Le Corbusier avait décrit les Dolomites comme étant "la plus belle œuvre architecturale au monde", avec ses imposantes et spectaculaires parois verticales.
Le Corbusier avait décrit les Dolomites comme étant "la plus belle œuvre architecturale au monde", avec ses imposantes et spectaculaires parois verticales.

En Italie, les topchefs prennent les pistes de ski d'assaut

Les chefs de la région des Dolomites, dans le Sud-Tirol, s’emparent des pistes de la vallée d’Alta Badia, à trois heures de route de Milan ou de venise. Au menu? Une cuisine ‘pendant-ski’ de haut vol. Bon appéski!

Un peu de crauti (choucroute)? De la soupe? Ou peut-être des tagliatelles? Rien de tel pour se remettre d’une journée au ski. Les skieurs/foodies ont peut être trouvé leur éden, grâce à une poignée d’irréductibles romains qui, dans la vallée d’Alta Badia, et ses six villages, s’attellent à faire rimer cuisine de montagne et gastronomie, en faisant appel aux producteurs et artisans locaux. Les produits du terroir certes, mais avec modernité et justesse. Et pas que pour l’après-ski, mais aussi pendant que l’on skie.

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Le chef doublement étoilé Norbert Niederkofler, du restaurant St. Hubertus du Relais & Châteaux Hotel Rosa Alpina à San Cassiano.
Le chef doublement étoilé Norbert Niederkofler, du restaurant St. Hubertus du Relais & Châteaux Hotel Rosa Alpina à San Cassiano.
© Nathalie Warny

Parmi eux, à la hutte ‘Col Alt’, le très sympathique et emblématique chef doublement étoilé Norbert Niederkofler, du restaurant St. Hubertus du Relais & Châteaux Hotel Rosa Alpina à San Cassiano, prend du service. Niederkofler est d’ailleurs le chef de file du Gourmet Ski Safari: il a été skieur professionnel dans une autre vie. La montagne, ça le connaît; la gastronomie, c’est son fer de lance. Aujourd’hui, deux étoiles sont associées à son nom. Il concoctera notamment une soupe au vin avec des croutons aux herbes, de l’omble mariné (un poisson de la famille des salmonidés) et bruschetta de pommes de terre. Il émoustille mes papilles avec son jarret d’agneau braisé. "J’opte souvent pour l’agneau parce que c’est, en réalité, une viande typique de la région. Et parce qu’elle me rappelle mon enfance: à l’époque, nous ne mangions de la viande qu’une fois par semaine. Rôti ou braisé avec des herbes et un trait de vin", précise le chef avec simplicité.

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Assiette et bonne franquette
Le concept du Gourmet Ski Safari, qui a lieu ce 13 décembre sur les pistes du domaine de la station d’Alta Badia, est de mettre en lumière une gastronomie encore trop peu connue. Et, pour cette quatrième édition, huit chefs répertoriés au Michelin prennent part à l’évènement, dont quatre de la région du Sud-Tyrol avec, pour chacun, des plats distinctifs dans les 14 rifugios (réfuges de montagne ou hutte). Le reste de la saison, les plats restent au menu des huttes dans le cadre du festival ‘A Taste for Skiing’.

Au rifugio Piz Arlara, on peut déguster 4 plats du plus jeune chef d'Italie référencé par le Guide Michelin, Matteo Metullio. Et le tout pour 40 euros.

Il y a la ‘vieille’ génération, mais on peut également compter sur la présence du plus jeune chef italien repris dans le guide du Michelin, Matteo Metullio. Au rifugio Piz Arlara, il préparera une tourte au fromage Caprino sur un lit de betteraves rouges avec un ragoût de porc et cacahuètes, repris à la carte de son restaurant La Siriola de l’Hôtel Ciasa Salares à San Cassiano.

Les Dolomites, de la dynamite
Ou encore, entre deux slaloms, les skieurs peuvent comparer les mérites de Nicola Laera, Chris Oberhammer et quatre autres chefs. C’est là que réside tout l’attrait de la journée: la rencontre avec les chefs. Comme à la cantine. Poignées de mains, on bavarde, on rit, on échange quelques petits secrets de cuisine et un, voire plusieurs, verres de vin… Ce sont peut-être des chefs étoilés, ou en passe de l’être, mais c’est convivial: on est à mille lieues de l’atmosphère gindée des restaurants étoilés de la vallée, mais plus proche de la bonne franquette entre potes. Pour 40 euros, indéniablement, ça vaut le détour. Et une bonne raison pour ne pas dévaler les pistes à toute vitesse.

Car on mange, on mange très bien même. Mais ça reste une semaine aux sports d’hiver, faut pas croire: pour atteindre chaque hutte, on skie, on déchausse, on marche, on monte, on descend. Et dans la neige, c’est du sport! J’avoue, j’étais bien heureuse de pouvoir monter sur le quad des neiges. Petite récompense, un Bombardino, une riche liqueur d’œufs qui ravive le corps et l’esprit, dit-on par ici. Les Dolomites restent d’ailleurs le domaine ultime pour des sports d’hiver. Le Corbusier les avait décrites comme étant "la plus belle œuvre architecturale au monde", avec ses imposantes et spectaculaires parois verticales. Et l’UNESCO lui a donné raison: le massif montagneux, situé dans le nord des Alpes italiennes et qui compte 18 sommets de plus de 3.000 mètres, est inscrit sur la liste du Patrimoine Mondial depuis 2009.

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© Nathalie Warny

Ladin mais pas anodin
De là-haut, ce jour-là, personne, il est bien tôt top. Pas un témoin du splendide spectacle de couleurs qu’il nous est donné de voir entre les rayons du soleil et ces murailles verticales, entre 1.300 et 2.800 mètres d’altitude. À l’aube ou au crépuscule, les rayons du soleil jouent sur la roche de corail minéralisé (la dolomite) qui compose ces montagnes, et provoque des changements de couleur rose ou rouge, parfois violet, un phénomène unique au monde que l’on appelle ici l’Enrosadira.

© Nathalie Warny

Le petit-déjeuner pourrait me sortir de mes pensées, mais c’est plutôt une langue qui ne m’est pas familière qui éveille ma curiosité. Deborah, notre accompagnatrice, s’affaire. Et parle en ladin, cette étrange langue locale, que l’on ne parle nulle part ailleurs. J’ai beau être en Italie, ça n’y ressemble en rien. Et pour cause, le ladin, une des langues les plus rares d’Europe et un savant mélange d’allemand, d’italien et de romanche, est la langue maternelle de quelque 30.000 personnes. Petite leçon d’histoire: ce n’est qu’en 1919, lors du Traité de Versailles, que la région est annexée à l’Italie. Ainsi, à trois heures de route au nord de Milan, la vallée d’Alta Badia offre quelque 130 kilomètres de pistes jalonnées de rifugios qui proposent donc autre chose que des sandwichs hors de prix et peu gouteux.

Quant aux plus sportifs, le domaine de Dolomiti Superski et ses 12 domaines skiables est facilement accessible. Autant dire, sans fausse modestie, qu’il s’agit du plus imposant domaine au monde: 1.500 kilomètres de pistes skiables, 450 remontées mécaniques et tutti quanti. Entre la gastronomie au sommet et les pistes savoureuses de la région, j’en perds mon ladin.

Infos
Jusqu’au 4 avril, le festival ‘A Taste of Skiing’ regroupe une série d’évènements mêlant ski et gastronomie tels que le Gourmet Ski Safari (uniquement le 13 décembre). La place à table revient à 40 euros pour 4 services, vins compris, que l’on peut acheter directement dans les huttes participantes. On se déplace de hutte en hutte (de 11h à 15h30). www.altabadia.org
Vols sur Venise ou Milan, comptez ensuite 2h30 de route pour rejoindre Corvara.  

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