Moins prétentieux qu’une œuvre d’art contemporain et plus compact qu’une tapisserie, le bas-relief, fait son grand retour. Sabato a sélectionné les plus beaux exemplaires de cette technique sculpturale.
Tout le monde connaît la frise du Parthénon et la colonne Vendôme. Des Assyriens aux Égyptiens, en passant par les Grecs anciens et les Romains, les bas-reliefs sont apparus dès l’aube de la civilisation.
Ce type de sculpture, qui n’est pas de la ronde bosse, se pratique sur de la pierre, de l’ivoire, du bois, de la corne, du jade ou du métal. Son attrait vient aussi du fait qu’il se prête particulièrement bien à l’ornement architectural.
Au XXème siècle, les artistes se sont également lancés dans la réalisation de bas-reliefs obstraits, œuvres d’art en soi, distinctes de l’architecture ou de la narration. Et, aujourd’hui, au XXIème siècle, cette forme d’art séculaire opère un come-back déco: tant anciens que contemporains, les bas-reliefs refont leur apparition dans les intérieurs.
Mur 3D britannique
En consultant son compte Instagram, on constate que la Britannique Emily Forgot (née Emily Alston) est une graphiste passionnée d’architecture moderniste. Les indices? Son graphisme coloré et, surtout, ses bas-reliefs contemporains, qu’elle qualifie de ‘Architectural Wall Art’.
Bien que ses sculptures murales soient presque abstraites, on y discerne des éléments architecturaux tels qu’escaliers, arcades, piliers ou balustrades. Dans ses compositions, elle joue avec la géométrie, les niveaux, les combinaisons de couleurs ou, au contraire, les monochromes.
Curieusement, une de ses séries est inspirée par le travail de l’architecte belge Claude Strebelle (1917-2010), et porte également son nom. C’est avec ce travail qu’elle a fait ses débuts à la foire bruxelloise Collectible en 2019. Trois ans plus tôt, en 2016, elle avait présenté ses sculptures murales, pour la première fois, au Festival du design de Londres. Depuis lors, son travail captivant, qui relève à la fois de Giorgio de Chirico et du constructivisme russe, remporte un franc succès.
La Britannique a commencé par des assemblages architecturaux en bois, mais elle travaille désormais aussi avec du métal thermolaqué et du granito. De 250 à 600 livres.
Wall power danois
Wallpaper, Rum, Elle Decoration: le talent de l’artiste Tilde Grynnerup (1973) fait mouche. Comme sur un stand ou un catalogue de Carl Hansen & Sons, où ses sculptures murales en bois font merveille. La Danoise réalise des bas-reliefs à la Hans Arp, des assemblages 3D ludiques aux formes organiques dans des couleurs vives.
L’art est une vocation tardive pour elle. Mère pédagogue, père menuisier, elle a d’abord écrit des chansons et fait carrière dans la mode, avant de bricoler dans l’atelier de menuiserie de papa. Très vite, elle réalise une série de bas-reliefs en bois qui bénéficie d’une reconnaissance internationale.
Après une formation artistique complémentaire, sa créativité jaillit tous azimuts: broderies, installations, photos et vidéos, mais ce sont les bas-reliefs qui ont le plus de ‘wall power’. "Je réalise tout moi-même et je les expédie dans le monde entier, mais on peut aussi les acheter chez moi."De 350 à 1.000 euros, dépendant du format.
Street Art
L’atelier de Strook est rempli de bois de récupération, soigneusement trié par couleur, et de machines à scier. De Bruxelles à Gdansk, l’artiste brugeois (né Stefaan De Croock en 1982) récupère des vieilles planches dans des conteneurs, des bâtiments abandonnés ou des chantiers de construction - sa palette pour créer de saisissants bas-reliefs.
Les œuvres les plus connues de Strook sont des têtes stylisées dans des poses figées. Vous avez peut-être vu ses portraits 3D au festival de street art d’Ostende, The Crystal Ship, ou au festival des arts de Watou.
Ou alors, vous connaissez peut-être ‘Skepsels’, le dernier album du groupe belge Het Zesde Metaal, dont la pochette affiche une de ses œuvres. En Belgique, Strook organise régulièrement des expositions-vente de nouvelles œuvres. Sinon, il expose dans des galeries, foires ou festivals d’art à Miami, Mexico, au Canada et en Suède.
Récemment, il a utilisé d’autres matériaux que le bois: de la pierre naturelle, de la céramique et des moulages en synthétique pour réaliser des bas-reliefs originaux dans des endroits en vue. Actuellement, Strook travaille à Gand, sur une œuvre murale pour l’année Van Eyck. Entre 3.000 et 12.000 euros.
Sculptures murales
Dans l’œuvre de l’artiste français contemporain Benjamin Plé (1978), les bas-reliefs occupent une place à part. Dans chaque création, de petites différences de relief créent une tension entre lumière et ombre, texture et structure. Ses sculptures murales font parfois penser aux origamis ou aux cristaux, mais, dans ses œuvres plus rythmiques, Plé se réfère également à l’Op Art de Victor Vasarely ou à l’art cinétique Zero d’Enrico Castellani.
Plé utilise des supports en bois, carton ou toile sur lesquels il réalise ses volumes en papier Bristol de 500 grammes. Il les peint ensuite avec de la peinture à l’huile qu’il travaille au couteau pour créer des textures. Ou bien, il pose d’abord une première couche de mastic sur laquelle il peint.
"J’aimerais faire de nouveaux projets sur du bronze, du plastique ou du bois", explique Plé, qui n’a rien contre les grands formats: certains de ses bas-reliefs font jusqu’à 1,70 mètre de long, ce qui l’inscrit dans la tradition de l’ornement architectural, à l’instar du Parthénon.
Il a exposé à la galerie Couteron (Paris), à la Kahn Gallery (Londres) et à la galerie Tournemine (Gstaad), et vend aussi ses œuvres dans son atelier de Montjavoult, en France. De 3.000 à 10.000 euros, dépendant du format et de la technique.
Minimaliste
July Adrichem (1988) préfère les bas-reliefs minimalistes. Elle explique que son travail est principalement inspiré par ZERO, un mouvement artistique d’après-guerre. On pourrait aussi y voir le travail de Jan Schoonhoven, l’artiste néerlandais du groupe Nul, connu pour ses reliefs géométriques en carton ou en papier mâché, peints en blanc. Ses compositions sont parfois constituées de plusieurs panneaux, dont les formes abstraites traversent les différents composants.
La Néerlandaise a commencé sa carrière en tant que styliste d’intérieur chez le designer de mobilier et d’intérieur néerlandais Piet Boon, en 2012. Et, en 2014, elle s’est lancée en tant que styliste et graphiste indépendante, tout en créant des œuvres libres. Avec succès, car ses reliefs muraux ont été repérés par la marque pour enfants Grey Label. Pour voir, acheter ou faire réaliser une œuvre de la Art Relief Series, il suffit de se rendre dans son atelier à Amsterdam.
320 euros pour un relief, 1.800 ou 2.400 euros pour une série de six, dépendant du format.