Carl Cox, DJ mondialement célèbre, se rend en Arabie saoudite, sur la ligne de départ de la saison d’Extreme E. Cette course réservée aux voitures électriques œuvre en faveur du climat et de l’égalité des sexes.
Oh yes, oh yes! Ce week-end, pour une fois, Carl Cox (60 ans) ne s’envolera pas vers un méga club d’Ibiza pour donner un de ses célèbres DJ sets. Le DJ superstar passe le deuxième week-end de mars en Arabie saoudite pour le coup d’envoi de la troisième saison d’Extreme E. Et les platines ne sont pas au programme: Cox se lance dans une discipline naissante, les courses de voitures électriques, avec son équipe, la Carl Cox Motorsport Extreme E. "Je suis ici pour faire la différence", déclare-t-il. "La course, comme la musique, coule dans mes veines. Je vais utiliser ma passion et mon énergie pour faire de cette saison quelque chose de spécial."
"La course, comme la musique, coule dans mes veines."Carl Cox
Le déclic se serait produit au début du mois de juillet dernier, lorsqu’il a été engagé comme DJ à la course d’Extreme E en Sardaigne. Cox avait été tellement impressionné par l’événement qu’il a décidé de mettre sur pied son écurie. Depuis 2013, il possède déjà sa propre équipe de sport automobile active en motocross, course de sidecar et drag racing, mais aujourd’hui, il estime que le moment est venu d’investir dans la discipline de course la plus durable du moment.
Extreme E, avec un E comme dans électrique et écoconscient. En effet, dans cette nouvelle discipline sportive, les SUV électriques participent à des courses tout-terrain dans des régions où le changement climatique est particulièrement tangible. Les images de la course rappellent le Rallye Dakar, mais sans les gaz d’échappement. Les organisateurs veulent sensibiliser le grand public aux problèmes climatiques auxquels nous sommes confrontés. Ils travaillent avec des scientifiques et des organisations environnementales locales afin de limiter l’empreinte carbone des courses. Cependant, on peut se demander s’ils ne feraient pas mieux de laisser en paix ces coins de nature du Groenland, du Brésil ou du Sénégal au lieu de les transformer en plaine de jeux pour grands enfants.
Encore Hamilton
Extrême E avec un E comme dans expérimental, car après deux saisons, les règles et les lieux des courses sont encore sujettes au changement. Par contre, il y a une constante: la discipline attire des célébrités. Outre Carl Cox, les ex-champions du monde de Formule 1 Jenson Button et Nico Rosberg seront également sur la ligne de départ avec leur équipe d’Extreme E. Ce dernier se trouve une fois de plus en lice avec son ancien coéquipier et rival, Lewis Hamilton. Le septuple champion du monde de Formule 1 est également propriétaire d’une équipe, la X44 Vida Carbon Racing. L’équipe de Lewis Hamilton, dont fait partie le légendaire pilote de rallye Sébastien Loeb, a remporté le titre l’année dernière après une finale en Uruguay.
La copilote de Loeb, Cristina Gutiérrez, une dentiste espagnole qui s’est hissée au sommet des compétitions de rallye-raid ces dernières années, a focalisé l’attention grâce à ses derniers résultats. Oui, l’Extreme E est aussi inclusif: dans chaque équipe, le pilote ou le copilote doit être une femme. Il était temps de mettre un peu de mixité dans le monde de la compétition automobile! Après tout, pourquoi la course serait-elle une affaire d’hommes?
L’Extreme E est inclusif: dans chaque équipe, le pilote ou le copilote doit être une femme.
From rave to race
Hamilton, Button et Rosberg ne participent pas à la compétition, car les parcours sont trop extrêmes et les risques trop grands. Carl Cox non plus, même s’il meurt d’envie de prendre le volant. Le Britannique est non seulement une légende de la musique électronique depuis les années 80, mais aussi un "petrolhead", autrement dit un passionné de vitesse, depuis au moins aussi longtemps. Pour lui, les "records" ne doivent pas seulement être sur les platines: ils doivent aussi et surtout être battus.
"J’ai grandi dans le sud de Londres. Le samedi, je regardais le rallye et le motocross à la télé. Quand j’étais jeune, j’allais souvent assister aux courses de sidecar sur le circuit de Brands Hatch. Le père d’un de mes copains était mécanicien automobile spécialisé dans les voitures américaines et il nous emmenait tous les mois au circuit de Santa Pod, dans le Northamptonshire, pour assister aux courses de dragster. Ces voitures qui jaillissent des starting-blocks comme une fusée et déploient leur parachute à des vitesses folles après quelques secondes, c’était incroyable! Cette fascination ne m’a jamais quitté."
Avec ses premiers cachets de DJ, Cox s’est mis à acheter des vieilles bagnoles pour participer à des courses de dragster, des épaves qui ne lui coûtaient que 40 à 120 livres. "À l’époque du 'Run What Ya Brung', on pouvait conduire n’importe quelle voiture ou moto sur le circuit de Santa Pod. Vues de l’extérieur, ces voitures ne ressemblaient à rien, mais, une fois à l’intérieur, c’étaient des bêtes. Tout ce que je voulais, c’était les 'pimper' pour qu’elles roulent le plus vite possible. Mon objectif, c’était d’être le DJ le plus rapide du monde."
Actuellement, Cox occupe la 22e place dans le top 100 du DJ Mag.
Cox est devenu un drag racer et, malgré sa stature imposante, il a réalisé de super chronos, au point de faire partie du très sélect "6 seconds club". Son meilleur temps: 0,25 mile (0,40 km) en 5,9 secondes, ce qui représente une moyenne de 404 kilomètres à l’heure. "Si je perdais un peu de poids, je pourrais aller encore plus vite", ajoute-t-il. "Lorsqu’on accélère, on ressent une force d’accélération de 3,2 dans la nuque. Et quand le parachute se déploie, c’est rebelote. J’adore ce kick!"
Rave illégale
Depuis juillet, Cox fait partie du "club 60". Il a donc organisé une "epic birthday party", à laquelle ont été conviées des célébrités du monde de la musique et de l’automobile. Il faut noter que peu de DJ de son âge sont encore au sommet, sans parler du fait d’avoir une équipe de course ou de figurer dans le célèbre Top 100 DJ Mag, où il occupe la 22e place. Rappelons qu’en 1997, Cox a été le premier numéro un de ce classement et que, déjà à l’époque, il était une légende à la technique inédite, le mixage sur trois platines.
Le soir du Nouvel An 1999, il a réussi le coup d’éclat le plus marquant de sa carrière de DJ. Cette nuit-là, il a fêté deux fois le nouveau millénaire: la première fois à Bondi Beach à Sydney et la deuxième fois à Hawaï. En 2001, "Coxy" est devenu DJ résident du Space, légendaire méga club d’Ibiza. Il a tenu ce poste pendant 15 ans, jusqu’au changement de propriétaire. "La magie du Space ne sera jamais égalée", avait-il déclaré. Cependant, il a officié dans des endroits encore plus insensés: de Glastonbury à la Love Parade, en passant par Burning Man et Tomorrowland, la Chambre des communes et Stonehenge pour 50 druides amateurs de techno. Sacré palmarès!
Cox évoque ces souvenirs dans son autobiographie, "Oh yes, oh yes!", une exclamation qui est aussi le cri de guerre qu’il lance aux moments forts de son DJ set. Cette habitude remonte à l’époque des raves", explique-t-il dans son livre. Celle-ci a sans doute été la période la plus difficile de sa carrière: il s’est retrouvé en prison après avoir été arrêté pour participation à une rave illégale à Abergavenny, au Pays de Galles. Il s’est avéré ensuite que cette fête avait été mise en scène dans le cadre d’une opération de police. "On est passé des mains en l’air aux mains derrière le dos", résume-t-il.
Le Britannique a commencé sa carrière de DJ à 16 ans: il monte un bar disco mobile pour faire la bande-son des fêtes d’école, des cafés dansants et des mariages. "Au bout d’un moment, j’ai commencé à organiser des fêtes, car j’avais remarqué que j’avais une base de fans qui me suivait partout", se souvient-il. Au début, il travaillait encore pendant la journée comme manœuvre dans une entreprise de construction pour payer ses disques, mais en 1984, il décide de devenir DJ professionnel.
Un saut dans l’inconnu qui s’est avéré judicieux, d’autant plus que Cox s’est mis à composer de la musique et que ses morceaux sont devenus des hits. Fils d’une sage-femme et d’un chauffeur de bus possédant une modeste collection de disques, Carl Cox est devenu l’un des DJ les plus célèbres (et les mieux payés) au monde. Ses revenus lui permettent de sponsoriser deux équipes de course et d’alimenter sa collection de 180.000 vinyles. Autre collection, les moteurs: son garage abrite 85 motos exclusives, des dragcars super performantes et des dizaines d’oldtimers. Oh yes, oh yes!
La première course de la nouvelle saison d’Extreme E aura lieu les 11 et 12 mars, à Neom en Arabie saoudite | www.extreme-e.com | www.carlcoxmotorsport.com