Deux étoiles au Michelin et 19,5/20 au Gault&Millau: Bon Bon, le restaurant de Christophe Hardiquest (47 ans), a fermé au milieu de l’année dernière, après vingt ans de (très) bons et loyaux services. Le chef a tourné la page et lancera un nouveau concept le 7 février, sous le nom de Menssa. Première différence: les 44 couverts de Bon Bon seront réduits de moitié. “Ce sera un comptoir gastronomique où l’on mange au comptoir, face aux chefs, comme on le voit souvent au Japon”, révèle Hardiquest. “Il n’y aura pas de service en salle, sauf à une table privée de quatre à six couverts, pour limiter le personnel de salle. Je passe d’une équipe de 24 à 8 personnes: je voulais simplifier et me rapprocher de la clientèle.”
Revenir à l’essentiel, ce n’est pas une idée neuve. Le nouveau nom, Menssa, fait référence à “mensa”, qui signifie “table” en latin. En réalité, il s’agit d’une sorte d’abréviation de “Maison d’Exception de l’Essence de Saveur”, et Hardiquest en donnera sa propre interprétation.
Le concept est pour le moins original. “Nous travaillerons des produits qui sont souvent oubliés par les chefs. Nous préparerons des rognons d’agneau et de lapin, de la langue de porc ibérique et des sprats. Et beaucoup d’herbes sauvages de la forêt de Soignes. Mon objectif est de faire découvrir d’autres choses. Qu’avez-vous vécu si vous n’avez mangé que du filet de bœuf? Et que faites-vous des autres morceaux? Je ne vais pas bannir les produits de luxe de ma cuisine, mais il y aura toujours un produit pauvre dans l’assiette: j’aime ce contraste. Bien sûr, la qualité restera exceptionnelle. Nous devons réfléchir, faire beaucoup de tests et prendre des risques”, explique Hardiquest.
“Il faut des connaissances spécifiques pour préparer une queue de porc, par exemple: moi, je vais la combiner avec des giroles et des crevettes. Je suis aussi en train d’élaborer une recette de foie gras belge sur un tartare de crevettes, d’huîtres et de caviar. Je combine trois saveurs, comme pour un sandre cuit au vin rouge avec de la moelle ou des croustillons de pommes de terre farcis au crabe de la mer du Nord et à l’oursin.”
“Je vais aussi réduire la consommation d’énergie: nous cuisinerons au feu de bois et beaucoup de choses seront crues, comme un sushi de moelle. Et je vais pratiquer des techniques que je ramène de mes voyages, mais avec des produits locaux. Par exemple, un ceviche de moules de Zélande. Un ami de Hong Kong m’a donné sa recette de sauce XO, que je vais adapter à ce que l’on trouve ici pour en faire une sauce XO belge. Je la servirai avec de la blette pour accompagner un carpaccio de Saint-Jacques.”