Les infirmières et les médecins qui luttent jour et nuit contre le coronavirus doivent pouvoir recharger leurs batteries: Amélie Vincent a donc demandé à sept chefs bruxellois et wallons de préparer des repas pour les soignants.
"Un repas sain donne de l’énergie et le sentiment que quelqu’un se soucie de vous." Dans la vie, Amélie Vincent (39 ans) est "taste hunter"aux World’s 50 Best. Via son organisation, The Foodalist Studio, elle rassemble de grands acteurs de la gastronomie internationale dans le cadre de projets, festivals et concepts créatifs axés, notamment, sur la durabilité.
Pendant le confinement, elle a été à l’initiative de The Food Resistance, un collectif de sept chefs bruxellois et wallons qui ont cuisiné pour les soignants. "Ils étaient super stressés pendant le premier confinement", raconte Vincent. "Avec quelques amis chefs, nous avons décidé de les soutenir avec un bon repas qui réchauffe l’âme, le cœur et le corps."
Un des premiers à se lancer a été Sang Hoon Degeimbre (L’Air du Temps), suivi par Nicolas Decloedt (Humus & Hortense), Christophe Hardiquest (BonBon), Mario Elias (Le Cor de Chasse), Valerio Borriero (San Sablon), Olivier De Vriendt (Rizoom) et Giovanni Bruno (Senzanome). "Ceux qui vendaient des repas à emporter ont reversé un pourcentage des recettes à The Food Resistance", précise Vincent.
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"Cela nous a permis d’acheter des denrées aux producteurs locaux."Deux ou trois jours par semaine, des chefs ont cuisiné à tour de rôle des plats créatifs et sains. "Entre 200 et 300 repas ont été livrés aux hôpitaux bruxellois Érasme et Saint-Pierre. Les chefs étaient super motivés, ce qui ne m’a pas surprise", poursuit Vincent. "Pour eux, tout est axé sur l’émotion, le don et l’hospitalité. Ce sont des gens généreux. Cuisiner doit venir du cœur, sinon on ne peut pas continuer."
Même si leur action n’a été qu’une goutte d’eau dans l’océan, Vincent est convaincu qu’avec les chefs, elle a apporté un peu d’espoir aux personnes qui en avaient besoin. "À ce moment-là, on a le sentiment que quelqu’un a pensé à vous, et ça permet de tenir bon pendant un temps."
"Dans tout ce que je fais au niveau professionnel, où que ce soit dans le monde, j’essaie de donner quelque chose. Je suis d’origine asiatique et c’est l’une des valeurs les plus importantes de mon éducation: tout doit toujours être en équilibre. Il faut faire son possible pour soutenir la société."
Et en 2021?
Cette action a duré jusqu’au mois de juin 2020, quand les restaurants ont été autorisés à rouvrir. Cela ne signifie pas pour autant que The Food Resistance a cessé d’exister.
"Hélas, il y a encore des gens qui ont faim, comme les sans-abri et les étudiants avec peu de moyens. Je joue le rôle d’intermédiaire et j’ai engagé une collaboration avec #PourEux, une initiative citoyenne bruxelloise qui lutte contre la pauvreté. Le 26 décembre, il y aura une distribution de Noël, dans le cadre de laquelle nous livrerons de la nourriture aux sans-abri."