Notre critique culinaire Jan Scheidtweiler s’attable à la somptueuse terrasse du Brugmann.
Une des terrasses les plus élégantes de la capitale, dominant un jardin et un parc luxuriants. Le cadre offre une expérience unique: la campagne en pleine ville. Dans sa dernière édition, le guide culinaire Gault&Millau fait l’éloge de la terrasse du restaurant Brugmann, la trouvant même tellement spéciale qu’il l’a élue Terrasse de l’année.
Tant l’entrée que le plat principal laisse un peu sur sa faim.
Par les temps qui courent, une terrasse primée est un atout de taille: même par une météo changeante, avec un soleil éclatant entrecoupé d’averses toutes les demi-heures, il est difficile d’y obtenir une table! Chose faite, elle est impeccablement dressée, nappée de linge aussi blanc que le parasol-parapluie qui l’abrite. Bien que le cadre verdoyant appartienne principalement au parc voisin, il est effectivement très agréable de s’attabler à la terrasse de cette magnifique maison de maître de 1893.
Alors, qu’allons-nous manger? Le chef Matthias Van Eenoo semble être un adepte de la cuisine faite de produits de luxe. La carte propose notamment langoustines, caviar, truffe et poulet de Bresse, produits somptueux s’il en est, et parfaitement adaptés à ce cadre opulent. Les plats principaux vont de 40 à 51 euros, des prix élevés, certes adoucis par un lunch trois services à 28 euros.
Où se voit-on servir une tranche de foie gras à l’apéritif? Si ce mets controversé est banni de la carte de certaines adresses, il semble ici faire partie de la signature du chef: le foie gras savoureux est accompagné d’une brioche grillée et d’un chutney de mangue. Il est également présent dans la farce de la raviole de veau aux langoustines (24 euros), hélas au détriment des langoustines: l’équilibre penche défavorablement en faveur du veau. Le ris de veau braisé (24 euros), escorté d’un délicieux artichaut, est saupoudré de truffe râpée: ce qui devait être une valeur ajoutée est en quantité trop parcimonieuse et s’avère décevant.
Ce manque de saveur se retrouve dans le plat de saint-pierre. Malgré son prix (44 euros), la qualité du poisson laisse à désirer. Par contre, l’assiette de poulet de Bresse (40 euros), mousseline de pommes de terre et jus corsé est une bien meilleure illustration des talents du chef. Mais, tous comptes faits, ça fait cher la vue sur un jardin, même dans sa splendeur printanière.