L’univers des collectionneurs est fait de rêves, de possessions et (parfois) d’obsessions. Cette semaine: la collection de sacs à main de la maison Delvaux de Stefanie Weckx.
Ce qui, il y a deux ans, a débuté comme un hobby s’est mué en une collection d’une trentaine de sacs à main avant de devenir un métier, Atelier Mémé. En effet, Stefanie Weckx est fanissime de Delvaux: elle achète et restaure des sacs de la maroquinerie de luxe, avant de les proposer à la vente sur son site web. Avec succès: chaque année, un millier de sacs trouvent un nouveau propriétaire grâce à son expertise et son équipe de six personnes en restaure entre 300 et 400.
Cette fascination pour Delvaux naît au cours de son congé de maternité. "Je lisais un ouvrage sur le mouvement d’investissement FIRE. Un chapitre était consacré à l’investissement dans les sacs à main de luxe. J’étais novice en la matière, mais cela a titillé ma curiosité et je me suis consacrée à ce marché. J’ai rapidement identifié deux tendances dans la vente de seconde main: d’une part, les boutiques de luxe et, d’autre part, les particuliers qui proposent des modèles anciens en ligne."
"Quand je découvre quelque chose de beau, je ressens le besoin de l’acquérir ainsi que, si possible, tout ce qui s’y rapporte."Stefanie Weckx
L’idée de se lancer a germé dans l’esprit de la jeune mère. "J’ai acheté en ligne mon premier Delvaux: un Borsalino que j’ai payé 200 euros. Mon objectif était bien sûr de le revendre en faisant un profit. J’ai pris des photographies de qualité professionnelle, rédigé une description précise et mis ce sac aux enchères pour 350 euros. Avant même de réaliser ce qu’il se passait, il était vendu."
Biographie
Stefanie Weckx (34 ans)
◆ Architecte. Titulaire d’un doctorat en réaffectation et patrimoine.
◆ vend son premier Delvaux en février 2023. En avril 2023, elle met fin à son doctorat pour développer son entreprise.
◆ Atelier Mémé emploie six restaurateurs et bientôt un septième.
◆ Vend environ 1.000 sacs Delvaux par an et en restaure 300 - 400.
◆ Sa collection personnelle compte une trentaine de pièces.
Nuances de cognac
Stefanie Weckx prend goût à cette activité. "Je la considérais comme un nouveau loisir qui me rapportait un complément de revenu. J’ai écumé les marchés aux puces, passé Facebook Marketplace au peigne fin et participé à différentes enchères en ligne."
En parallèle, elle s’intéresse à la restauration des sacs à main. "Quelques retouches judicieuses peuvent considérablement augmenter la valeur d’un sac. Il est essentiel de trouver la teinte exacte pour raviver le cuir." Voire la composer soi-même. "Delvaux propose environ cinq nuances de cognac, mais pour trouver la bonne combinaison, il faut parfois s’y reprendre à cent reprises. Comme je mélange moi-même toutes mes couleurs, je dispose d’un vaste stock."
Rapidement, il paraît évident que concilier son doctorat en architecture avec Atelier Mémé devient intenable. "Au début, je voyais les sacs à main comme un petit travail sur le côté, mais très vite, c’est devenu mon job principal et j’ai donc dû prendre la décision de me lancer."
Addiction au cuir
Le choix de la jeune femme de se consacrer aux sacs Delvaux relève d’un heureux concours de circonstances. "Je trouvais que c’était une magnifique maison belge, et aussi la plus ancienne du monde. Son histoire me parlait, mais mes connaissances n’étaient pas très." Sa passion pour la collection a été déterminante. "Quand je découvre quelque chose de beau, je ressens le besoin de l’acquérir ainsi que, si possible, tout ce qui s’y rapporte. Le fait que Delvaux propose autant de collections et de modèles joue donc en faveur de ma collectionnite."
On recense 3.000 modèles Delvaux différents et les couleurs varient en fonction des collections. "Chaque jour est une surprise. Je reçois des sacs que je n’ai jamais vus ou que je n’avais pas vus depuis longtemps. Je suis devenue addict au cuir et aux différents modèles."
La sonnette retentit: c’est le facteur qui vient livrer un colis. "Je suis toujours curieuse de découvrir ce que la boîte contient!", s’amuse Weckx. Un simple colis Vinted cache un véritable trésor: un Brillant beige. "Il est en parfait état. Je parierais sur une pièce de la collection 2006 en couleur ‘noisette’." Ce sac à main nécessite-t-il une restauration? "Je dois légèrement renforcer la poignée et recoudre quelques coutures qui sont devenues un peu lâches avec le temps. Je vais également retoucher les coins." Et le prix? "On va compter 4.000 euros pour cette belle pièce en parfait état."
"Je n’ai plus besoin de chercher des pièces Delvaux." En effet, le bouche-à-oreille a fonctionné: sur son site, près de cent personnes par semaine proposent leur Delvaux. "En général, on les vend pour des raisons financières, par exemple après un divorce ou un décès. Ce n’est pas très joyeux comme contexte, mais c’est quand même gratifiant de leur donner une seconde vie."
Autruche et crocodile
Stefanie Weckx nous emmène dans son dressing, où sa collection d’une trentaine de sacs Delvaux repose dans leurs dustbags assortis. "Mon préféré? Tout ce qui est en cuir d’autruche. Je suis fascinée par la texture et la matière." Son modèle de prédilection est le Tempête. "C’est l’architecte en moi qui parle, confie-t-elle. Ses lignes et sa robustesse sont extraordinaires. Sa poignée est conçue avec ingéniosité: le côté plat repose sur le sac, ce qui permet de bien conserver la forme. Et il vieillit magnifiquement."
Stefanie Weckx porte ses sacs Delvaux au quotidien. "J’emporte mon Brillant au CrossFit. Par contre, je veille à ce qu’il soit en sécurité et pas simplement posé par terre. Je traite mes sacs à main avec respect, car ils doivent conserver leur valeur si je devais les revendre."
Et quels sont les modèles les plus prisés? "Les classiques. Le Brillant est le modèle iconique, ce qui est dû à son histoire. En effet, il a été conçu spécialement pour l’Expo 58. Sa forme s’inspire du pavillon Philips de Le Corbusier, dont on retrouve les lignes fluides et sensuelles, ainsi que la forme évasée."
Stefanie Weckx nous présente quelques-unes de ses pièces exceptionnelles. "Un Brillant en cuir de crocodile ou d’autruche n’est peut-être pas si rare que ça, mais il est extrêmement précieux, car Delvaux ne les fabrique plus que sur commande. Je possède également un mini Brillant noir de la collection René Magritte avec une petite pomme dorée sur la poignée." Envisagerait-elle de se séparer un jour de sa pièce la plus rare? "Jamais. Elle restera toujours avec moi ou ma fille." Mais, parfois, elle change d’avis. "De temps en temps, j’en vends un de ma collection. Cela fait de la place pour un nouveau Delvaux."