Du sel aux noix en passant par les jus de fruits et le beurre de cacahuètes, on ajoute des probiotiques à presque tous les aliments. En effet, ces micro-organismes vivants stimuleraient le transit intestinal, galvaniseraient le système immunitaire et seraient bénéfiques pour les personnes souffrant d'hypertension artérielle, d'hypercholestérolémie ou de dépression. Mais sont-ils le gage d'une meilleure santé?
Pour les personnes qui l'ignorent encore, les probiotiques sont des bactéries. On les appelle aussi "ferments" ou "bactéries lactiques vivantes". Ces micro-organismes ne sont pas nos ennemis: ceux qui prospèrent dans nos intestins, par exemple, jouent un rôle essentiel.
Il existe différentes souches de probiotiques, comme les Lactobacillus et les Bifidobacterium, chacune avec des effets spécifiques. Il est donc difficile de faire des généralités sur les probiotiques, car c'est un ensemble de différents micro-organismes. On ne peut pas non plus parler des bénéfices apportés par les aliments enrichis aux probiotiques si un réel effet sur la santé n'a pas été démontré. Or, c'est rarement le cas, du moins pour l'instant.
Avons-nous vraiment besoin de suppléments de probiotiques dans notre alimentation? Cette question est actuellement traitée par le monde scientifique, dont fait partie Sarah Lebeer, bio-ingénieur et microbiologiste à l'Université d'Anvers.
"Les personnes en bonne santé n'ont pas nécessairement besoin de suppléments de probiotiques, mais les preuves de leur potentiel à réduire le risque de certaines maladies sont de plus en plus nombreuses. De plus, avec nos mode de vie occidentaux et nos environnements urbains, nous mangeons moins d'aliments fermentés contenant des micro-organismes vivants. Il n'est donc pas si extravagant de prendre des suppléments de probiotiques."
Cette prise de conscience est apparue dans les années 90, avec l'arrivée sur le marché du remède miracle du médecin japonais Minoru Shirota, le Yakult, vite copié par la concurrence (Actimel et Activia). Ces boissons riches en ferments lactiques promettaient une foule de bienfaits, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui: en effet, la législation européenne est devenue plus stricte en matière d'allégations nutritionnelles et de santé.
Aujourd'hui encore, il reste difficile d'établir et de prouver les bienfaits des aliments enrichis aux probiotiques même si, d'un point de vue marketing, c'est bingo. De plus, avec la tendance culinaire des légumes fermentés, ces petites bestioles invisibles à l'oeil nu sont devenues trendy.
En effet, le processus de fermentation nécessite l'intervention de bonnes bactéries. "Bien que les chefs et les foodies aient relancé l'intérêt pour la fermentation spontanée, les bactéries qui sont à l'origine des aliments comme le kimchi, le kombucha ou le miso sont beaucoup moins étudiées", affirme la chercheuse. "Leurs effets bénéfiques pour la santé ne sont pas encore bien identifiés et restent incertains."
Une autre question importante que se pose la science est de savoir si les micro-organismes peuvent survivre dans le sel, le jus de fruit ou la pâte à tartiner. "Comme toutes les bactéries ne tolèrent pas un environnement acide ou salé, on ne peut pas ajouter n'importe quel micro-organisme à n'importe quel aliment", précise-t-elle. Quoi qu'il en soit, des études globales indiquent qu'il y a de nombreux effets bénéfiques, mais pas sous n'importe quelle forme ni dans n'importe quel aliment. Une affaire à suivre...