Weekend Max Mara a réinventé son célèbre sac Pasticcino en mettant à l’honneur le savoir-faire de maîtres verriers et designers textiles de Venise. Sabato s’est glissé dans leurs ateliers.
Le verre devient rouge-orange. Le brûleur à gaz est réglé sur plus de 1.000 °C. Heureusement, les maîtres verriers de Murano, une petite île à une dizaine de minutes de Venise, y sont habitués. D’une main experte, ils façonnent une bille de verre parfaite.
Depuis plus de huit siècles, le sable et la soude fusionnent pour se transformer en bols, vases, "bicchieri di vino" et lustres impressionnants. Les avis divergent quant à la raison pour laquelle les artisans ont déplacé leurs ateliers de la Cité des Doges à Murano, au XIIIème siècle. Officiellement, à cause du risque d’incendie: les fours auraient pu embraser la ville. Cependant, on chuchote que c’était peut-être davantage pour protéger les secrets et le savoir-faire des maîtres verriers. À l’époque, les souffleurs de verre n’étaient pas autorisés à se déplacer et la divulgation de leurs secrets était sanctionnée de mort.
Billes de verre
Aujourd’hui encore, les trois maîtres verriers et les six artisans de Gambaro e Tagliapietra, une des verreries les plus réputées de Murano, taisent leurs secrets. Pour les billes de verre du Pasticcino Bag "Venezia", Weekend Max Mara a choisi leur savoir-faire. "Nous avons réalisé cinq paires de billes dans différentes couleurs", explique Matteo Tagliapietra, le directeur. "L’une des paires présente une finition semblable à du marbre parce que nous avons combiné différents types de verre. L’autre arbore une couleur uniforme."
La version "Venezia" du Pasticcino Bag (lancé en 2016) est disponible dans une multitude de couleurs et d’imprimés originaux, mais aussi dans différentes matières telles que cuir ou raphia. "Pasticcino" signifie "petite pâtisserie" en italien. Si le sac à main moelleux ressemble à un chou à la crème géant, il évoque également un porte-monnaie XXL pouvant accueillir facilement (nous l’avons testé sur place) deux livres de poche, des lunettes de soleil, un smartphone et un portefeuille. Les deux billes qui ornent son fermoir rappellent les boules de chewing-gum des distributeurs de notre enfance. Une nostalgie dissimulant un impressionnant savoir-faire, ainsi que nous l’apprenons chez Gambaro e Tagliapietra.
Uomo universale
Pour le corps en tissu du Pasticcino Bag "Venezia", Weekend Max Mara s’est rendu à la Giudecca, une autre (minuscule) île de la lagune. C’est dans un ancien monastère qu’est installée l’usine textile du créateur de mode espagnol Mariano Fortuny (1871-1949). "Pour les imprimés, nous nous sommes plongés dans les archives de Fortuny", confie Weekend Max Mara. "Et ces cinq modèles ont été fabriqués dans l’usine textile Fortuny."
Les curieux ne sont pas les bienvenus dans l’atelier où le coton est encore imprimé selon les procédés originaux de Fortuny, sur les machines qu’il a conçues. Par contre, il est possible de visiter sa demeure et son atelier, au cœur de Venise, le Palazzo Pesaro degli Orfei: depuis mars dernier, le palais gothique est à nouveau ouvert aux curieux. On y découvre que Fortuny était un véritable "uomo universale": architecture, photographie, peinture, mode, design textile; tout l’intéressait. Outre des manteaux et des robes dans les imprimés les plus divers, on peut y admirer une énorme maquette de théâtre (Fortuny a révolutionné l’éclairage de scène), des photographies de son épouse et muse Henriette Nigrin, ainsi que des peintures de sa main.
"Avant, on ne pouvait appliquer ce type de motif qu’en les brodant, mais Mariano Fortuny a développé de nouvelles techniques pour les imprimer aussi bien sur du velours que de la soie", nous explique-t-on au cours de la visite. "Ces techniques étaient top secret au point qu’il en a emporté quelques-unes dans sa tombe. Voilà pourquoi, aujourd’hui, nous ne sommes plus capables de travailler le velours avec le même niveau de détails que lui."
Le Pasticcino Bag "Venezia" sera lancé avec la collection automne-hiver de Weekend Max Mara.