“Il ne faut pas venir ici pour une Jupiler ou une Carlsberg”, annonce Aris Kumeso Mateta (32 ans) lorsque nous entrons dans son restaurant. “Je peux vous servir une Simba ou une Tembo, deux bières congolaises. Ou un bissap, une infusion de fleurs d’hibiscus. J’ai même du rhum de Martinique et de Guadeloupe.”
Le menu du Yaka Afrotoria propose des petits plats à partager, tels que makemba (morceaux de banane plantain frits) et kamundele (brochettes de bœuf marinées), beaucoup de plats mijotés: poulet yassa “comme mama”, mafé au bœuf et thiéboudienne. “Je laisse mariner mes plats pendant au moins 24 heures. Ensuite, ils doivent encore mijoter avec beaucoup d’épices.”
Il n’était pas écrit dans les étoiles que Mateta se retrouverait un jour à la tête d’un restaurant. “Enfant, j’étais toujours le nez dans les casseroles de ma mère, mais il y a quelques années encore, je n’étais pas un vrai foodie. J’ai décroché mon diplôme d’ingénieur civil en chimie à l’Université de Liège. Lors d’un stage au Congo, je suis tombé sous le charme de la cuisine africaine, dans sa diversité: beaucoup considèrent l’Afrique comme un pays et une culture identiques. Je veux leur faire découvrir la richesse du continent et, surtout, de la partie subsaharienne.”
Mateta parle de Liège avec la même passion. “Quand j’avais quatre ans, j’ai quitté le Congo pour Liège. Je dois beaucoup à cette ville, surtout en matière d’enseignement. Les gens, c’est certain, mais aussi la mentalité et l’ouverture à la liégeoise la rendent unique. Si vous allez au café tout seul, vous êtes sûr d’avoir au moins dix nouveaux amis à la fin de la soirée!”
En 2017, quand il décide de donner une nouvelle orientation à sa carrière, il procède méticuleusement. Pendant trois ans, en collaboration avec VentureLab, un incubateur liégeois, il concocte un concept adéquat. En 2020, juste après le premier confinement, il ouvre son restaurant et épicerie fine Yaka Afrotoria. “C’était le moment ou jamais”, avoue-t-il. En lingala, une des langues du Congo, Yaka signifie “Viens, entre”. En même temps, “yaka” c’est aussi “il n’y a qu’à”, en français. “Afrotoria” est dérivé, par contre, de “trattoria”, le petit restaurant italien de quartier. “Je veux que mon établissement soit accessible à tous, que ce soit pour un petit plat simple ou tout un repas. Et ça marche: nous accueillons ici des personnes de tous âges et tous horizons.” On peut également y acheter des infusions et thés africains, des piments et des confitures aux fruits exotiques. “Pour découvrir chez soi l’épicerie fine africaine.”