Claire Vandervoort a quitté son job à Los Angeles pour devenir créatrice. La première collection d’accessoires de la Bruxelloise, Voort Studio, vient d’être lancée.
Los Angeles, the city of dreams, comme le veut le cliché. Et c’est là que Claire Vandervoort (28 ans) avait un job de rêve chez Meltwater, le géant californien de la tech. Pourtant, son rêve était ailleurs: elle voulait lancer une ligne de mode, Voort Studio. "J’ai grandi entourée de femmes élégantes, dont ma mère et mes grands-mères: elles m’ont appris ce qu’étaient la qualité et le style", nous explique-t-elle depuis Los Angeles.
"Je dessine des silhouettes depuis toute petite, mais on m’a toujours déconseillé de devenir créatrice. Après mes études de commerce en Grande-Bretagne, je me suis retrouvée dans le monde des start-up, à Londres d’abord et ensuite, à Los Angeles. Pendant la pandémie, j’ai fantasmé sur mon avenir: que voudrais-je faire à 30, 40 ou 50 ans? Et je voulais diriger mon studio de création de mode. Je me suis donc lancée à la poursuite de ce rêve."
Comme elle n’a pas suivi une formation en mode, elle apprend le métier toute seule, en regardant des tutos sur YouTube. Ensuite, elle élabore un business plan. En effet, elle voulait entreprendre à petite échelle, et non travailler pour des entreprises vivant de levées de fonds et de capital-risque. "Dans la tech, on travaille sur quelque chose qui reste virtuel: un logiciel, une appli... Produire quelque chose de concret m’offre un autre type de satisfaction."
Make it happen
"À 13 ans, mes parents m’ont envoyée à l’école internationale de Waterloo, avec un enseignement en français et en anglais. À 22 ans, j’ai décroché mon premier job dans la start-up technologique SuperAwesome. Après quatre ans à Londres, ils m’ont demandé si je voulais aller à New York. Cette ville ne m’attirait pas, contrairement à Los Angeles. Plus tard, je suis allée travailler chez Meltwater, une entreprise norvégienne qui développe des logiciels de surveillance des médias."
"Dans ces deux start-up, j’étais une touche-à-tout, au sens positif du terme. J’ai tout appris très vite: la création de sites web, le photoshopping et le codage, autant de compétences qui s’avèrent très utiles aujourd’hui. Mon expérience dans le monde de la tech et des start-up californiennes m’a donné une vision différente du business. À Los Angeles, tout est possible: la devise est ‘Make it happen’. Je voudrais continuer à vivre et travailler ici. Imaginez que Kim Kardashian repère mon sac et le porte!"
Aux États-Unis, la créatrice a également appris ce qu'était l’ambition. Pour sa première collection d’accessoires, elle a opté pour la meilleure qualité. Elle travaille avec du cuir Nappa italien et a fait produire sa collection dans des ateliers qui collaborent avec des labels comme Dior, Jacquemus, Paul Smith et Chloé. "Je visais la qualité. Il a fallu que j’envoie 300 mails avant que ces entreprises acceptent de travailler avec moi. Les Américains considèrent un ‘non’ comme une voie détournée vers un ‘oui’. Vous devez pousser un peu et négocier: ça, je l’ai appris ici."
Anna Wintour
La première collection de Voort Studio est limitée: elle se compose du sac "Elise", d'un porte-clés et d'un portefeuille. "Elise est mon deuxième prénom. C’est aussi le prénom francisé de ma mère, Ilse. Ce sac est un hommage aux femmes élégantes de ma vie", explique-t-elle. "J’ai également conçu les accessoires en pensant aux entrepreneuses de la tech californienne. Dans le monde des start-up de Londres et de Los Angeles, j’ai rencontré énormément de femmes fortes et assurées. Ces femmes portent 'Elise' au travail, pour prendre l’avion et enfin, aller dîner le soir."
Dans l’intervalle, Claire Vandervoort travaille sur une deuxième collection. "Avec un peu de chance, je pourrai lancer une véritable ligne de mode dans deux ans", rêve-t-elle. Cependant, elle ne produit pas de collections saisonnières. "D’où les couleurs -bleu foncé et vert-, qui marchent toute l’année."
Pour le moment, les accessoires ne peuvent être commandés qu’en ligne, mais ils sont directement disponibles, tant en Belgique qu’aux États-Unis. "Je dois encore développer un réseau de distribution, mais l’intérêt est manifeste", ajoute-t-elle. "Je viens de tester mon prototype dans une boutique de Los Angeles pour voir la réaction des gens. Anna Wintour passe souvent dans cette boutique." The Devil wears "Elise"? "À Los Angeles, tout est possible!"
1.150 euros le sac "Elise", 350 euros le portefeuille et le porte-clés. www.voortstudio.com