Le critique culinaire Jan Scheidtweiler s'attable au restaurant Vicomté à Péruwelz, où le talentueux jeune chef Quentin Gallopyn propose une cuisine généreuse.
Il arrive que la vie offre une belle occasion de passer de l'ombre à la lumière. C'est ce qui est arrivé à Quentin Gallopyn à l'automne 2023. Le jeune chef, alors âgé de 25 ans, travaillait comme second de Benoît Neusy au domaine d'Arondeau à Péruwelz. Lorsque son patron quitte les lieux pour un nouveau projet au domaine du Chant d'Éole, Gallopyn est nommé au poste de chef. L'étoile Michelin s'en est allée, mais son enthousiasme a pris le relais.
Par une soirée d'été ensoleillée, le domaine de quinze hectares est idyllique. Le restaurant Vicomté s'est installé dans un petit château XIXe. Le maître d'hôtel, qui semble aussi jeune que le chef, nous conduit vers une orangerie où sera servi le dîner avec une vue imprenable sur un étang et une allée bordée de châtaigniers.
Bien que le décor puisse suggérer le contraire, les prix restent accessibles. Un menu quatre services est proposé à 65 euros, ce qui est raisonnable pour un restaurant gastronomique. Les amuse-bouche (à partir de 21 euros) sont prometteurs. L'aérien croustillant de foie gras est rehaussé par l'agréable acidité d'un sabayon au vin blanc. La croquette de pecorino, un peu roborative, est néanmoins dynamisée par un gel d'agrumes. Quant à la délicieuse focaccia, elle confirme les ambitions de la section boulangerie-pâtisserie.
Les cinq fines tranches d'espadon mariné façon gravlax (28 euros) sont moins convaincantes, malgré le savoir-faire du chef illustré par un sorbet à la tomate et quelques touches de guacamole, car le poisson manque de fraîcheur. En revanche, le filet de veau (22 euros), accompagné de piquillos doux, de basilic et d'une délicate préparation de légumes du sud rappelant la ratatouille, se révèle nettement plus réussi. Outre la qualité de la viande, le chef se distingue par une sauce exquise, une version de la sauce choron dans laquelle la tomate a été remplacée par les mêmes piquillos.
Une généreuse assiette de bœuf (82 euros pour deux personnes), accompagnée de broccolini et d'une fleur de courgette, est servie avec deux excellentes sauces: une dijonnaise fraîchement montée et un chimichurri à la tomate.
Bien que tout ne soit pas parfait, l'enthousiasme de ce jeune chef se traduit par des assiettes regorgeant de saveurs et de plaisir.
Cette enseigne a fait l'objet d'une visite anonyme, financée par Sabato.
Vicomté
| Adresse | Rue d'Arondeau 29, 7601 Roucourt (Péruwelz)
| Tél. | 069/22.16.89
| Site web | domainedarondeau.com
| Fermé | Le lundi et le mardi
Décibels
Ambiance agréable et calme, avec un niveau sonore moyen de 61 dB.
Addition
99 euros par personne (comptez 73,50 euros pour les plats et 25,50 euros pour les boissons).
Sommelier
La carte de dix-huit pages en cours de renouvellement propose de grands noms (Cuilleron dans le Rhône, Dauvissat à Chablis), six vins au verre (de huit à dix euros), dont un côtes-du-rhône du domaine Chamfort (neuf euros).
On y retourne?
Tant que ce chef prometteur sera au piano, j'y reviendrai avec plaisir.