Laurence Leenaert, la fondatrice de la marque lifestyle LRNCE, a posé ses valises dans un penthouse à Marrakech. L'artisanat marocain inspire toutes ses créations.
Quelques centaines d’euros et une machine à coudre, c’est tout ce que Laurence Leenaert avait emporté lorsqu’elle a quitté Gand pour Marrakech il y a huit ans. Là-bas, l’artiste s’est inspirée des artisans traditionnels et des paysages désertiques d’une beauté stupéfiante pour créer ses collections.
"Quand je me suis installée à Marrakech, j’avais 90 followers. Aujourd’hui, j’en ai 308.000."Laurence Leenaert
Pour Laurence Leenaert, le trajet quotidien en scooter jusqu’à son atelier est un des moments les plus agréables de la journée, parce qu’elle voit défiler la ville, des impressions qui réapparaitront dans ses créations. Avec son époux Ayoub Boualam, la Belge dirige la marque lifestyle LRNCE, dont le design est basé sur les traditions et l’artisanat marocains.
Les vêtements, les articles en cuir (les premiers qu’elle a lancés il y a huit ans étaient des sacs et des sandales), les céramiques, les œuvres d’art, les textiles, les meubles et les objets LRNCE ont tous la même caractéristique: la simplicité des lignes associée à la vivacité des couleurs. Un style que l’univers de la mode qualifie de naïf et qui lui a permis de devenir une valeur sûre, de Bruxelles à New York. La créatrice estime que son succès est dû à son travail et à Instagram. "Quand je me suis installée à Marrakech, j’avais 90 followers. Aujourd’hui, j’en ai 308.000."
Quand elle a obtenu son diplôme de créatrice de mode à l’Académie royale des beaux-arts de Gand en 2013, elle a pris une décision étonnante: au lieu de choisir Londres ou Paris, elle a décidé d’effectuer un stage pour la marque allemande Bless, ce qui lui a permis de porter un regard différent sur le monde. En effet, Bless se voit comme une marque visionnaire avec des produits équitables et une approche multidisciplinaire pour réfléchir à la mode, mais aussi à la vie de manière générale.
Coup de foudre
Bless a tellement marqué Leenaert qu’elle a adopté ses valeurs lors de la fondation de son label, LRNCE, il y a huit ans. Pour cela, elle s’est installée à Marrakech, où elle a trouvé dans les ateliers locaux le savoir-faire pour ses créations.
Avec son époux, elle a emménagé dans un appartement à Guéliz, le plus ancien quartier du nouveau Marrakech. "Un havre de paix dans un quartier débordant de vie et d’énergie", décrit-elle avec enthousiasme. "Nous aimons vivre ici, parce que le quartier est facilement accessible, mais aussi parce qu’on a vraiment l’impression de vivre dans une ville dynamique."
Le penthouse de 160 m² s’articule autour d’un patio, typique de l’architecture marocaine traditionnelle. L’appartement est donc inondé de lumière, ce qui est idéal, car cet espace est rempli de plantes. "Cet appartement ouvert aux quatre vents est connecté à la ville animée en contrebas: ça me donne de l’énergie!"
"Nous avons acheté beaucoup de plantes, passé un coup de peinture ici et là sur les murs et c’est tout: nous avons donc rapidement emménagé!"Laurence Leenaert
Le bâtiment a été construit dans les années 80. Le sol de la terrasse d’origine est en parfait état. L’appartement a été rénové en 2018 par l’architecte italien Bruno Melotto de Trab Design. La créatrice et son époux ont eu le coup de foudre: ils se sont décidés dès la première visite. "Nous avons acheté beaucoup de plantes, passé un coup de peinture ici et là sur les murs et c’est tout: nous avons donc rapidement emménagé!", raconte-t-elle avec enthousiasme. "Comme nous avons beaucoup d’objets et d’œuvres d’art, nous avons opté pour des tons neutres sur les murs. Comme un vert sauge dans la cuisine, par exemple."
Sphères de travertin
La jeune femme a acheté beaucoup de meubles et d’objets de décoration dans des galeries vintage et chez des antiquaires en Belgique et aux Pays-Bas, ainsi qu’au marché aux puces de Marrakech. Les murs sont ornés de peintures de sa main, mais aussi d’œuvres du collectif d’artistes gantois Leo Gabin, de la Française Natacha Mankowski ou de l’Américain Terry Ekasala.
Ce qu’elle aime le plus, ce sont les fauteuils ‘Pagrù’ du salon, ce qui ne l’empêche pas de concevoir ses propres meubles: elle ramène régulièrement les prototypes chez elle pour les essayer et les peaufiner. "Je teste constamment de nouveaux matériaux et j’aime combiner différentes textures, du cuir au marbre en passant par le tissu, le bois et le zellige, une technique de mosaïque typique du Maroc. Mises ensemble, elles créent un équilibre intéressant. Pour mon bureau par exemple, j’ai utilisé un plateau en placage de bois, tandis que les pieds sont faits de grosses sphères en travertin."
Les pierres sont d’ailleurs présentes dans tout l’intérieur: le fruit des nombreux voyages aux quatre coins du globe que le couple a fait ensemble ou séparément. On remarque aussi la présence de beaucoup de livres. "J’aime les deux, les voyages et les livres: ils améliorent la qualité de vie", déclare-t-elle.
"J’aime relever le défi de créer des meubles qui soient à la fois pratiques, amusants et esthétiques."Laurence Leenaert
Naïf et enfantin
Au départ, la créatrice ne vendait que quelques modèles de meubles sur son site web, essentiellement des chaises et des tables basses. Lorsqu’elle s’est installée dans cet appartement beaucoup plus grand, elle n’a pas eu d’autre choix que d’en concevoir d’autres, mieux adaptés aux lieux. "J’ai dû réfléchir à des meubles plus grands, comme des tables, des petits fauteuils ou une commode. J’aime relever le défi de créer des meubles qui soient à la fois pratiques, amusants et esthétiques."
Leenaert a utilisé du bois, du placage de loupe, de la pierre, du marbre et du cuir. Pour son nouvel appartement comme pour sa marque, elle a travaillé en étroite collaboration avec des artisans locaux. Le bureau est suffisamment grand pour que deux personnes puissent s’y installer pour travailler, mais elle aime aussi concentrer toute son inspiration sur un meuble qui n’accueillerait qu’une seule personne.
À propos de son style, elle déclare: "Mes dessins ont toujours été naïfs et enfantins. Le côté tribal me fascine, tout comme les symboles. Mais l’art peut aussi être une de mes sources d’inspiration. Ici à Marrakech, avec les couleurs et les vibrations de la ville, tout est réuni pour nourrir mon inspiration."
Le week-end, il lui arrive de s’échapper de la ville pour se rendre à la lisière du désert, à environ 40 minutes de route en scooter. "Là-bas, j’ai le temps et l’espace pour réfléchir. J’emporte mon carnet de croquis et quand j’arrive dans un lieu inspirant, je m’assieds et je me mets à dessiner. Dans le désert, il n’y a presque personne. Tout ce que je vois, ce sont les palmiers et l’immensité de l’espace. C’est là que je ressens ce sentiment particulier de la beauté de la vie. Ce sont les meilleurs moments de la journée!"