Felix Kjellberg. Jen Selter. Jérôme Jarre. Leurs noms ne vous disent peut être pas grand chose, pourtant ils ont un nombre de followers à faire pâlir d’envie Rihanna et Beyoncé. Ces stars des réseaux sociaux, ou web celebs 2.0, sont des cash machines qui engrangent des millions de likes. Bienvenue dans un monde où le clic fait l’icône.
Sans quitter leur chambre, ils ont établi une gigantesque base de followers, simplement en partageant sur une plateforme virtuelle des instantanés de leur vie. Et ils en tirent un sacré profit. Plus il y a de clics, de vues, de likes ou de partages, plus les dollars pleuvent.
Et bonjour le win-win. Le réseau de vidéos en ligne YouTube a créé un programme de partenariat qui sélectionne les annonceurs en fonction des youtubers et de leur public. Si YouTube se taille la part du lion dans ces recettes, mille vues rapportent en moyenne 7 euros au youtuber (Jenna Marbles, Felix Kjellberg ou Norman en France affichent plusieurs centaines de millions de vues au compteur ndlr).
Vine, la toute jeune application vidéo de Twitter où l’on poste des vidéos de six secondes maximum, a aussi son agence, GrapeStory, fondée par Jérôme Jarre. Parce qu’avec plus de 40 millions d'utilisateurs, Vine peut se targuer d’être l'un des réseaux sociaux à la croissance la plus impressionnante. GrapeStory représente le top 20 des stars de Vine et conclut des accords avec des sociétés, comme Virgin Mobile ou Aquafina. General Electric s’est offert les services du Viner Marcus Johns (5 millions d’abonnés) et l’a envoyé en apesanteur pour qu’il puisse poster une vidéo...
Business with big bucks
Les sources de rémunération des stars 2.0 sont variées mais proviennent surtout du placement de produit. Une photo Instagram d’une belle blonde avec ses Jimmy Choo aux pieds, Dubaï en toile de fond. Hashtag Jimmy Choo. Hashtag fashion. Get the idea : une Instagramette avec ses millions de followers publie un cliché et la marque s’offre à moindre frais une très large audience.
À l’instar de la blogueuse et fashionista Chiara Ferragni aka The Blonde Salad, ces web celebs croulent sous les produits reçus des marques ou, pour les mieux lotis, une contrepartie sonnante et trébuchante. La fitness guru Jen Selter (3,4 millions de followers sur Instagram) affiche sans détour ses chaussures et shorts Nike. Ce n’est pas non plus une coïncidence si elle s’allonge sur un tapis de sol Cirrus.
Les demandes de placement de produit affluant de tout part, Jen Selter a récemment signé un contrat avec The Legacy Agency pour la représenter en tant que personal manager et dealmaker. GleamFutures, une entreprise établie au Royaume-Uni, joue également le rôle de manager pour des stars de YouTube comme Pixiwoo (les make-up artists Samantha et Nicola Chapman) ou Marcus Butler (qui relate notamment les différences fondamentales entre les filles et les garçons). Elle négocie ainsi directement avec les marques et gère l'image de ces stars 2.0 dont l’aura fait rêver plus d’un marketeur.
La femme au milliard de clics
Qui? Jenna Marbles (28), petite reine de YouTube. Pourquoi? Cours de maquillage en état d'ivresse et autres réjouissances. Gagne combien? 25.000 euros par mois. Nombre de followers? 13 millions.
"Si vous êtes née laide, comme moi, n'ayez crainte, il existe de nombreuses solutions pour paraître belle. Kind of." Voilà comment débute l’une des vidéos les plus vues de Jenna Marbles aka Jenna Mourey. Elle s’adresse à la caméra ni coiffée ni maquillée, sur fond de mur blanc and the camera is rolling. Cette vidéo d’à peine trois minutes, intitulée "Comment faire croire aux gens que vous êtes belle?", a été vue plus de 57 millions de fois. Elle (dé)tourne avec ironie les tutoriels où des jeunes femmes à la peau parfaite vous montrent la meilleure façon de se maquiller. Son conseil gentiment sarcastique est de veiller à ne plus du tout se ressembler. "Transformez-vous en illusion d'optique", ajoute-t-elle.
Jenna Mourey ratisse large avec ses satires des stéréotypes féminins et son humour à toute épreuve : elle donne des cours de maquillage en état d’ivresse, met son chihuahua dans son chemisier et imite des stars comme Justin Bieber. Sur sa page YouTube, elle compte plus de 13 millions de followers, pour la plupart des jeunes femmes, ce qui fait d’elle la femme la plus regardée sur YouTube.
Some guys have all the fun
Qui? Felix Kjellberg (24) aka PewDiePie, sacré roi de YouTube. Pourquoi? Ses commentaires absurdes sur les jeux vidéo et ses yeux bleus. Gagne combien? Son revenu est estimé à un minimum de 300 000 euros par mois. Nombre de followers? Plus de 26,5 millions.
"Si PewDiePie est le talent suprême de YouTube, notre société est condamnée", écrivait il y a six mois le magazine américain Variety. PewDiePie - alias Felix Kjellberg - avait alors pas moins de 12,6 millions de followers. Aujourd’hui, son armée de followers sur YouTube, appelés "Bro’s", compte plus de 26,5 millions de membres. Ses vidéos Let’s Play, dans lesquelles le Suédois commente des jeux vidéo, en ont fait le numéro 1 incontesté de YouTube. Pourtant, il ne fait rien de très particulier : il se filme dans son canapé en train de tester toutes sortes de jeux d'action et d'horreur. Il rit, il jure et il s’adresse aux spectateurs comme s'il était en train de jouer avec son meilleur pote.
Qu'est-ce qui le rend si populaire tant chez les gamers hardcore que chez les jeunes filles? Ses yeux bleus? Ses commentaires absurdes ? Ses petits cris de souris quand il a peur? Ou son audace, car il ose tester un jeu comme Techno Kitten (avec un chat volant dans le rôle principal)? Impossible à dire mais le fait est que ces idioties lui rapportent gros. Tellement gros qu’il a abandonné ses études d’économie industrielle pour se consacrer à plein temps à sa carrière sur YouTube. On estime qu'il gagne 300 000 euros par mois grâce aux publicités (via le Partners Program de YouTube), à son label de T-shirts et à des accords avec des développeurs de jeux.
Comme sa propre chaîne YouTube compte plus de followers que celles de Beyoncé et de Rihanna (réunies !), les développeurs de jeux se bousculent au portillon. Certains spécialistes estiment sa fortune à plus de 5 millions d’euros. Pas mal pour un gamer de salon! Et il a du cœur: cet immense public lui a permis de récolter des fonds pour le St. Jude Children’s Research Hospital et plus de 350 000 euros pour une campagne pour l'eau potable.