Les 'maisons de confiance' mentionnées dans cet article sont connues à Knokke depuis des décennies. Dans les coulisses, une nouvelle génération s'est récemment mise au travail.
Maison de confiance: Brasserie Rubens
Nouvelle génération: Maxime Vandeperre, (29 ans), a nullement l’intention de transformer la plus ancienne brasserie de Knokke en maison close.
Que faites-vous de différent par rapport à la génération précédente, et pourquoi?
"La Brasserie Rubens avait une longue carte que nous sommes en train de simplifier en nous concentrant sur nos classiques: croquettes de crevettes, moules, viande et poisson frais; nous sommes une brasserie franco-belge classique. Comme nous pouvons accueillir 300 clients, certains pensent, à tort, que c’est un peu l’usine alors que tout est fait maison. Et que nous travaillons avec des paysans locaux, des producteurs durables et des petits fabricants, par conviction.
Autre grande différence: même si mes parents étaient exigeants, on faisait la file pour venir travailler ici. Les temps ont changé: c’est très difficile de trouver du personnel qualifié. Je consacre beaucoup de temps à mes employés, car ce sont eux qui préparent les plats et qui les servent: si la collaboration est harmonieuse, nous obtenons de bons résultats."
Quelle est la meilleure leçon de vos parents?
"Ils m’ont transmis leur éthique de travail et leur volonté de placer la barre très haut. Ils m’ont également appris à relativiser. Nous avons 50 employés et ce n’est pas facile de tout coordonner à la perfection."
Pourquoi avez-vous pris le relais?
"Nous avons grandi à l’étage. Quand mes parents travaillaient, mon frère et moi traînions dans la brasserie. Lorsque j’étais étudiant, je n’avais pas l’intention d’entrer dans l’affaire, mais le directeur a démissionné du jour au lendemain en 2016. Je n’avais que 23 ans, mais, avec l’accord de mes parents, j’ai décidé de me lancer. Cela fait six ans déjà que je suis general manager. Mon frère, qui a 23 ans, est mon bras droit et le responsable de la salle. Nous considérons la brasserie comme l’œuvre de notre vie."
Vos parents ont-ils passé facilement le relais?
"Ils sont mes meilleurs mentors et ils nous ont donné toute la liberté d’entreprendre nécessaire. Évidemment, si je voulais transformer le Rubens en maison close, ils s’y opposeraient."
Brasserie Rubens | Zeedijk-Albertstrand 589, Knokke-Heist | www.rubens-knokke.be
Maison de confiance: The Memlinc
Nouvelle génération: Marie Friberg, (38 ans), active dans le plus ancien hôtel de Knokke, fondé par ses arrière-grands-parents.
Quelle est la meilleure leçon que vous a donnée votre famille?
"Travailler en famille est un honneur. Les réunions du conseil d’administration avec ma tante, mon oncle et ma mère sont une sorte de réunion de famille. Aussi différents qu’ils soient, ils s’entendent très bien et ne se disputent pas. Ils ne sont pas toujours d’accord, mais ils trouvent des compromis. Et si quelque chose ne va pas, ils arrangent cela entre eux. La combinaison de l’expérience de l’ancienne génération avec l’énergie de la plus jeune fonctionne très bien. Cela nous donne des ailes: les chiffres ont été très bons ces dernières années."
Pourquoi avez-vous repris le flambeau?
"Je représente la quatrième génération de The Memlinc, le plus ancien hôtel familial de Knokke, fondé par mes arrière-grands-parents. Il ensuite est passé de mon grand-père à ses trois enfants: ma mère, ma tante et mon oncle, le seul qui soit encore actif dans l’affaire. Ce n’était pas prévu que je le rejoigne, car j’ai étudié le droit et le notariat. Mais, quand la question s’est posée, il y a sept ans, j’étais enceinte et je me suis dit que c’était la combinaison idéale avec une vie de famille, car nous vivons dans l’hôtel. Je travaille le soir et le week-end, mais je suis toujours là pour mes enfants."
Que faites-vous de différent par rapport à la génération précédente, et pourquoi?
"Bien que tout se décide en famille, on me donne la liberté de prendre des initiatives, même si elles impliquent des budgets importants. Et si quelque chose ne fonctionne pas, on ne me le reproche pas. Le bistro, par exemple, a été rénové récemment et le Skybar a également été relancé. Nous avons travaillé au rebranding de l’hôtel. Et nous organisons régulièrement des pop-ups. Cet été, il s’appellera ‘Twenty Two’: c’est une collaboration avec la cheffe Sofie Dumont et plusieurs marques de mode et de design. Ceux qui ne logent pas à l’hôtel y sont bien entendu les bienvenus."
The Memlinc | Albertplein, Knokke-Heist | www.thememlinc.be
Maison de confiance: Simoens Gallery
Nouvelle génération: Edouard Simoens, (31 ans), a été élevé dans l’art, mais il a une autre vision que son père.
Pourquoi avez-vous succédé à votre père?
"Ce n’était pas mon intention, mais j’ai été élevé dans l’art et cela m’a intéressé. Mon père a commencé à vendre de l’art en 1978, d’abord comme un hobby, ensuite professionnellement. Il a commencé par l’école de Laethem-Saint-Martin avant de passer à l’art contemporain -Richard Serra, Kenneth Noland, Donald Judd, Gilbert & George et Sol LeWitt, et à la photographie. J’aidais mon père pour les foires d’art. C’est lui qui posé les fondations: en 2016, j’ai décidé d’y ajouter ma vision. Je présente une palette artistique très large, de l’abstrait au figuratif, en passant par le conceptuel."
Quelle est la meilleure leçon de votre père?
"Qu’il faut garder des œuvres pour soi. Mon père m’a expliqué que, souvent, on ne peut plus racheter les belles pièces."
Avez-vous été contraint de poursuivre son activité?
"Non. J’ai pris cette décision de ma propre initiative, par intérêt personnel."
Que faites-vous de différent par rapport à la génération précédente, et pourquoi?
"À terme, je voudrais travailler avec des artistes qui sont toujours actifs, mais, pour le moment, je me consacre au marché secondaire. Je vends des œuvres d’artistes qui ont déjà marqué l’histoire de l’art et j’aimerais proposer des noms encore plus prestigieux. Mon rêve est de participer à des foires comme la Tefaf et Art Basel. Pour le moment, la galerie reste en grande partie un one-man-show."
Qu’est-ce qui vous retient à Knokke?
"Je participe à des foires internationales comme Art Cologne, Miart, Art Miami et Art Geneva. Je vends dans toute l’Europe, mais je suis né et j’ai grandi à Knokke. À Bruxelles, il faut monter cinq expositions par an. À Knokke, la haute saison commence pendant les vacances de Pâques. Cet été, j’organise une exposition solo consacrée à A.R. Penck, un néo-expressionniste allemand sous-estimé. Les clients viennent à la galerie en tongs. Je trouve plus agréable de travailler dans une ambiance de vacances."
Edouard Simoens Gallery | Zeedijk 811, Knokke-Heist | www.edouardsimoens.com