En attendant la réouverture des restaurants, notre critique culinaire Jan Scheidtweiler teste chaque semaine un menu à emporter. Aujourd'hui: les préparations créatives du chef Stéphane Lefebvre.
Duo de ris de veau et homard. Turbot aux girolles et topinambours, nappé d’une sauce aux notes de café. Cabillaud et saucisse de Morteau... Il n’y a pas si longtemps, Stéphane Lefebvre et Laetitia Haumont servaient presque tous les jours ce genre de plats divins à leur clientèle de gastronomes.
Le chef concoctait des préparations créatives qu’il combinait avec des produits de grande qualité: les pigeons venaient d’Anjou et le porc de Piétrain, d’un boucher local. Et, en salle, son épouse assurait un service discret et offrait ses conseils d’experte en matière de vin: sans surprise, Aux Petits Oignons était fort apprécié des guides gastronomiques et avait décroché une étoile au Michelin et 15 sur 20 au GaultMillau.
"Alors que de nombreux chefs étoilés proposent une cuisine confort à emporter, Aux Petits Oignons reste fidèle à son statut d’étoilé."Jan Scheidtweiler
Le couple est nostalgique de ce beau passé: alors que de nombreux chefs étoilés préfèrent proposer une cuisine confort food accessible à emporter, Aux Petits Oignons reste fidèle à son statut de restaurant gastronomique, même si le chef doit présenter ses petits plats dans des barquettes en aluminium. Cette ambition lui permet de proposer un large choix de plats raffinés à emporter, ce qui ressemble à une étreinte aussi gourmande que festive dans un monde qui semble régi par un style de menu obligatoire.
Toutes les deux semaines, le chef élabore une carte complète, avec un choix de mises en bouche et d’entrées chaudes et froides, quatre plats principaux et deux desserts. En lisant la description, on s’imagine attablé dans l’agréable villa de la chaussée de Tirlemont. Une nage de homard et chou vert (23 euros) côtoie une côte de veau rôtie au romarin et gratin de topinambours (28 euros). Avec un duo très réussi de ris de veau et crevettes rouges (23 euros), le chef va jusqu’à faire le lien avec un de ses plats signature.
La barquette à part de pâtes grecques n’ajoute pas grand-chose au plat, au contraire du délicat bouillon de carotte et safran qui confirme sa grande élégance. Le tartare de thon rouge à l’orientale, au goût frais et pur, accompagné de jeunes oignons, ponzu, citron vert et gelée de tomate (22 euros), est un avant-goût de la belle saison.
Le filet de cabillaud ultra frais du plat principal (25 euros) laisse penser que Lefebvre recourt aux mêmes fournisseurs pour les plats à emporter que pour le restaurant. Sa qualité est irréprochable, comme l’est l’intense mousse de crustacés qui l’accompagne. Hélas, pour le moment, le restaurant demeure fermé, mais ce plat à emporter permet tout de même de se rapprocher de l’expérience offerte.