Dans quel jardin français se trouve un squelette de dinosaure? Qui a construit un jardin surréaliste au cœur de la jungle? Quel jardin perdu a été retrouvé septante ans plus tard? Trois jardins épinglés dans le nouveau livre "150 gardens you need to see before you die" livrent leurs secrets.
01 Un dino dans le parterre: Les jardins suspendus de Marqueyssac
Bien qu’on n’y trouve pas de fleurs, les jardins suspendus de Marqueyssac comptent parmi les plus beaux de France. En 1861, quand Julien de Cerval achète le Château de Marqueyssac (XVIIe siècle) en Dordogne, ses jardins ne sont pas des jardins à la française typiques. Passionné de botanique, Cerval plante des dizaines de milliers de buis et de chênes verts selon une composition éblouissante.
Sur plus de 6 kilomètres de balade, on peut aujourd’hui se promener au fil d’un décor digne d’un conte de fées, parfaitement taillé. On compte pas moins de 150.000 buis centenaires. Et au détour d’un buisson, on peut observer un allosaure, exposé derrière une vitrine. Le squelette de ce dinosaure carnivore est une récente "folie" de Kléber Rossillon, gestionnaire de sites patrimoniaux et touristiques, dont le Musée de Montmartre à Paris et le Mémorial de la bataille de Waterloo. En 2018, Rossillon achète ce squelette pour la coquette somme de 1,1 million d’euros. Un élément décoratif qui n’est pas aussi incongru qu’il n’y paraît: c’est en Dordogne que se trouvent de nombreux sites préhistoriques, dont les célèbres grottes de Lascaux, faisant de cette région un haut lieu de l’archéologie paléolithique.
Les jardins suspendus de Marqueyssac à Vézac, France. www.marqueyssac.com
02 La jungle surréaliste: Jardín Escultórico Edward James
Le poète écossais Edward James a été un important mécène de Salvador Dalí et de René Magritte. Il a même contribué à la création du célèbre canapé "Mae West" et du "Téléphone-homard" de Dalí. Possédant une fabuleuse collection d’art, James rencontre en 1937, par l’intermédiaire de Dalí, Magritte et l’invite à séjourner quelques mois dans sa résidence à Londres. C’est dans la salle de bal de la maison que le surréaliste belge peint "La Reproduction interdite", célèbre portrait en miroir représentant James deux fois de dos.
Immensément riche, James décide de créer le jardin de ses rêves en Amérique du Sud. Au terme de plusieurs années de recherche, il trouve dans la jungle mexicaine, à Xilitla, à sept heures de route de Mexico, son petit coin reculé pour créer son paradis de Las Pozas.
Il plante un jardin géant d’orchidées, avant de se lancer dans une "folie" à l’architecture fantaisiste, toute en ruines biscornues, escaliers absurdes et sculptures oniriques. Selon la légende, ce dernier s’y promenait et y nageait entièrement nu. Après sa mort, en 1984, le jardin, qui n’est pas terminé, est laissé à l’abandon. En 2007, la Fondation Pedro & Elena Fernández achète ce lieu magique, le restaure et le rend accessible aux visiteurs tous les jours.
Jardín Escultórico Edward James, Camino Paseo Las Pozas, Xilitla, San Luis Potosi, Mexique. www.laspozasxilitla.org.mx
03 Le paradis perdu: The Lost Gardens of Heligan
D’accord, on peut égarer ses clés de voiture ou son manteau; mais comment peut-on égarer un jardin? C’est pourtant ce qui est arrivé à la famille Tremayne. Au XVIIe siècle, elle fait l’acquisition du Heligan Manor, dans les Cornouailles, et entretient son superbe jardin jusqu’à la Première Guerre mondiale. Malheureusement, les 22 jardiniers qui s’en chargeaient n’ont pas survécu et la famille quitte définitivement le domaine. Dans les années 70, le manoir et les bâtiments adjacents sont transformés en appartements de luxe, mais le jardin disparaît sous la végétation.
C’est alors que commence le conte de fées: en 1990, John Willis, un descendant des Tremayne, découvre par hasard une porte dans une partie délabrée de l’enceinte: il l’ouvre et... il découvre le jardin perdu de Heligan.
Aujour’hui, le jardin de 80 hectares connaît l’un des plus grands projets de restauration de jardins européens jamais entrepris. Les botanistes y ont trouvé plus de 70 camélias et 350 rhododendrons anciens, datant d’avant la Première Guerre mondiale.
The Lost Gardens of Heligan, Pentewan, Saint Austell, royaume-uni, www.heligan.com
"150 gardens you need to see before you die", éditions Lannoo, 29,99 euros, www.lannoo.be