Jan Scheidtweiler s’attable chez Eliane, où Kobe Desramaults prouve qu’il reste fidèle à sa vision de la gastronomie.
Revoilà Kobe Desramaults, le chef insaisissable et créatif qui avait transformé In de Wulf et Chambre Séparée à Gand en lieux de pèlerinage culinaire, est de nouveau aux commandes. Après la Sicile et un passage par la case "chef privé", il s’installe au cœur de la capitale. Réussira-t-il à nous faire revivre la magie de son univers gastronomique chez Eliane?
Dès que l’on pousse la porte vitrée du rez-de-chaussée de cet immeuble de bureaux, on pénètre dans l’univers singulier de Kobe: des étagères de livres et de vinyles, un design chaleureux et stylé et un imposant comptoir. Dans les cuisines, le feu occupe une place moins centrale: ici, pas de flammes vives, mais un discret gril japonais konro. Le chef s’est entouré d’une équipe solide: outre son fidèle second Tiziano Franchetta, trois autres cuisiniers officient à ses côtés, un effectif impressionnant pour un restaurant d’à peine 20 couverts. En salle, le talentueux sommelier Esteban Casteur (ancien de Rebelle) apporte une belle valeur ajoutée à l’expérience gastronomique.
Eliane est un restaurant cher et ne permet aucun choix: pas de carte, mais un menu unique composé de 18 petites créations, accessible uniquement avec prépaiement de 285 euros. À ce tarif-là, l’excellence est de mise. Et elle est bien au rendez-vous. Dans chaque bouchée. Même si le chef opte aujourd’hui pour une approche plus mesurée et moins spectaculaire que lors de sa période "feu et fumée" à Chambre Séparée: il réussit à transformer une simple moule déposée sur une très fine tranche de pomme de terre frite en une bouchée inoubliable. Cela va jusqu’au beurre, que la plupart des restaurants se contentent d’acheter. Ici, il est baratté sur place avec la crème d’une ferme bio belge.
Heureusement, des produits de luxe jalonnent également ce menu, intervenant dans des créations délicieuses comme une délicate gaufre garnie d’oursin ou un morceau de homard breton laqué dans un jus de bouillabaisse intensément réduit. Une raviole de céleri-rave aux saveurs profondes est sublimée par de belles lamelles de truffe.
Naturellement, les 18 services n’atteignent pas tous le même niveau d’excellence -l’association crabe et châtaigne manque un peu de relief-, mais les moments d’exception l’emportent largement, et jusqu’à la dernière bouchée: la surprenante combinaison de glace à la betterave rouge, chocolat et sabayon à la kriek lambic mérite sans conteste une nomination pour le "dessert de l’année". Et la magie? Elle opère toujours.
Cette enseigne a fait l’objet d’une visite anonyme, financée par Sabato.
Eliane
| Adresse | Rue Saint-Laurent 36-38, 1000 Bruxelles
| Tél. | 0499/39.82.89
| Site web | elianerestaurant.be
| Fermé | Le samedi, dimanche et lundi
Décibels
Niveau sonore raisonnable: moyenne de 65 dB.
Addition
J’ai payé 341,50 euros (285 euros les plats et 56,50 euros les boissons).
Sommelier
Domaines réputés (Sylvain Pataille, Radikon, Vega Sicilia), Classiques du Bordelais et de Bourgogne, bouteilles plus originales, dont les vins orange. L’accord mets-vins est à 140 euros; le vin au verre, de 9 à 15 euros.
On y retourne?
Vu le prix, ce n’est pas un restaurant où l’on a son rond de serviette. Il n’empêche que j’aimerais beaucoup y retourner.