Restaurant Aster, Bruxelles | "L’impression de payer cher une expérience frugale"
Le critique culinaire Jan Scheidtweiler s’attable au restaurant Aster où Tubo Logier, jeune chef talentueux, le laisse sur sa faim.
Le critique culinaire Jan Scheidtweiler s’attable au restaurant Aster où Tubo Logier, jeune chef talentueux, le laisse sur sa faim.
Commençons par la bonne nouvelle: Tubo Logier et Ydris Gryson ont ouvert un nouveau restaurant à la fin du mois de mars. Pour ceux qui ne connaissent pas le duo, le talentueux Logier a officié à Amsterdam et Londres ainsi qu’à In de Wulf et Chambre Séparée. C’est dans ces établissements légendaires que le chef a rencontré le sommelier Ydris Gryson. Deux noms qui suscitent des attentes élevées.
Pour leur projet, Logier et Gryson ont choisi le cadre d’une ancienne pizzéria dans le centre de Bruxelles. Peu de changements visibles: les longues tables, le sol en béton et les murs en briques brutes ont été adoptés par le duo sans plus de formalités. Logier s’active dans la cuisine ouverte - petit plan de travail, feu au charbon de bois sur le côté. Seul, il prépare un menu dégustation (6 services, 68 euros) pour une vingtaine de convives.
Le début est prometteur. Maquereau tiède, beignet d’ail des ours et truite aux petits pois primeurs: le printemps est là. En même temps, des plats quelque peu capillotractés font leur apparition: on nous invite ainsi à tremper un bouquet de feuilles de chou dans un jaune d’œuf surmonté de fromage râpé - selon le serveur, une version végétarienne des pâtes carbonara. Le croissant au nori est, lui aussi, un peu étrange, tout comme le joli cylindre de bettes fourré à la crème de noix. Le flan caramel aux asperges (plat supplémentaire, 15 euros) est plus excitant, même si la frugale quenelle de caviar n’apporte pas grand-chose.
Enfin, voici le plat principal. Un filet de barbue repose sur une sauce fraîche et acidulée à la fraise pas mûre. À côté, une douce crème d’ail vert et une tige de puntarelle (chicorée de Catalogne) encore croquante et légèrement fumée. Un plat savoureux avec des notes intéressantes, mais si chiche (avons-nous reçu 50 grammes de poisson?). La portion est aussi congrue que le reste du repas minimaliste. Un morceau de pain alors? Malheureusement, nous n’en avons pas, répond le serveur.
Pour calmer sa faim, on serait prêt à manger un autre croissant au nori, mais voilà qu’arrivent deux tout petits desserts. Après la glace au citron brûlé et à la cire d’abeille (intéressant) arrive une merveilleuse combinaison de glace au kombu et crème de pomme de terre. Nous quittons l’enseigne l’estomac dans les talons et légèrement confus: beaucoup de talent, mais l’impression de payer cher une expérience frugale.
201 euros pour deux.
Une carte étonnamment courte. Prix à la bouteille à partir de 36 euros. Vins assortis au menu: 38 euros. le verre de mondeuse de Savoie: 7 euros.
La grande salle et la cuisine ouverte gâchent l’acoustique. La moyenne de 69,8 dB s’avère fatigante en fin de soirée.
Sortir d’un restaurant en ayant faim laisse un mauvais souvenir. Je n’y retournerai pas.