Bienvenue chez le publicitaire Jens Mortier

Une maison seventies à la circulation intéressante, un bureau style "Mad Men" et des plafonds funky: bienvenue chez Jens et Lies Mortier, les cofondateurs de l’agence créative mortierbrigade et de la maison de production de films publicitaires Ristretto Films.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Jens Mortier est un supporter du club de foot du Beerschot. Cependant, il a trouvé que des fauteuils mauves, les couleurs du club, seraient un peu too much chez lui. "Même si B-bis architecten nous les avaient recommandés pendant la rénovation!", sourit le publicitaire en nous faisant visiter sa maison à Overijse. Le coin salon est finalement devenu rouge, la couleur du club ennemi, le Royal Antwerp FC. Mais nous n’aurions pas pu imaginer une couleur plus accueillante, surtout pour le cœur de la maison."

Pourtant le violet aurait bien correspondu à l’esprit de l’époque de la maison, les années 70 avec ses couleurs psychédéliques, ses moquettes graphiques et ses meubles glossy. "La maison avait exactement ce type d’intérieur lorsqu’elle a été présentée dans le magazine Villas en 1976", explique Mortier, montrant l’ancien numéro. "Comme vous le voyez, nous n’avons presque rien changé à la circulation de l’époque, mais nous ne voulions pas vivre dans une machine à remonter le temps." 

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©Jan Verlinde

Promenade architecturale

Ce qui est particulier, c’est que, lorsqu’on arrive dans ce coin salon rouge, on a déjà parcouru des dizaines de mètres. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Arriver dans cette maison se mérite. Quand il conçoit sa maison-atelier, l’architecte José Vanden Bossche, qui a vécu et travaillé ici, devait avoir à l’esprit les principes de la promenade architecturale de Le Corbusier. Trois escaliers successifs en béton nous mènent de l’allée à une longue galerie couverte. À droite, on passe devant l’aile de nuit de la maison; à gauche, on est complètement entouré de verdure. Et quinze mètres plus tard, on atteint la porte d’entrée en double vitrage.

Jens et Lies Mortier devant une Œuvre de la série "Smoking Kids" de Frieke Janssens. 
Jens et Lies Mortier devant une Œuvre de la série "Smoking Kids" de Frieke Janssens. 
©Jan Verlinde

Ensuite, la fête seventies commence. Dans le hall, un sol brillant en dalles de marbre blanc réfléchit la lumière du soleil. Grâce à cinq fenêtres élancées et à un motif de plafond en diagonale, l’entrée est flashy. À droite, en montant les marches en wengé, une nouvelle surprise nous attend: (encore) un long couloir, pour lequel l’architecte a (encore) imaginé une petite folie graphique pour le plafond. Cette fois-ci, il s’agit de lamelles en aluminium blanc, auxquelles la lumière artificielle variable ajoute un effet de relief. "Nous avons retiré les 110 lattes une à une, les avons nettoyées et fait reanodiser. Un travail titanesque, mais le résultat en vaut la peine", avoue Lies Mortier.

©Jan Verlinde
B-bis architecten a respecté le plan d’origine de l’architecte José Vanden Bossche en y ajoutant quelques éléments de confort très discrets.
B-bis architecten a respecté le plan d’origine de l’architecte José Vanden Bossche en y ajoutant quelques éléments de confort très discrets.
©Jan Verlinde

Stephan Vanfleteren

En réalité, un tel plafond est une bénédiction, car dans de nombreuses maisons contemporaines, "le cinquième mur" est plat et blanc, soit tout sauf un élément expressif de l’architecture. Dans les années 70, le plafond était loin d’être le parent pauvre qu’il est trop souvent. Rien d’étonnant à ce que Lies, Jens et B-bis architecten aient mis tout en œuvre pour rendre à ces petits extras leur lustre d’antan. "En particulier dans le bureau, où se trouvait un beau plafond en bois qui avait besoin d’un peu d’attention", explique Mortier. "Le propriétaire précédent avait essayé de peindre le plafond, sans enlever cette structure en bois et il y avait des traces de peinture partout. Tout nettoyer et remettre en place a été un autre sacré boulot!"

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Des classiques du design signés Alfred Hendrickx, Eero Saarinen, Charles & Ray Eames et Ludvik Volak mettent en valeur la photographie de Stephan Vanfleteren et de Frieke Janssens.
Des classiques du design signés Alfred Hendrickx, Eero Saarinen, Charles & Ray Eames et Ludvik Volak mettent en valeur la photographie de Stephan Vanfleteren et de Frieke Janssens.
©Jan Verlinde

Résultat: un bureau dans l’esprit "Mad Men", l’iconique série télé américaine sur une agence publicitaire new-yorkaise des années 60. En passant devant le bureau d’origine, à gauche, et la nouvelle cuisine, à droite, on arrive enfin dans les espaces de vie. Ici, une autre surprise nous attend: une première vue sur le jardin en pente douce, conçu par Brasseur de Zemst.

L’intérieur est parfaitement conforme à la vision de B-bis architecten, qui fondent harmonieusement éléments neufs et vintage, si bien que l’on se demande parfois ce qui est d’origine ou pas. Ici, des classiques du design d’Alfred Hendrickx, Eero Saarinen, Charles & Ray Eames et Ludvik Volak dialoguent avec des photographies contemporaines de Stephan Vanfleteren et Frieke Janssens.

"Cela nous paraît logique, mais les anciens propriétaires avaient aménagé la maison de manière complètement différente", confie Lies Mortier. "C’était plein d’antiquités. Des grandes armoires obstruaient les ouvertures des fenêtres. Mais, le pire, c’est que la connexion avec le jardin était rompue par une piscine intérieure, qui avait été aménagée dans un second temps. Je trouvais ça dommage. Alors, B-bis Architecten a démoli ce volume, doublé l’ouverture de la fenêtre et conçu une nouvelle piscine extérieure avec une poolhouse. On ne voit pratiquement pas qu’elle a été ajoutée à la maison."

©Jan Verlinde

Famille recomposée

Aussi satisfaits que soient Jens et Lies Mortier de leur joyau seventies, leur objectif n’était pas de vivre dans une construction basse en forme de L. "Nous avions prévu de faire construire à Meise avec Bruno Erpicum, le fantastique architecte bruxellois à la signature très personnelle, mais quand Lies a découvert cette maison, nous avons décidé, à la toute dernière minute, d’abandonner nos projets de construction. Elle a tout de suite vu le potentiel de la maison et c’est elle qui a dirigé les rénovations", se souvient Jens Mortier. "Le bâtiment en lui-même avait déjà du caractère. On ne crée pas ce genre de choses en un claquement de doigts. La maison est grande, c’est vrai, mais nous avions aussi besoin d’espace. Jens a une fille d’une relation précédente, et moi, un fils. Notre famille vit ici dans différentes configurations, mais chacun y a sa place", termine Lies Mortier.

©Jan Verlinde

Ce n’est donc pas Erpicum, mais bien B-bis architecten qui s’attèle à la rénovation. Un choix mûrement réfléchi, car le bureau anversois a déjà d’excellentes références pour ce type de bâtiments modernistes. Dirk Engelen, cofondateur du bureau, vit dans une villa en béton des années 70 qu’il a restaurée avec énormément de soin. Et la rénovation de la Villa Kaplansky à Anvers, construite en 1934, est exemplaire: les photos du résultat ont fait le tour du monde. Le projet de Mortier sera-t-il une publicité vivante? "La maison est un joyau caché dans la verdure. Nous préférions qu’il en reste ainsi. Enfin, jusqu’à ce que Sabato n’arrive!" (rires)

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