Le dernier secteur chamboulé par les designers et les start-ups (plutôt féminines)? Les sextoys, devenus objets minimalistes pour un plaisir maximaliste.
Ses cheveux noirs tombent sur son visage. Une chaîne en or rose avec un pendentif repose sur sa robe en jeans. À première vue, la photo Instagram n’a rien de spécial. En effet, personne ne remarque que cet élégant pendentif est un sextoy avec une connexion USB.
Le ‘Vesper’, de la designer américaine Ti Chang, n’est pas le seul sextoy minimaliste et design à avoir été surliké sur les réseaux sociaux. Un œuf pastel? Un diamant vibrant? Un anneau en or qui fait office de sextoy étanche?
L’ère des vibros design a commencé. Ils sont ludiques, modernes, jolis et sont vendus dans des chaînes de magasins trendy comme Selfridges, Urban Outfitters et Free People. Même Walmart, le géant américain de la distribution de masse, s’y met.
Sur la table de chevet
"Avec l’avènement d’Instagram et des réseaux sociaux, nous assistons à un afflux de minimalisme. Less is more, ça se vérifie aussi en matière de design de vibros", déclare Lisa Finn, brand manager chez Babeland, un influent sexshop américain LGBT & women friendly. "Comme pour le smartphone: le design n’influe pas sur le bon fonctionnement d’un appareil, mais, dans une large mesure, il détermine le choix du modèle."
Et quand le produit est élégant, on peut l’oublier sur sa table de chevet…
La taille, c'est important
Les fans de la série ‘Sex And The City’savent bien ce qu’est un ‘Rabbit’: sur les conseils de Miranda, Charlotte s’offre un sextoy rose de 22 centimètres avec des oreilles de lapin. L’essayer c’est l’adopter: elle annule tous ses projets avec ses copines pour rester à la maison avec son lapin qui fait crac boum hue. L’épisode est devenu un classique, faisant du ‘Rabbit’un best-seller.
"Si les femmes veulent de meilleurs sextoys, elles doivent les fabriquer elles-mêmes."
À Bruxelles aussi, le sextoy ‘new feel’a trouvé un point de chute dans la boutique Labelchic qui importe des modèles Dame Products. La fondatrice témoigne de leur succès qui, selon elle, illustre le changement fondamental qui a révolutionné la conception des sextoys ‘engineered for women by women’. "Ces joujoux sont très modernes, innovants en matière de design. Colorés, féminins et contemporains. La matière est super douce – on est aux antipodes de ce qui se faisait avant."
Microrobotique Les temps ont changé. Lynn Comella, professeur en études de genres et de sexualité à l’Université du Nevada, auteur du livre ‘Vibrator Nation’: "Alors qu’autrefois, le choix se limitait, grosso modo, à de grands vibros en forme de phallus, aujourd’hui on trouve des petits objets colorés et fun qui ne sont pas nécessairement axés sur la pénétration ou qui ne ressemblent pas forcément à un sexe d’homme.
Outre le design, de nombreux changements sur le plan technologique sont intervenus. L’entrepreneuse Lora DiCarlo a écrit une page de l’histoire quand son vibro, ‘Osé’, doté d’une technologie microrobotique qui imite les mouvements humains, a remporté un Robotics Innovation Award au prestigieux salon technologique CES 2019.
Écart d’orgasme
En raison du nombre croissant de start-ups lancées par des femmes, les sextoys arborent un look différent, mais ils sont aussi nettement mieux adaptés à l’anatomie féminine que ceux qui ont été conçus par des hommes.
Selon une étude du Kinsey Institute (2017), les femmes hétérosexuelles ont, en moyenne, moins d’orgasmes que leurs partenaires – 66% contre 95% (!). Les femmes sont aussi moins satisfaites de leur vie sexuelle en général.
"Less is more, ça se vérifie aussi en matière de design de vibros."
"Il est grand temps que les femmes prennent cette facette de leur vie en main", déclare Polly Rodriguez, de la start-up londonienne Unbound Babies. Elle en avait assez des vibros conçus par les hommes, qui préféraient intégrer le Bluetooth dans leurs produits plutôt que de simplement demander aux femmes ce qui leur ferait plaisir, vraiment.
À Brooklyn, Dame Products a également consulté son public cible. L’entreprise, aussi appelée ‘la plus glamour des sextoys’, a été cofondée par Janet Lieberman, ingénieure diplômée du prestigieux MIT. Avant de lancer des modèles sur le marché, elle a consulté plus de 8.000 femmes. Dame Products souhaite combler l’écart d’orgasme.
En effet, ce sont elles qui sont les mieux placées pour savoir comment combler cette différence de qualité d’orgasme entre hommes et femmes. "Si les femmes veulent de meilleurs sextoys, elles doivent les fabriquer elles-mêmes", conclut l’ingénieure.