Des nouveautés exclusives à découvrir à la Semaine du design à Milan

Quand l’architecte d’intérieur Emiliano Salci (alors directeur artistique de la marque de design Cappellini) a rencontré le graphiste américain Britt Moran au milieu des années 90, ils sont tombés amoureux et se sont aussi unis professionnellement. En 2003, ils ont fondé DimoreStudio (dimore signifie demeure en italien). Ils conçoivent non seulement des intérieurs, mais aussi des meubles et des collections de tissus. Ils ne sont plus en couple depuis 2020, mais leur collaboration professionnelle reste fructueuse.

Leur influence sur les tendances actuelles en matière de design d’intérieur ne peut être sous-estimée, car ils font incontestablement partie des principaux créateurs de tendances du moment. Ils remettent sur le devant de la scène des designers oubliés et explorent les limites du bon goût. Leur appartement-showroom situé via Solferino, dans le quartier animé de Brera, constitue chaque année un moment phare de la Semaine du design de Milan.

Un intérieur DimoreStudio est directement reconnaissable. Il est cinématographique, nostalgique, fascinant, enivrant et regorgeant d’atmosphère. Moran et Salci utilisent des tons saturés profonds, des combinaisons de couleurs inhabituelles ainsi qu’un mélange audacieux d’antiquités, de pièces vintage (inconnues) et de créations contemporaines. Leur style est celui des grands gestes. Ils sont audacieux, mais le raffinement est toujours là. Ils utilisent des matériaux de luxe et ne sont pas opposés à un certain glamour. Salci: «Quand nous avons créé DimoreStudio en 2003, le minimalisme dominait. Notre travail était complètement différent. Il est loin d’être traditionnel, mais fait des références au passé.»

L’histoire de l’architecture et du mobilier italiens. Dans ce domaine, ils ne sont pas restrictifs: du rationalisme italien des années 30 au design floral des années 70, en passant par le mobilier mid-century et les antiquités du XIXe siècle. La mode, la musique et le cinéma nourrissent également leur univers.

À la DimoreGallery. Cet appartement aménagé est une carte de visite en constante évolution de leur style. En plus de l’emplacement habituel de la via Solferino, ils ont ouvert l’année dernière une deuxième adresse, près de la gare Milano Centrale. On peut également découvrir leur travail dans des hôtels, tels que le Saint-Marc (Paris), le Grand Hôtel et de Milan (Milan), ainsi que dans la boîte de nuit Leo’s (Londres), les restaurants Ceresio 7 et Langosteria Cucina (tous deux à Milan) ou les boutiques Aesop (Milan), Brown’s (Londres) et Fendi (Londres, Saint-Tropez). Ils ont également aménagé six voitures de l’Orient Express La Dolce Vita.

Le canapé «Max» d’Antonio Citterio a 40 ans. Avec son assise en forme de rein, son dossier en forme de saucisse et son squelette tubulaire, il est autant sculpture que canapé. Le photographe Gabriele Basilico l’a propulsé au rang de star en le plaçant au pied d’un escalier en colimaçon.

Pour célébrer cet anniversaire, Citterio est retourné à la planche à dessin. Résultat: le «Supermax», soit le jeune «grand frère», ce qui fait principalement référence à l’assise, qui a pris 30 cm en profondeur. Si le «Max» d’origine évoquait un canapé de salle d’attente dans lequel on se tenait bien droit, cette version a tout du généreux canapé de salon.

Citterio (né en 1950) fait partie des éminences grises du secteur du design milanais. Outre son cabinet d’architecture, il travaille en tant que designer pour différentes marques de mobilier italiennes telles que B&B Italia et Maxalto. Mais son client le plus fidèle est Flexform.

Si les meubles de Le Corbusier sont restés aussi iconiques après sa mort (en 1965), c’est peut-être grâce à Cassina. En 1973, la société a lancé la collection iMaestri dont font partie des rééditions de Le Corbusier et de Mackintosh, entre autres. «La production industrielle de meubles créés par ces maîtres modernistes pour des clients privés est aujourd’hui qualifiée de réédition. Ce terme donne l’impression qu’il n’y a aucune intervention contemporaine, or c’est tout le contraire, car ces meubles historiques doivent être actualisés. C’est un peu comme le remake d’un film, une adaptation théâtrale ou une traduction littéraire», précise Cassina. «C’est un dialogue entre passé et présent que nous menons avec les héritiers de ceux que nous appelons aujourd’hui les Maestri.»

Depuis 1973, la collection iMaestri s’est considérablement enrichie. Pour son 50e anniversaire, plusieurs nouveaux artistes s’y sont ajoutés, dont Vico Magistretti, Giò Ponti, Carlo Scarpa et, fait remarquable, Charles et Ray Eames. En effet, Cassina commercialisera des luminaires de du couple en 2024. Le livre «Echoes», consacré au 50e anniversaire de la collection iMaestri, sera publié en décembre.

En 1963, quand Mario Pedrali a fabriqué ses premiers meubles de jardin en fer forgé, il était loin d’imaginer l’ampleur qu’aurait sa marque éponyme soixante ans plus tard. Dans l’intervalle, ses enfants Monica et Giuseppe ont pris la relève et s’ils fabriquent toujours des meubles de jardin, la collection s’est élargie au fil des ans aux espaces intérieurs et aux bureaux. Tous les meubles sont encore fabriqués au siège de Mornico al Serio, entre Bergame et Brescia.

Pedrali célèbrera son anniversaire en grande pompe cet automne, mais la marque a déjà présenté quelques nouveautés au Salone. «Ces dernières années, nos habitudes de vie et de travail ont énormément changé», explique Monica Pedrali, CEO de l’entreprise. «C’est pourquoi nous lançons de nouveaux meubles destinés au télétravail, dont la table «Toa» avec un système de passage de câbles presque invisible et «Buddyhub», un confortable bureau acoustique.»

Pour le jardin, la chaise en fils entrelacés «Tribeca» reste un best-seller. Nous avons été séduits par les nouveaux canapé et fauteuil «Arki» avec leurs gros coussins cubistes et leurs accoudoirs raffinés en bois et métal.

Un fauteuil en ours en peluche, un siège spaghetti, un canapé boa tressé ou une étagère fermée par une longue chevelure en raphia: ce ne sont là que quelques exemples du travail de Fernando et Humberto Campana. Il va sans dire que les frères brésiliens ne correspondent pas au profil type du designer, c’est pourquoi le travail de ces trublions est surtout visible dans les musées et les galeries.

Seule la marque de design italienne Edra produit les pièces des frères Campana. Elle a commencé en 1998 avec le fauteuil Vermelha, désormais légendaire, fabriqué avec 500 mètres de ficelle tressée à la main. Finalement, le catalogue Edra comptera dix-huit créations des Campana. Cette année, il y en aura une dix-neuvième, pour célébrer le 25e anniversaire de leur collaboration: le miroir «Jubilé» composé de 25 fragments de verre irréguliers, tous facettés à la main. Ce miroir est la dernière création commune des deux frères, car, en novembre 2022, Fernando est décédé à l’âge de 61 ans.