Le critique culinaire Jan Scheidtweiler s’attable au Magnà: des incontournables de la cuisine italienne qui gagneraient cependant à avoir plus de caractère.
Élu "Italien de l’année" par Gault&Millau en novembre 2022, le restaurant Felicità à Waterloo a rendu son tablier à la fin du mois de mars après presque cinq ans d’activité, suite aux problèmes de santé de son chef Renato Carati. Le duo que ce dernier formait avec l’animateur télé Jean-Michel Zecca a vendu l’établissement à Steve Mirelli et Timothy Benazzi, qui tiennent également Socio-Pâtes, une autre enseigne italienne à Charleroi.
Hormis le nom (Magnà signifie "mange" en dialecte romanesco), les nouveaux propriétaires semblent n’avoir que peu modifié les lieux derrière la façade noire à l’auvent vert: avec ses poutres et son plafond peints en blanc, son parquet et ses confortables banquettes adossées aux murs de briques brutes, l’intérieur est toujours aussi élégant. De la cuisine semi-ouverte s’échappent des sons rassurants et feutrés.
La carte n’a pas subi de changements révolutionnaires non plus. Si certains plats emblématiques du chef Carati, comme les pappardelle à la saucisse d’Aragon, ont évidemment disparu, les classiques familiers, comme le carpaccio de bœuf (20 euros), la parmigiana d’aubergines (24 euros) ou l’osso buco (30 euros), sont toujours présents. Les nouveaux propriétaires semblent vouloir jouer la carte de la sécurité, malgré quelques propositions originales comme les artichauts frits (20 euros).
Le rythme du service n’est pas encore tout à fait au point: il faut attendre plus d’une demi-heure en grignotant des taralli, ces biscuits salés aux graines de fenouil typiques des Pouilles, et un savoureux pain à l’huile d’olive, avant de voir apparaître une belle assiette de raviolis farcis au crabe, servis dans une sauce tomate douce qui manque malheureusement d’un peu de profondeur (25 euros). Un plat correct: les pâtes sont fraîches du jour, mais la farce est trop sagement épicée.
L’osso buco est préparé dans les règles de l’art et servi avec un risotto au safran.
Suit une généreuse portion d’osso buco. Le jarret de veau est tendre et moelleux et les puristes de cette recette du nord de l’Italie seront heureux de lire que la sauce est un jus de viande réduit. Le risotto au safran al dente confirme que la préparation est réalisée dans les règles de l’art, mais il y a un mais: il manque la gremolata. Après ce copieux plat principal, un dessert léger s’impose. Le sgroppino, un sorbet au citron et au prosecco, est aérien et frais, mais n’est pas spectaculaire. Sans être un mauvais restaurant italien, le Magnà manque de caractère, de plats mieux inspirés et de saveurs plus profondes pour faire oublier le Felicità.
Infos pratiques
- Adresse | Chaussée de Bruxelles 528, 1410 Waterloo
- Fermé le dimanche et le lundi
- Tél. 02/354.94.54
- www.magnawaterloo.be
Addition
- 72 euros par personne (55 euros le repas, 17 euros pour les boissons).
Décibels
- En ce midi calme, le niveau sonore était de 59,5 dB.
Sommelier
- Carte des vins italienne de 24 références (de 30 à 95 euros). bouteilles intéressantes comme le Gavi di Gavi et un prosecco zéro dosage.
- Le vin au verre: 6 euros.
On y retourne?
Le Magnà n’est pas mauvais, mais je n’y retournerai pas: l’inspiration et la volonté d’apporter une vraie qualité font défaut.
