 et 70. On y trouve également une collection de vases du Val Saint Lambert datant de 1930, la série Luxval en cristal moulé, de superbes pièces art déco. La collection de photographies des années 50 à nos jours interpelle notre curiosité, car elle compte des oeuvres de Bettina Rheims, David LaChapelle et Eric Poitevin.

'Living with art in Belgium', Fiammetta d'Arenberg Frescobaldi en Jean-Pierre Gabriel, 49,99 euro, uit bij Lannoo.
'Living with art in Belgium', Fiammetta d'Arenberg Frescobaldi en Jean-Pierre Gabriel, 49,99 euro, uit bij Lannoo.
© Jean-Pierre Gabriel

"Vivre l'art en Belgique", Fiammetta d'Arenberg Frescobaldi et Jean-Pierre Gabriel, 49,99 euros aux éditions Lannoo.

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