L'esprit indomptable de Marie Olsson Nylander – designer, antiquaire, styliste et animatrice de podcast – se retrouve dans sa nouvelle demeure art nouveau.
"C’est ici que vit mon clan." Dès le seuil franchi de sa résidence au cœur d’Helsingborg, bourgade suédoise méridionale, Marie Olsson Nylander s’empresse de nous présenter ses cohabitants. "Voici William, mon époux de 52 ans; Vidar, l’aîné de 20 ans; Otto, 19 ans; Ingrid, notre aventurière de 13 ans; Solveig, 7 ans, la benjamine. Sans oublier Bosse, notre shar-pei, gardien vigilant de tous et de tout."
Lorsqu’il s’agit de se définir, Marie Olsson Nylander hésite un instant: apposer une étiquette sur ses activités lui semble incongru. Elle se présente donc comme "décoratrice d’intérieur", bien que cette désignation ne soit qu’un volet de son riche parcours. "Autodidacte", "écrivaine", "collectionneuse", "figure anticonformiste", "animatrice de podcast", "antiquaire", "mère" et "épouse" lui conviennent tout autant. Elle se refuse à toute classification, préférant incarner un esprit libre doublé d’une créatrice polyvalente qui s’enthousiasme pour les trouvailles vintage, les nuances chromatiques inédites, les étoffes soyeuses et les récits en devenir.
Son style est, selon ses propres termes, "boho-savage", soit un mélange authentique d’objets anciens et de pièces de design de teintes douces et patinées, formant un récit d’une beauté singulière. Point de dogmes rigides, point de carcans, mais un chaos esthétique où spontanéité et créativité s’épanouissent.
Coup de foudre
L’édifice monumental de 1880 était une âme en peine lorsqu’elle le découvre: sols masqués sous des revêtements adhésifs, cuisine des années 1990 ("dans sa version la plus disgracieuse") et omniprésence de conduits d’aération en acier dénués de toute âme. "Imaginez, cela a été un call-center", soupire-t-elle. "Nous avons donc entrepris une refonte quasi intégrale. Électricité, sols et, surtout, ces conduits qui furent une véritable gageure."
"Je privilège les pièces uniques et les mises en scène."
"Néanmoins, ce fut le coup de foudre", murmure-t-elle. "Je savais que cette demeure m’attendait. Je l’ai toujours connue, ne serait-ce que de l’extérieur." En effet, elle se trouve à proximité du Dunkers Kulturhus, une salle de sport dans un bâtiment contigu qu’elle fréquente depuis 2021. "À chaque passage, je me disais: si je reviens un jour à Helsingborg, ce sera dans cette maison." Comme si l’univers l’avait entendue, l’appartement est mis en vente en 2022.
Rêves de maisons
Aujourd’hui, chaque pièce témoigne de la personnalité de ses occupants, ce qui est inévitable avec quatre enfants. "Toutes les teintes sont naturelles, car je n’apprécie que ce que crée la nature: lin, coton, soie, laine, sisal."
La cuisine et le vaste séjour sont au cœur de la maison, c’est là que la famille se retrouve et où des récits se tissent entre les cliquetis de claviers et les murmures télévisuels. "Nous aimons regarder des films ensemble ou partager de longs repas. Et ensuite? Nous restons à table, évoquant le passé et l’avenir."
Son regard s’illumine devant l’oeuvre murale de l’artiste finlandaise Mirja Ilkka. "C’est mon spot préféré", confie-t-elle avec un sourire. Olsson fait plus qu’apprécier une touche de couleur – elle l’embrasse avec passion. Son récent projet d’intérieur du Palazzo Cirillo en Sicile, alias "la maison rose", en est un exemple. Cette maison a également servi de décor à la série télévisée suédoise relatant cette rénovation spectaculaire, "Husdrömmar Sicilien" (Rêves de maisons siciliens).
La vie d’Olsson n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Elle a survécu à une grave maladie et un divorce difficile. Une fois rétablie, elle a retrouvé l’amour auprès de William, qu’elle a épousé en secondes noces. Leur union a été scellée par la naissance d’un quatrième enfant. "Je suis une amoureuse et une guerrière", affirme-t-elle, le regard empli de force et de vulnérabilité. "L’abandon? Ce mot n’existe pas dans mon vocabulaire. Ma famille est ma priorité. Vient ensuite le travail. J’affectionne le vintage, l’antiquité, les demeures et les rêves. J’aime créer des espaces, des pièces, des maisons. Je suis une travailleuse acharnée, je ne prends rien pour acquis. Les commérages? Très peu pour moi. Les apéritifs? Pas mon truc non plus. Je vois mes amis lors d’activités, souvent liées au travail ou à des voyages."
Une esthétique singulière
Pour la maison aussi, son style défie toute classification. "Je privilégie les pièces uniques et les mises en scène. Un coussin, par exemple, je préfère le confectionner plutôt que l’acheter." Les murs de sa nouvelle demeure reflètent cet esprit libre. Elle les laisse parfois imparfaits, comme une métaphore de la vie – alors que d’autres murs se parent, eux, de touches artistiques.
L’intérieur se veut un mélange vivant de "trésors d’antan" et de pièces cultes design, toujours empreint de confort, comme en témoignent les tapis "ultra-moelleux" et les nombreux coins salon. Ces espaces de convivialité sont l’âme de la maison. C’est précisément ce qui a séduit Olsson. "Cette maison a une signification particulière pour moi", confie-t-elle. "Elle est le trait d’union entre mon passé et mon présent. À cinquante ans, je devrais peut-être lever le pied, mais je peine à me fixer des limites –dans la vie, chez moi et dans ma tête."