Jan Scheidtweiler s’attable au Primitif à Gedinne, ou un duo de chefs propose des préparations de haute volée. Ambiance chaleureuse, prix doux et audace culinaire sont de mise.
Les deux chefs et amis Augustin Massinon et Darius Van Hoef s’inspirent du primitivisme, un courant artistique du début du XXe siècle qui s’appuie sur la pureté et l’essentiel. Ce qui pourrait se traduire en cuisine par "sublimer les produits locaux". Ils se sont lancés dans cette aventure à la fin de l’année dernière, après avoir travaillé ensemble à l’Amandier, un restaurant du Brabant wallon.
Pour établir le Primitif, ils ont transformé une bâtisse en pierre naturelle du centre de la commune rurale de Gedinne, près de la frontière française, en restaurant ouvert sur deux étages aménagés avec beaucoup de goût. Comme c’est petit – pas plus de 20 convives – les deux chefs gèrent presque tout eux-mêmes, à l’exception de l’aide compétente d’un jeune serveur en salle.
Dès les amuse-bouches, les deux chefs révèlent leur goût pour les associations originales.
L’ambiance est aussi chaleureuse que les prix sont doux. Le lunch trois services coûte 43 euros, un prix très raisonnable pour un restaurant gastronomique. Pour le dîner, on a le choix entre un menu cinq ou six services (79 ou 99 euros).
Dès les amuse-bouches, les chefs révèlent leur préférence pour les associations inhabituelles. Ainsi, une huître repose sur une brunoise de céleri agrémentée d’un sorbet au melon. Une des entrées associe prune, aubergine, miso et capucine: même si l’ensemble n’est pas totalement convaincant, on ne peut qu’admirer l’inventivité du duo.
Quant à la composition végétarienne de patate douce, physalis, chimichurri et herbes du jardin, elle est parfaitement réussie: un bouillon intense et fumé au mescal, une variante de la tequila, apporte la touche finale de cette entrée originale. De même, le filet de rouget croustillant accompagné de différentes préparations de tomates et huile de feuille de figuier est excellemment exécuté.
Le plat principal est une assiette de bœuf (la viande provient d’un éleveur local - les chefs privilégient autant que possible les producteurs de la région) en deux versions. Là encore, les associations sont audacieuses: le carpaccio de bœuf repose sur de fines tranches de poivron rouge et de pastèque. Quant au filet de bœuf, il est accompagné d’une sauce intense, rehaussée d’une pointe de chocolat.
Chez Primitif, on vit une expérience culinaire hors du commun.
Cette enseigne a fait l’objet d’une visite anonyme, financée par Sabato.
Primitif
15A, rue de Charleville
5575 Gedinne
Tél. 061/51.11.13
www.restaurantprimitif.com
Fermé dimanche, lundi et mardi.
Décibels
L’ambiance est agréable et calme. niveau sonore moyen: 62 dB.
Addition
109 euros par personne (79 euros les plats, 30 euros les boissons).
Sommelier
Une carte européenne courte, mais judicieuse, faisant la part belle aux vins belges et aux références fiables (Muscadet de Luneau-Papin, Baga de Filipa Pato). L’accord mets-vins, 5 verres, est à 36 euros, un excellent prix.
On y retourne?
Avec plaisir. Ce duo fait preuve d’ambition et d’audace. Les prix sont très raisonnables pour un repas comme un beau voyage gastronomique.