Jan Scheidtweiler s’attable au Savage à Ixelles: une cuisine créative qui met en valeur les légumes.
Parfois, l’air du temps se lit dans la métamorphose d’un coin de rue. Avant la pandémie, le restaurant Kipkot y était établi, juste en face de l’église Saint-Boniface. Aujourd’hui, le poulet grillé a laissé la place aux légumes locaux, un choix de son propriétaire Louis Leysen.
Celui-ci a fait de son nouveau restaurant une enseigne totalement dédiée au végétarisme et à la durabilité. Les lieux sont stylés: Savage dispose d’un grand espace ouvert et se distingue par ses matériaux naturels et ses motifs végétaux. Installés au comptoir sur des chaises hautes, les clients peuvent observer le chef Joël Rammelsberg à l’œuvre. Celui qui a appris la subtilité gastronomique des végétaux au San à Gand propose ici un menu à base de légumes et d’herbes aromatiques. Cependant, les carnivores et les amateurs de poisson ne sont pas délaissés: ils peuvent commander un morceau de poisson ou de viande en supplément du menu, nouveau point de départ rafraîchissant adressé aux végétariens.
Savage propose une nouvelle approche rafraîchissante qui ravira les végétariens.
Le menu (36 euros les quatre services) est affiché comme un grand jeu de scrabble. Manifestement, le chef aime utiliser des saveurs fumées et grillées pour apporter davantage de profondeur aux saveurs de ses légumes. C’est, par exemple, le cas de l’entrée à la carotte fumée. Outre la subtile saveur fumée, un jus vert et un tourbillon de feuilles fraîches et croquantes apportent une belle valeur ajoutée.
La deuxième entrée porte le nom trompeur d’artichaut, alors que ce délicieux légume n’est présent que sous la forme d’une savoureuse crème, à laquelle un bref passage sur le barbecue a laissé une note fumée, contrebalancée par la note croustillante de morceaux de chou-rave artistiquement découpés. Une excellente préparation qui aurait gagné à être un peu plus consistante.
Cependant, le chef convainc à nouveau avec une préparation plus substantielle, déclinant choux de Bruxelles et navets accompagnés d’un croquant de noisettes. Le bœuf Holstein maturé (30 euros), demandé saignant, prouve que ce chef sait tout aussi bien travailler la viande.
C’est le dessert qui réserve la plus grande surprise: le chef parvient à intégrer du topinambour dans une astucieuse création chocolatée, qui conclut merveilleusement ce passionnant repas.
La récente nomination du Savage au titre découverte de l’année pour Bruxelles par Gault&Millau est parfaitement justifiée!
Adresse
Rue de la Paix 22, 1050 Ixelles (Bruxelles) Tél. 02/513.41.65 www.savage.restaurant
Fermé les dimanche et lundi.
Addition
153 euros pour deux couverts.
Sommelier
Une petite carte de vins naturels pour accompagner les plats végétariens du chef, comme le pinot blanc du Belge Aldeneyck (8 euros le verre).
Décibels
Même si Savage a une cuisine ouverte, ce grand espace n’est pas bruyant. Certaines tables sont plutôt exigües, mais on bénéficie de plus d’espace près de la cuisine.
On y retourne?
Ce concept incarne délicieusement l’air du temps. De plus, le chef est a un réel talent créatif. J’y retournerai!