Lous & The Yakuza, la nouvelle sensation pop et hip-hop bruxelloise, passerait son samedi à chanter (à tue-tête), twerker et dessiner sur son visage si elle le pouvait.
“Gravir les échelons, ça prend du temps”, chante Marie-Pierra Kakoma (24 ans), plus connue sous son nom de scène Lous & the Yakuza, dans "Tout est Gore". Pour la chanteuse de R&B d’origine congolaise et rwandaise, tout est allé très vite. Il y a cinq ans, elle vivait dans la rue à Bruxelles. Aujourd’hui, elle va de Paris à New York pour présenter son premier album "Gore" et incarne l’un des nouveaux visages de la maison Louis Vuitton. Quand elle est à Bruxelles, elle passe son samedi chez elle, dans la commune de Forest.
09:00 – “Chaque matin, je commence par le même rituel: je prends une douche et je médite. Je me vide la tête et je passe en revue mes émotions, que je traduis ensuite en dessins sur mon visage. Aujourd’hui, c’est une ligne avec un demi-cercle entourant un point, symbole de deux mains levées. Ensuite, j’écris ‘YAKS’, une abréviation de Yakuza, pour penser à mon équipe. J’ai aussi dessiné le chiffre romain VII, soit le nombre de notes de musique. Et, ici, j’ai écrit ‘RAGER’, le mot-clé de mon discours pour Black Lives Matters, dans lequel j’ai appelé à canaliser notre colère en amour.”
09:30 – “Je suis attentive à ce que je porte. Le weekend, c’est sweat et jogging, mais avec un grain de fantaisie!”
10:00 – “J’écris toute la journée. Des chansons, des romans, des nouvelles et là, un livre pour les enfants que j’illustre avec mes dessins. Je fais beaucoup de trucs bizarres pendant mon temps libre!” (rires)
12:00 – “Quand je n’écris pas, je peins. Mes œuvres sont très colorées et ressemblent à des masques africains. Quand je peins, je chante à tue-tête dans des langues que je ne comprends même pas, comme des chansons de la diva italienne Loredana Bertè, du musicien malien Salif Keïta ou des ballades japonaises. Comme je vis dans un immeuble tout neuf en grande partie inoccupé, je ne risque pas de déranger mes voisins!”
13:30 – “Mon rythme de travail est tel que j'ai difficile à voir mes amis. Alors, je profite de mes journées libres pour planifier plein de rendez-vous. Nous déjeunons chez Peck 20, dans le quartier Louise, avant d’aller au Parvis de Saint-Gilles, mon endroit préféré à Bruxelles.”
16:00 – “Quand je n’ai pas d’autre projet, il m’arrive de marcher jusqu’à la Porte de Namur, où j’ai vécu dans la rue pendant quelques mois, il y a cinq ans. (Quand elle abandonne ses études pour la musique, ses parents lui ont coupé les vivres et elle s’est retrouvée sans abri. C’est son ami, le rappeur Damso, qui l’a sortie de ce mauvais pas, NDLR). Je parle aux passants, je m’imprègne de l’atmosphère. Malgré tout, j’ai de bons souvenirs ici.”
18:00 – “Je ne fais pas de sport, mais je danse à la maison presque tous les jours. Les gens ne comprennent pas que je sois à la fois impliquée dans Black Lives Matter et que puisse aimer twerker, comme s’il fallait rester sérieux si on s'occupe de politique!”
20:00 – “Pendant le confinement, j’ai appris à cuisiner, il était temps! Je préfère cuisiner pour les autres plutôt que juste pour moi. Je fais des tacos et du chili con carne, ma spécialité.”
23:00 – “Ce soir, j’ai rendez-vous avec ma famille sur Zoom. Je suis née au Congo, je suis arrivée à Bruxelles à cinq ans, je suis partie au Rwanda à neuf ans et je suis revenue en Belgique à quinze ans. Ma mère vit au Rwanda, mon père au Congo, ma sœur aînée au Canada et mon frère au Kenya. Grâce à Zoom et WhatsApp, nous formons une vraie famille!”
24:00 – “Ma maison est pleine de bougies parfumées, d’encens et de lumières d’ambiance. Je crée ainsi une atmosphère spirituelle, presque indienne, et je prie. Je crois en toutes sortes de religions, du moment qu’elles parlent d’amour.”