Dans toute la maison, des spots au style cinématographique sont suspendus à des luminaires remarquables, ajoutant une touche loft à cet espace ouvert. L'œuvre d'art dans la salle à manger est signée Taylor Anton White.
Dans toute la maison, des spots au style cinématographique sont suspendus à des luminaires remarquables, ajoutant une touche loft à cet espace ouvert. L'œuvre d'art dans la salle à manger est signée Taylor Anton White.
© Jan Verlinde

Bienvenue dans l'atelier-maison de l'artiste Klaas Vanderperren

Paysage et architecture, habitat et travail, art et nature, intérieur et extérieur: dans l'atelier-maison de l'artiste Klaas Vanderperren, ces éléments se mêlent comme une aquarelle.

Si des piverts viennent régulièrement s’écraser contre vos fenêtres, si vous devez installer des clôtures électriques pour éloigner les sangliers de votre pelouse, si le signal de votre GSM fait souvent défaut, alors vous savez que vous vivez vraiment à la campagne.

Pendant des années, l’artiste Klaas Vanderperren et son partenaire, un producteur de télévision, ont cherché un endroit pittoresque où s’installer. Finalement, ils ont trouvé leur bonheur en bordure d’une réserve naturelle, juste sur la frontière linguistique près d’Overijse. "Nous ne connaissions personne dans les environs. Ce sont purement la vue et l’espace qui nous ont attirés ici", explique Vanderperren.

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Depuis la cuisine sombre, on profite d’une vue directe sur la réserve naturelle. Pas étonnant que, de temps à autre, un oiseau vienne s’écraser contre la fenêtre.
Depuis la cuisine sombre, on profite d’une vue directe sur la réserve naturelle. Pas étonnant que, de temps à autre, un oiseau vienne s’écraser contre la fenêtre.
© Jan Verlinde

Un paysage habitable

Pour une construction neuve d’envergure, le couple a fait appel aux architectes de B-bis. Le résultat est une maison à double patio, réalisée en deux phases: la première en 2008, la seconde en 2023. Les nouveautés incluent une chambre d’amis, un patio, l’atelier de l’artiste, une cave à vin et des espaces de vie situés plus bas. "Mais la transition entre l’ancienne et la nouvelle partie est à peine perceptible, car nous avons utilisé les mêmes matériaux et couleurs: béton, briques sombres et acier, complétés par du bois", précise Vanderperren.

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Ici, prendre une douche ou un bain se fait face à face avec le paysage vallonné qui entoure Overijse. Des touches de rouge viennent briser l’atmosphère de "black box".
Ici, prendre une douche ou un bain se fait face à face avec le paysage vallonné qui entoure Overijse. Des touches de rouge viennent briser l’atmosphère de "black box".
© Jan Verlinde
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Grâce à cette rénovation, la maison s’intègre encore mieux au paysage vallonné: de grands escaliers en béton vous mènent progressivement de l’atelier d’artiste situé en hauteur à la cuisine en contrebas. Les architectes ont non seulement encadré la nature avec de grandes fenêtres, mais ils ont aussi littéralement intégré le paysage à l’intérieur grâce à une topographie d’escaliers.

La maison est en réalité un espace ouvert et allongé, où les différentes fonctions se fondent harmonieusement. Se promener dans cette maison donne l’impression d’une balade "domestiquée" dans la nature: depuis chaque pièce, la relation avec le paysage et l’architecture est différente.

Arnold Schwarzenegger

Depuis son nouvel atelier, Vanderperren bénéficie d’une vue magnifique sur un plan d’eau et les bois environnants. Mais, curieusement, cet environnement ne se reflète pas dans son travail, qui combine fusain, peinture et collage. L’artiste préfère composer des créatures naïves, qui interagissent entre elles.

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Avec une pause de quinze ans, les architectes de B-bis ont rénové la maison en deux phases, mais la transition entre les deux ailes est imperceptible.
Avec une pause de quinze ans, les architectes de B-bis ont rénové la maison en deux phases, mais la transition entre les deux ailes est imperceptible.
© Jan Verlinde
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Peut-être avez-vous déjà vu son travail sur la digue de Knokke, à la Pareit Gallery, où il a exposé en solo l’été dernier. Ou peut-être l’avez-vous reconnu dans l’émission télévisée "Stukken van Mensen". C’est là que la présentatrice et réalisatrice Cath Luyten a proposé son œuvre "Francine, why is your vibrator the size of Arnold Schwarzenegger". "Les premiers jours après cette émission, j’ai dû éteindre mon téléphone: j’étais submergé de messages et de demandes. Cette émission a attiré énormément de monde à la galerie", raconte-t-il. Ce titre n’était pas un coup de pub télévisé. "Why do I feel like Beyoncé on a Monday morning." "Carb Diem." "Two Ozempic, one Bentley." "Barfing in my Chanel Bag." "OMG meets WTF." Vanderperren invente des titres hilarants pour ses œuvres en techniques mixtes. Cela montre que pour lui, peindre n’est ni une tâche lourde ni une affaire d’État. Il se décrit lui-même comme "beaucoup plus intuitif que cérébral".

Ses œuvres figuratives et énergiques ne contiennent effectivement aucun message politique. "Je ne ressens pas le besoin de réinventer le monde dans mon atelier", dit-il. Il préfère créer des explosions de couleurs décoratives, sans prétention et guidées par son instinct, à la manière de Karel Appel. Et cela lui réussit particulièrement bien. "Les gens sont attirés par l’énergie positive que dégage mon travail. Ils veulent s’entourer de cela."

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Partout dans la maison, des spots au style cinématographique sont suspendus à des luminaires remarquables : une touche loft dans cette habitation ouverte.
Partout dans la maison, des spots au style cinématographique sont suspendus à des luminaires remarquables : une touche loft dans cette habitation ouverte.
© Jan Verlinde

Travailler en pyjama

"En fait, nous avions d’abord demandé à B-bis de construire un atelier, mais cela a un peu dérapé: au final, c’est une toute nouvelle maison qui a vu le jour", explique Vanderperren. "Pendant les travaux, j’ai loué un atelier à Wavre pendant un certain temps. Je devais alors prendre la voiture pour ‘aller travailler’. Certains jours, cela représentait une barrière. Ici, chez moi, je peux entrer dans l’atelier en pyjama le matin pour évaluer d’un œil critique les progrès de la veille. Et avant même de m’en rendre compte, je suis déjà en train de créer, une tasse de café à la main. La frontière entre habitat et travail a complètement disparu ici."

Bien que la nature soit le spectacle le plus impressionnant de cette maison, l’architecture est également très accueillante pour le design et l’art. Les couleurs sombres des murs se prêtent parfaitement à des œuvres graphiques et colorées. Vanderperren affirme – selon ses propres mots – ne pas être intimidé par les œuvres d’autres artistes dans sa maison. Même si ces artistes portent des noms comme Franz West, Philippe Vandenberg, Bram Bogart, Rinus Van de Velde, Sam Dillemans ou Joris Van de Moortel, pour n’en citer que quelques-uns. "Nous avons pesté lorsque nous avons voulu installer cette énorme œuvre de Fred Bervoets dans notre chambre. Le tableau ressemble à une scène de cauchemar. Et la nuit, il commence à craquer: comme si Bervoets y habitait encore lui-même."

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"Ce n’était pas une mince affaire d’installer l’œuvre de Fred Bervoets dans notre chambre. Elle semble craquer pendant la nuit", confie Vanderperren.
"Ce n’était pas une mince affaire d’installer l’œuvre de Fred Bervoets dans notre chambre. Elle semble craquer pendant la nuit", confie Vanderperren.
© Jan Verlinde

La cave à vin

Les œuvres les plus délicates de la collection privée sont accrochées dans une "black box" séparée, qui sert également de cave à vin – bien qu’il ne s’agisse pas strictement d’une cave. Les architectes ont même intégré des "rails invisibles" dans le revêtement mural en chêne, permettant de déplacer facilement les pièces de la collection.

Nous reconnaissons des œuvres intimistes sur papier d’Eddie Martinez, A.R. Penck et Raymond Pettibon, mais aussi des dessins originaux de bandes dessinées de Jacques Martin, Brecht Evens, Yves Chaland, Charles Burns et Chris Ware. "Vous trouverez peu de mes propres œuvres ici", dit Vanderperren. "Mais il y a quelques sculptures que j’ai réalisées à partir de déchets trouvés sur notre chantier."

Nous sursautons un instant en voyant des mauvaises herbes pousser dans un coin de la pièce. Que font-elles là ? Ce n’est ni un oubli ni un signe de négligence. Il s’agit d’une œuvre d’art de Tony Matelli, l’artiste américain qui reproduit des mauvaises herbes en bronze de manière photoréaliste. On frôle presque le côté gadget. Ou y a-t-il quelque chose de plus profond?

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Les fonds noirs mettent magnifiquement en valeur les œuvres graphiques, comme ici celles de Sam Dillemans.
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© Jan Verlinde

Pourquoi les mauvaises herbes appartiendraient-elles aux déchets de jardin et non à la nature? Une plante "sans valeur" acquiert-elle soudain de la valeur lorsqu’elle est en bronze? Une œuvre d’art est-elle une sorte de plante d’intérieur, nécessitant des soins? Les mauvaises herbes disparaissent-elles, alors que l’art perdure? Et prête-t-on davantage attention à la nature lorsqu’on l’appelle une œuvre d’art? Ou la nature peut-elle elle-même être une œuvre d’art feel-good, comme le travail de Vanderperren? Lorsque l’artiste regarde par la fenêtre de son atelier, il ne peut certainement pas le nier.

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