Parmi les choses qui font tomber l'architecte anversois Dirk Engelen de sa chaise: la façon dont l’homme gère l’environnement. "Malheureusement, c’est la seule menace réelle que nous ne pouvons pas juguler", estime-t-il.
Parmi les choses qui font tomber l'architecte anversois Dirk Engelen de sa chaise: la façon dont l’homme gère l’environnement. "Malheureusement, c’est la seule menace réelle que nous ne pouvons pas juguler", estime-t-il.
© Alexander Popelier

Dirk Engelen: "Il faut oser montrer son côté vulnérable"

L’architecte Dirk Engelen nous parle de ce qui le fait se lever de sa chaise: la monographie qu'il a publiée avec B-architecten, l'aventurière Zara Rutherford, l'honnêteté...

Quelle est la chaise de votre vie?

La "Chair One" de Konstantin Grcic avec un pied en béton brutaliste, une assise en acier futuriste et un coussin en cuir souple; une des rares que nous avons achetée neuve, car nous la trouvions aussi iconique que les classiques du design.

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Chaque chaise représente une période particulière de ma vie. Ma première "Tulip Chair" vintage d’Eero Saarinen m’a été offerte par ma tante, qui trouvait qu’elle convenait au drôle d’oiseau qu’elle voyait en moi. J’ai aussi quatre chaises postmodernes (Salina, Ibiza, Vulcano et Elba) du designer allemand János Fische.

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Qui aurait sa place au dîner de vos rêves?

Mon partenaire, ma famille proche, mes amis fidèles et mon père, décédé depuis plus de vingt ans. Comme je suis assez sociable, ce serait un grand dîner. Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui serait invité: nous sommes des amis de longue date, mais nous ne nous voyons que dans le cadre professionnel. J’inviterais aussi Lina Bo Bardi, une architecte qui a fait converger architecture, art, culture et littérature.

Je voudrais rencontrer l’artiste Steve McQueen et lui dire à quel point son film "Giardini", présenté à Venise, a changé ma vision de l’architecture. Et Raf Simons, ami et ex-voisin: j’ai tant de choses à lui demander sur sa carrière! J’inviterais aussi l’écrivaine néerlandaise Marieke Lucas Rijneveld, car elle bouleverse le concept de genre et écrit de manière incroyablement ouverte, authentique et vulnérable. Et Zara Rutherford: à 19 ans, elle a fait le tour du monde en avion en cinq mois. J’éprouve un grand respect pour les personnes qui se remettent en question, qui continuent à découvrir et à entreprendre.

Qu’est-ce qui vous a récemment fait tomber de votre chaise?

La monographie que nous venons de publier avec B-architecten. Et la façon dont l’homme gère l’environnement. Malheureusement, c’est la seule menace réelle que nous ne pouvons pas juguler.

Avez-vous déjà retiré une chaise sous quelqu’un?

J’espère que non, mais qui sait? Autrefois, j’avais un peu trop d’énergie et, sans le savoir, j’ai peut-être été rude. Au fil des ans, je suis devenu plus sage et plus réfléchi. Considérer chacun comme un égal, l’aborder avec respect et ouverture d’esprit: c’est ainsi que naissent les moments qui comptent vraiment, et c’est ça qui est merveilleux.

Restez-vous facilement assis?

Ce n’était pas le cas avant. Il fallait que je sois toujours en mouvement, que j’explore. Mais aujourd’hui, je suis beaucoup plus calme et je choisis mieux mes activités. Je sais apprécier la nature, le calme, un livre et la solitude.

Que faites-vous quand quelque chose vous tracasse?

Avant, je voulais continuer à sourire et surtout ne rien dire, mais j’ai appris à être aussi ouvert et honnête que possible avec moi-même. Et avec les autres. Oser montrer son côté vulnérable, ses vrais problèmes et ce qui vous empêche de dormir, c’est cela qui rend une personne authentique.

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