Alix Petit, créatrice de la marque de mode Heimstone, et son époux Onur Kecé ont fait l'acquisition d'une longère du XIXᵉ siècle, dans le parc naturel régional du Vexin, qu'ils ont transformée en maison moderniste.
"Je refuse d’être enfermée dans un style. Je suis autant Kim Kardashian que Lady Di."Alix Petit
Les journées d'Alix Petit ressemblent à celles d'une marathonienne, entre son label de mode créé en 2007, sa vie de famille et l'aménagement de la demeure familiale, située au cœur du parc naturel régional du Vexin, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris. "Cette maison est notre oxygène", confie la Française. Pour elle, certes, mais également pour son époux Onur Kecé, un entrepreneur à la tête d'une agence de communication, et pour leurs deux filles Panda, 3 ans, et Ellis, 7 ans.
Tous les vendredis, à la sortie de l’école, les parents récupèrent leurs fillettes et filent dans ce havre de paix, alangui au milieu d'un joli village. "Dès qu'on arrive, on allume des feux dans les cheminées et des braséros à l'extérieur, même avant les lumières, et on s'installe dehors, avec un verre de vin." Un moment presque sacré pour décompresser et amorcer le week-end. Pour Petit et Kecé, la vie est une affaire de famille. "On a toujours vécu en meute. Ma sœur jumelle Caroline (créatrice de la marque de céramique Three Seven, NDLR), son mari et leurs deux enfants ne sont jamais très loin de nous", avoue Alix Petit. Ainsi que son frère photographe, qui passe souvent le week-end ici, comme ses parents ou ses beaux-parents. "On a toujours été une famille très soudée, et nomade: le voyage est pour nous un art de vivre."
"On a beaucoup dialogué et échangé nos points de vue pour faire fusionner nos créativités et, en définitive, ce projet nous a rapprochés."Alix Petit
La preuve, quand Caroline part s'installer à New York, en 2007, Alix l'y rejoint. C'est là-bas qu'elle rencontre celui qui deviendra son époux. Dès son retour en France, en 2016, le couple se met à la recherche d'une maison de campagne. "On avait besoin de s'inventer de nouveaux repères. De se ressourcer le week-end après une semaine parisienne trépidante. Et de revenir aux sources d'une nature bienveillante."
Longère à l'écriture contemporaine
Pendant un an, ils arpentent l'Île-de-France en quête d'une demeure de caractère à retaper, à moins d'une heure de Paris. Jusqu'au jour où ils visitent, en 2018, cette longère qui répond à leurs critères: à la fois non loin de Paris et suffisamment grande pour accueillir famille et amis. C'est le coup de foudre, car les lieux ont du charme et, dès la signature de l(acte de vente, ils entament les travaux pour lui donner une nouvelle perspective et une écriture contemporaine.
"À l'abandon depuis plus de dix ans, cette maison de village était en friche, à l'instar du jardin. Après moult réflexions, on a conservé, intacte, la façade en pierres blanches de la région, mais on a entièrement repensé les volumes et les circulations. Notre objectif était de créer de nouvelles ouvertures pour faire entrer la lumière, de fluidifier les espaces afin que le rez-de-chaussée se lise d'un seul trait et de mettre en valeur la charpente et les poutres d'origine", témoigne Alix Petit.
"Quand nous avons acheté cette maison, elle était à l'abandon depuis plus de dix ans. Et le jardin était une jungle."Alix Petit
Et, pour que chacun dispose de son intimité sans entraver la liberté de l'autre, la maison a été conçue en trois parties, comme des organes autonomes, reliés entre eux par des portes dissimulées. La grange s'est muée en suite parentale, pensée comme un loft new-yorkais, avec une salle de bains suspendue et la chambre des filles à côté.
La salle à manger-cuisine-pièce à vivre, dotée d'une grande table en béton de 5 mètres de long et d'un îlot central avec barbecue intérieur, plaques et wok à induction, est devenue la respiration de la maison et le lieu des retrouvailles. Enfin la tour, dédiée aux invités, s'est enrichie de trois chambres d'amis, toutes pourvues d'une salle de bains. À côté, deux dépendances ont aussi été réhabilitées, dont une réservée à sa sœur jumelle et à sa joyeuse tribu.
"Onur s'est occupé du gros œuvre et, moi, de la décoration intérieure", poursuit Alix Petit. "Comme pour mes collections, j'ai suivi mon intuition pour le choix des couleurs et des textures, afin de trouver le juste équilibre entre rendu visuel et ressenti."
Bonne entente et chaleur
En dépit de la durée du chantier, toujours trop longue quand on est impatient d'occuper les lieux, la Française reconnaît qu'il n'y a pas eu la moindre tension entre elle et son époux. "Nous étions très respectueux des envies de l'autre. Même si nous n'avions pas la même lecture des lieux, nous sommes tombés d'accord. On a beaucoup dialogué et échangé nos points de vue pour faire fusionner nos créativités et, en définitive, ce projet nous a rapprochés. Pour Onur, fan de Frank Lloyd Wright, le béton s'est tout de suite imposé comme matériau de prédilection, au diapason de nos intentions. La priorité était de donner une identité forte, d'inspiration moderniste, à cette bâtisse et que la nature environnante fasse corps avec l'architecture."
À la froideur du béton, Alix Petit a opposé la chaleur des cheminées, des rideaux en tissus imprimés et des carreaux de ciment dont elle a dessiné les motifs. Elle a aussi privilégié les couleurs douces, comme le vert lagune ou le rose pastel, et des meubles aux formes organiques comme la paire de fauteuils et le canapé de Mario Bellini dans la chambre à coucher du couple.
Elle a également mixé différentes textures de béton qu'elle a associées à de la chaux ferrée et à des briques choisies avec soin. "À l'image de mes collections, je voulais que cette maison soit féminine, mais avec des inspirations volées au vestiaire masculin. Il y a une juxtaposition d'influences qui reflète ma personnalité, mon goût pour l'éclectisme et le voyage. Je refuse de me laisser enfermer dans un style. Je suis autant Kim Kardashian que Lady D!"
Allumer le feu
La maison a été divisée en trois entités autonomes reliées entre elles par des portes dissimulées.
Au-delà de l'harmonie et de l'équilibre qui se dégagent de cette maison aux proportions généreuses, le couple a réussi à faire dialoguer rigueur architecturale et émotions. Chinés en salle des ventes ou sur le site Pamono, tous les meubles ont été sélectionnés avec une attention particulière, en privilégiant la justesse du design au prestige de la signature. Et, dans chaque pièce, trône une cheminée autour de laquelle la vie de famille s'organise. "Quand Onur n'est pas en cuisine, une de ses passions, il passe une bonne partie de la journée à alimenter le feu, un élément essentiel et fédérateur. Comme une invitation à un voyage imaginaire."
Et le voyage est une des composantes majeures de la vie du couple. Petit et Kecé avouent volontiers qu'en dépit du plaisir qu'ils ont pris à réaliser ce projet, ils seraient prêts à en recommencer un autre, ailleurs. Peut-être à New York, à Los Angeles ou au Colorado, qui sait? À moins qu'ils ne soient sollicités pour décorer un hôtel, leur rêve. À suivre…