Les intérieurs de Nathalie Deboel, entre confort et réconfort

"Le plus beau compliment que j’ai reçu cette année de la part d’un client? 'J’ai eu une année difficile sur le plan professionnel, mais ma maison m’a sauvé!'. Le titre du livre renvoie ainsi à l’essence même d’une maison: un endroit où l’on se sent en sécurité. Plus qu’un intérieur, nous créons une émotion. Mon travail, c’est bien plus qu’assembler des tables et des chaises: nous concevons des intérieurs qui enveloppent comme un manteau confortable, dans lesquels on peut se blottir."

Dans la préface, le créateur Edouard Vermeulen (Natan) compare le travail de Deboel à "une veste de costume sur mesure". Mais, pour Deboel, elle ne doit pas être trop étriquée, "parce qu’il faut pouvoir s’y sentir à l’aise. Une maison ne doit pas étouffer." Rien d’étonnant à ce qu’elle ait choisi Vermeulen: il a suivi une formation d’architecte d’intérieur avant de passer à la mode. À Knokke, leurs showrooms sont voisins et elle a participé à l’aménagement de sa nouvelle maison, près du golf.

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"Comment habiller quelqu’un? Comment concevoir quelque chose qui soit à la fois luxueux et modeste? Ce sont des sujets dont j’ai souvent parlé avec Édouard", confie-t-elle. "Il lit une silhouette comme je lis un bâtiment. Avant de nous lancer, nous voulons tous deux comprendre en profondeur pour qui nous créons. Comme dans la haute couture, le client doit s’ouvrir à moi dès les premiers entretiens. Quels sont ses souhaits? Qu’est-ce qui est important dans sa vie? Comment mange-t-il? Qu’attend-il d’une maison? Doit-il s’agir d’un refuge ou d’un endroit où recevoir des amis?"

"Comforting Homes" est consacré à 15 intérieurs réalisés dans plusieurs pays, de Knokke à Tel Aviv en passant par Bruxelles, Londres et Paris. Dans sa première collection de meubles, "Nomad", on sent également son amour pour l’artisanat et les matériaux naturels tels que le lin, la chaux, le bois, l'argile, la céramique, la pierre.

"J’ai toujours été attirée par la beauté. C’était ma formation, mon salut et mon tremplin. C’est pour cela que je considère qu’il est de mon devoir moral de me battre pour la beauté. Notre travail contribue à faire un monde plus beau. Je trouve qu’il est précieux de pouvoir créer un lieu où les gens se sentent bien. Parce que lorsqu’on vit bien, on devient une meilleure personne. Ma question centrale est toujours la suivante: comment renforcer l’architecture et la personnalité du client afin d’améliorer sa qualité de vie?"

Nathalie Deboel fonde son bureau il y a 15 ans, à l’âge de 35 ans. Peu de gens savent qu’après ses études à Sint-Lucas Gent, elle a fait ses armes  chez Obumex, avant de travailler pendant cinq ans chez Inditex (Zara, Massimo Dutti, ...). Elle rejoint ensuite l’enseigne d’aménagement intérieur Flamant, pour assurer le marketing et les ressources humaines, jusqu’à ce qu’un ami lui demande d’aménager un petit studio à Knokke. Et quand on lui demande de concevoir la boutique Seven à Knokke, elle se risque à quitter son emploi et à mettre sur pied son bureau à Knokke.

"Au départ, je concevais surtout des résidences secondaires, mais, progressivement, on m’a demandé de m’occuper de résidences principales et de résidences à l’étranger. Mes clients sont des entrepreneurs et des ‘nomades urbains’, qui s’installent aux quatre coins du monde. Ils ont une vie bien remplie, mais intéressante. En tant qu’architecte d’intérieur, je dois leur fournir une proposition appropriée. Je ne travaille pas pour des clients qui aiment étaler leur richesse, mais pour des personnes qui souhaitent avoir une vie intérieure riche, tout en gardant les pieds sur terre. Je conçois pour eux des maisons dans lesquelles ils peuvent se sentir bien."

Si Nathalie Deboel n’avait pas été architecte d’intérieur, elle aurait été psychologue. À chacune de nos rencontres, je suis frappé par son empathie et par la qualité de son écoute. "J’aurais peut-être dû devenir compositrice. Si on compare mon travail à la musique, je ne serais ni le premier violon, ni le chef d’orchestre, mais plutôt la compositrice de la partition à laquelle les musiciens donneraient vie. La musique est une émotion pure, alors qu’elle cache une architecture mathématique complexe. La musique est invisible, mais avec des notes, une harmonie et un rythme, on peut susciter un sentiment qui déclenche instantanément toutes sortes d’associations d’idées. C’est ce que nous voulons faire. Un projet n’est vraiment réussi que si les clients ressentent cette émotion à sa réception."

Et, bien souvent, ce n’est pas la fin de l’histoire: de nombreux clients sont devenus des amis, siègent dans son proverbial conseil d’administration et continuent à la consulter pour les finitions et les détails, jusqu’au linge de maison et à la vaisselle. "Nous les faisons souvent fabriquer par des artistes, des céramistes ou des artisans belges", explique-t-elle.

Séance de dédicace du livre "Comforting Homes" le samedi 11/12 de 14h à 18h à Bruxelles (avenue Montjoie 228) et le dimanche 12/12 de 14h à 18h à Knokke (Zeewindstraat 8). www.nathaliedeboel.be