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Les 100 meilleurs "plats signature" de 100 grands restaurants

Huit amuses-bouches, 18 entrées, 58 plats principaux et 16 desserts : dans notre guide "The 100 Food", 100 grands restaurants nationaux et internationaux présentent leurs plats emblématiques.

Le guide complet le 26 octobre sur L'Echo et dès maintenant sur sabato.be.

Je ne vous apprendrai rien en disant que chaque bouchée d’un plat comble la faim, mais raconte aussi une histoire. La croûte saline d’une pâtisserie est comme un historique de nos ancêtres. La bonne odeur d’un ragoût de saison peut nous emmener au septième ciel. Le steak tartare, la dame blanche ou la brioche pour lesquels on se damnerait, sont aussi, bien évidemment, les meilleurs du pays, que dis-je?, du monde!

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Dans ce numéro de Sabato 100 Food, nous vous proposons 100 restaurants et autant de plats qui restent sur les papilles longtemps après avoir été consommés. Ce sont des plats signatures, des plats très personnels qui permettent aux chefs de nous immerger dans leur univers, leurs souvenirs d’enfance ou même leur critique sociale. Ce sont ces spécialités que les connaisseurs choisissent aussitôt attablés. Quoi qu’on en pense, voici un guide agréable à lire et relaxant, car il élimine le stress lié au choix. Bon appétit!

Natalie Helsen, coordinatrice The 100 Food

Montrez-moi un plat, et je vous dirai qui est le chef. Non, ce n’est pas le concept d’un programme télé à la "The Masked Chef", mais la définition de ce qu’est un plat signature. Qu’est-ce qui distingue un plat signature d’une spécialité? Et comment un plat parvient-il à acquérir ce statut? Trois grands chefs belges nous en disent plus.

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Dans les années 60, l’escalope de saumon à l’oseille de Jean et Pierre Troisgros marqua un tournant dans le paysage culinaire français: ce fut le manifeste de ce que l’on appelle "la nouvelle cuisine". La purée de pommes de terre de Joël Robuchon -250 grammes de beurre, 250 ml de lait, 1 kilo de pommes de terre- reste une référence. Quant au gargouillou de Michel Bras, il a inspiré à Gert De Mangeleer un de ses plats signatures, promenade au jardin – avec l’aval de Michel Bras, bien sûr. Comment expliquer qu’un plat puisse émouvoir ou captiver autant de personnes? Et pourquoi certains doivent-ils rester à la carte, parfois même contre le gré du chef?

"Un chef peut être un artisan hors pair sans pour autant développer une signature."

Idéalement, un plat signature devrait se distinguer instantanément: c’est le plat qui se suffit à lui-même, unique par son histoire, ses saveurs et sa présentation. Pour le créer, un chef doit d’abord trouver son propre style. Un chef peut être un artisan hors pair sans pour autant développer une signature. Il peut exceller dans la préparation d’un vol-au-vent, ce qui est assurément un atout, mais cela restera sa spécialité, sans atteindre le statut de plat signature.

"Pour concevoir un plat signature, il faut faire preuve de créativité", pose le chef Gert De Mangeleer. "C’est un peu comme un artiste", ajoute Peter Goossens. "On reconnaît un Picasso d’un Cézanne. Un style doit être reconnaissable, que ce soit dans un menu ou à la carte." Pour développer ce style, les chefs sont unanimes: il faut rester fidèle à soi-même. "Et maintenir cette ligne de conduite", précise Goossens. "Les clients qui viennent manger chez vous ont certaines attentes. Dès le départ, je savais que je voulais faire de la cuisine française, car c’est tout simplement celle que je préfère."

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David Martin a mis du temps avant de trouver le style de cuisine qui lui correspondait vraiment. Il y a 18 ans, quand il reprend la brasserie La Paix à Bruxelles, c’est un restaurant de viande. Un voyage au Japon plus tard, Martin sait comment il souhaite cuisiner. En 2017, il remanie complètement sa carte, ce qui entraîne une chute de 80% des réservations. "Pourtant, je n’avais jamais été aussi sûr de moi!", s’exclame Martin en riant. "Je ne fais pas de cuisine japonaise, mais j’aime cette approche épurée, cette quête constante de l’harmonie parfaite." Le temps lui a donné raison: sept ans plus tard, le chef arbore deux étoiles Michelin sur sa veste.

Quant à De Mangeleer, qui a fermé son trois étoiles Hertog Jan fin 2018 pour se consacrer à l’ouverture de nouveaux établissements, il est revenu à sa passion en ouvrant un Hertog Jan à Anvers fin 2021. "Que ce soit au L.E.S.S. ou au Bar Bulot, nous avons adopté un style de cuisine bien défini auquel j’ajoute une touche créative, mais ce n’est pas ma signature. Celle-ci, vous la trouverez au Hertog Jan." C’est aussi pour cette raison que certains plats du chef figurent à la carte depuis 20 an. "Un plat signature digne de ce nom doit être intemporel", affirme-t-il.

Peut-on faire encore mieux?

Au-delà de cette quête créative, les chefs partagent également le souci constant de perfectionner leurs techniques culinaires. À ce niveau, la cuisine prend une dimension presque maniaque, une qualité nécessaire: c’est cette précision extrême qui rendait le turbot du Hof van Cleve bien supérieur à celui d’autres grandes tables. "Un plat peut être parfait, mais il faut constamment se remettre en question: ne pourrait-il pas être encore meilleur? C’est ainsi que j’ai découvert que le turbot ne cuisait pas du tout de la même manière dans un four à pain que dans un four à air chaud, pourtant tous deux sur 200°C. Ce sont ces détails apparemment insignifiants qui font toute la différence. Il faut une discipline de fer pour vraiment se démarquer", confie Peter Goossens.

Il est normal que les menus ne soient pas composés uniquement de plats signatures: leur développement prend tout simplement trop de temps. De Mangeleer, par exemple, a consacré neuf mois à la création de son dernier plat signature, ‘beef no beef’, de la betterave rouge déshydratée accompagnée de caviar maturé au kombu. "Après tant d’efforts pour concevoir un plat, il serait dommage de le retirer de la carte au bout de six semaines, non?", plaisante-t-il. "Et ce plat doit être original. Une idée germe dans mon esprit: je l’esquisse, note des mots-clés et imagine des saveurs que je combine mentalement, comme un défi à relever. Ensuite seulement, je passe aux essais en cuisine. Ça passe ou ça casse, mais avec l’expérience, j’y arrive presque à tous les coups."

David Martin également est convaincu qu’un chef ne peut pas créer plus d’un plat signature par an. Cependant, il aime impliquer l’ensemble de sa brigade dans ce processus. "Chacun d’entre eux, des plus expérimentés aux débutants, peut proposer une idée. Idéalement, elle doit être liée à une expérience personnelle que j’ai vécue. Ensuite, nous vérifions si cela existe déjà (oui, cela nous est déjà arrivé une fois!) et ce n’est qu’ensuite que nous passons à la cuisine. Tout le monde goûte et, ensuite, nous laissons le projet reposer pendant trois semaines avant de le goûter à nouveau. Si nous sommes toujours convaincus par cette création, nous mettons le plat la carte. Quand on trouve un nouveau plat signature, on le sait tout de suite, on le sent. C’est comme découvrir une nouvelle planète!"

The foodies

Natalie Helsen

Journaliste freelance et coordinatrice de ce numéro spécial, elle a la réputation, acquise dès son plus jeune âge, de dévorer deux repas du soir dès que l’occasion se présente. Elle aime tout tant que c’est bien cuisiné: le boudin, le blanc de poulet, les moules de bouchot et le homard de l’Escaut oriental. Et elle garde toujours une petite place pour le dessert.

Marlies Beckers

La critique gastronomique freelance a fait le calcul: elle va au restaurant une centaine de fois par an. C’est ce qui arrive quand on organise son travail, ses voyages et sa vie en fonction de sa passion. Ses amis savent que cette journaliste, qui possède un diplôme de cuisine, pleure quand elle a faim et qui n’a fait ses premiers pas qu’attirée par une praline.

Jan Scheidtweiler

Le critique gastronomique de Sabato est, à la fois, assez âgé pour se souvenir de la vague moléculaire du début du siècle et assez jeune pour savoir à quoi doivent ressembler chawanmushi, baba ganoush et smash burgers. Il s’emballe pour le saumon aux poireaux, vinaigrette gingembre-soja, un plat signature du top chef Éric Ripert.

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René Sépul

Journaliste et critique, mais plus journaliste que critique, car plus qu’un juge, c’est un curieux. Il préfère découvrir ce qui se passe dans les petits quartiers plutôt que dans les temples sacrés de la gastronomie, il aime ce qui change, mais aussi redécouvrir des saveurs oubliées.

Brecht Vanzieleghem

Quand il ne travaille pas pour l’agence graphique Mirror Mirror, il réalise des illustrations et c’est ainsi que la nourriture est devenue sa spécialité. Il considère Bottura et Botero comme des héros et adore les livres de cuisine, les vitrines des boucheries et les tableaux qui mettent en scène de la nourriture.

Amélie Vincent

Elle sait où trouver la crème de la crème, car c’est une chasseuse de talents: en tant que coorganisatrice d’instituts culinaires internationaux tels que San Pellegrino Young Chefs et World’s 50 Best, elle parcourt le monde à la recherche des tables où est servie la crème de la crème. Quant aux plats signatures, elle les adore tellement qu’elle en a fait un beau livre, paru aux éditions Lannoo, "Signature Dishes, chefs share their secret recipe".

Bert Voet

Journaliste indépendant, il est mordu de bonne chère depuis que, enfant, il a vu son père se régaler d’une tête de lapin. Depuis, l’aventure culinaire n’a jamais été assez dépaysante. Cette année par exemple, il a dégusté un taco de rat musqué aux plantes sauvages et un bœuf wagyu à la truffe préparé par le top chef Sergio Herman.

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