Comment concevoir une résidence secondaire à l’ambiance estivale sans qu’elle ne détonne en hiver? Demandez à Bieke Casteleyn.
Comment concevoir une résidence secondaire à l’ambiance estivale sans qu’elle ne détonne en hiver? Demandez à Bieke Casteleyn. "Il n’y a pas que le mois d’août à Knokke!"
Non, Bieke Casteleyn ne parvient pas encore à se détacher de Knokke. Elle achève sa nouvelle maison dans les environs de Damme, mais il lui est encore difficile de quitter sa station balnéaire bien-aimée. "Nous souhaitons bâtir à l’aise et, aussi, nous nous sentons très bien ici. À cinq minutes d’ici, il y a tout: mode, shopping, gastronomie, nature, sport ou détente. C’est une qualité de vie supérieure, surtout avec deux jeunes enfants. Tous les samedis, nous faisons une promenade de 20 kilomètres avec les enfants en poussette. Une habitude que nous avons prise pendant la pandémie, mais cela fait vraiment du bien de pouvoir se vider la tête aussi près de chez soi. Bien sûr, pendant les grandes vacances, c’est moins agréable parce qu’il y a foule, mais en tant que résidents de Knokke, on peut en faire abstraction. Il n’y a pas que le mois d’août à Knokke!"
"J’encourage mes clients à aller plus loin,à repousser les limites."Bieke Casteleyn
Casteleyn a commencé sa carrière dans le magasin de meubles de Rik Ruebens à Knokke et elle avait son bureau d’architecture d’intérieur, son studio de design et son atelier d’ameublement sur la Kustlaan. "Pour des raisons logistiques, notre quartier général se trouve maintenant à Maldegem, mais de nombreux clients possèdent une résidence à Knokke." La question qui se pose alors est la suivante: veulent-ils encore des intérieurs de style Knokke ou est-ce que ce style évolue enfin? "Je ne pense pas et j’ai du mal avec ça", répond-elle. "Je reçois encore très souvent des moodboards avec du travertin, du chêne, du beige ou du gris, soit les ingrédients typiques des réalisations haut de gamme au bord de la mer. Le public belge y est visiblement attaché. Par contre, moi, je ne veux pas me répéter, même dans les collections de mobilier que je crée. J’essaie d’encourager mes clients à aller plus loin, à repousser les limites."
Appartement quatre saisons
Les propriétaires de cet appartement de vacances sur la Driehoeksplein n’ont pas eu besoin d’être encouragés. "Il s’agit d’une entrepreneuse immobilière de Knokke qui a beaucoup d’audace. Contrairement à beaucoup de Belges, elle n’a pas peur de la couleur. Elle voulait même tellement de couleurs que j’ai dû la freiner un peu!", s’exclame Casteleyn en riant. "Pour donner à sa résidence secondaire une ambiance de vacances estivales, la propriétaire souhaitait un style bohème et décontracté. J’ai été déstabilisée, car ce n’est pas vraiment mon style. Mais lorsque j’ai vu les carreaux colorés fabriqués à la main d’Atelier Franssens sur son moodboard, j’ai su que je parviendrais à m’approprier cette mission."
L’architecte d’intérieur ne voulait surtout pas que l’appartement se limite à évoquer une ambiance estivale. "Sur la côte aussi, il fait gris la moitié du temps. Il ne faut donc pas essayer de recréer Ibiza: c’est pourquoi tout n’a pas été fini avec la technique typique de l’enduit blanc. Nous avons opté pour du bois foncé, des dalles rosées, un feu ouvert, des meubles confortables et des rideaux épais, autant d’éléments qui peuvent rendre cet endroit chaleureux même pendant les sombres journées d’hiver. Et ça marche: Birgit et sa famille passent beaucoup de temps ici, tout au long de l’année."
Flux organique
S’il y a un peu de spontanéité bohème, c’est dans la finition: par endroits, elle est délibérément nonchalante. "Je voulais introduire un certain degré d’imperfection dans cet appartement. C’est assez difficile pour des artisans habitués à faire un travail nickel", détaille Casteleyn. "Les façades des placards de la cuisine, par exemple, sont faits de planches massives que j’ai trouvées à l’arrière de l’atelier d’un menuisier. Elles sont un peu tordues et rugueuses, mais c’est justement l’effet recherché."
Ces façades irrégulières et la table biseautée confèrent également un flux dynamique au séjour tout en longueur. "Imaginez cet espace avec un parquet en chêne et une table rectangulaire: vous obtiendriez une ambiance totalement différente", déclare Casteleyn.
Ces éléments apparemment nonchalants contrastent avec des détails extrêmement sophistiqués, comme nous en avons l’habitude dans ses intérieurs et ses meubles. Il suffit de regarder les lavabos en céramique bleue et rose, fabriqués à la main à l’Atelier Franssens. Ou les fenêtres cintrées avec du tissu entre les vitres: un véritable casse-tête pour le menuisier, qui a néanmoins fini par trouver une solution. "Cette couche de tissu apporte un peu de mystère et d’intimité", explique Casteleyn. "Les arcs en plein cintre sont également récurrents autour de la cheminée, ainsi que dans le mur derrière le coin télé. Cet espace séparé est beaucoup utilisé, ce qui évite d’avoir une télévision dans le salon."
Chambre d’amis hybride
Les propriétaires de cet appartement ont une grande famille et une vie sociale très animée. Dans leur seconde résidence, il fallait une cuisine équipée, une grande table et un coin-bar intégré à l’îlot de cuisine asymétrique. Ils voulaient aussi quatre chambres à coucher. Je déconseille souvent d’avoir une chambre d’amis, car dans la pratique, elle est rarement utilisée et finit par devenir un débarras", estime Casteleyn. À la place, elle a conçu un bureau à domicile, avec un lit escamotable et une douche dissimulée dans le mur. "En tant que bureau, cet espace a une fonction claire et il est utilisé comme tel. Les rares fois où il y a des invités, il suffit de déplacer le bureau pour transformer la pièce en chambre." Nous ne serions pas contre l’idée d’y être invités un jour.