Fille et gardienne de la mémoire de l’architecte et designer française Charlotte Perriand.
Fille et gardienne de la mémoire de l’architecte et designer française Charlotte Perriand.
© Alexander Popelier

Sur la chaise "Indochine" de Pernette Perriand

Pernette Perriand, fille de Charlotte, raconte ce qui la fait se lever de sa chaise: un chocolat chaud avec Fernand Léger, un spectacle de danse et des gorilles au Rwanda.

Quelle est la chaise de votre vie? "La chaise ‘Indochine’, conçue par Charlotte (Pernette appelle toujours sa mère par son prénom, NDLR), en 1943, année de son mariage avec mon père, Jacques Martin, ministre officieux de l’Économie en Indochine, l’actuel Vietnam. À partir de 1940, elle a travaillé au Japon comme consultante en design. Et, le 7 décembre 1941, après l’attaque de Pearl Harbor, elle a choisi de ne pas rentrer en France. Elle a commencé à voyager seule en Indochine, à l’époque une colonie française. Cette chaise est une réinterprétation vietnamienne d’une chaise de bureau anglaise du XIXe siècle et d’une chaise pivotante qu’elle avait dessinée en 1928 avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret. Nous avons retrouvé le dessin d’étude dans ses archives après son décès."

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Qui inviteriez-vous au dîner de vos rêves? "L’artiste Fernand Léger. Je garde de lui des souvenirs fantastiques. Le jeudi après-midi, jour de congé scolaire, j’allais dessiner dans son atelier. Ensuite, nous buvions un chocolat chaud et nous allions au Cirque Medrano ou au cinéma. J’aimerais également inviter l’architecte britannico-ghanéen Sir David Adjaye, à qui a été décerné le premier Prix Charlotte Perriand. David est un homme du monde: il incarne toujours l’esprit d’un pays ou d’un lieu dans ses créations. Comme le faisait Charlotte".

Dans le fauteuil de qui auriez-vous aimé vous asseoir? "Celui de la chorégraphe franco-américaine Carolyn Carlson, une géante du monde de la danse. Chaque fois que des compagnies de danse interprètent ses créations à Paris, j’essaie d’y assister. Enfant, je faisais de la danse classique. Fernand Léger voulait glisser un mot en ma faveur à la directrice de l’Opéra de Paris, mais Charlotte y était opposée. Je n’ai donc jamais pu y entrer en tant que ballerine, mais ma passion pour la danse est restée intacte. Un morceau de musique brésilienne et je suis partie!"

Trouvez-vous difficile de rester assise? "Si vous voulez vieillir, il vaut mieux continuer à travailler. L’œuvre de ma vie consiste à défendre le travail de Charlotte, ce que je fais avec mon époux, Jacques Barsac, au travers de livres, d’expositions et des conférences. Autrement, elle serait trop vite oubliée. Pour nous vider la tête, Jacques et moi aimons voyager. Le mois dernier, nous avons vogué huit heures à bord d’une pirogue dans la jungle colombienne. Bientôt, nous allons partir au Rwanda pour voir des gorilles. Charlotte aurait certainement adoré ce projet, mais, hélas, elle n’a jamais pu aller en Afrique, parce qu’elle était intolérante au vaccin contre la fièvre jaune. Je fais ce voyage pour elle."

Exposition "Charlotte Perriand, Politique du photomontage. Comment voulons-nous vivre?", jusqu’au 28/08 au Design Museum Brussels.

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