Le gourou du parfum, Chantal Roos, lance sa propre ligne

37 après avoir été fragrance marketer chez Yves Saint Laurent pour la création du scandaleux Opium, Chantal Roos présente sa propre ligne de parfums.

Chantal Roos (67) doit son patronyme évocateur à son premier mari. Elle ressemble parfaitement à l'image de la frêle Française dont parlent les livres comme 'Why French women don't get fat'. Elle est très chic, comme lors de la présentation de sa ligne de parfums Dear Rose où elle portait une ravissante combinaison qu'on jurerait sortie des ateliers Dior.

Publicité
La ligne 'DEAR ROSE' est née pour célébrer les femmes.
La ligne 'DEAR ROSE' est née pour célébrer les femmes.

C'est elle qui, en 1977, avec Yves Saint Laurent, a créé Opium. Elle exerçait un métier relativement nouveau pour l'époque, fragrance marketer, dont le rôle est de faire le lien entre le nez et le créateur ou la société commanditaire du parfum. Autrement dit, c'est elle qui rédigeait le briefing pour le nez et définissait l'orientation de la future fragrance. Et Chantal Roos savait bien faire ses briefings: elle a un certain nombre de bestsellers à son actif comme L'Eau d'Issey et Opium. Depuis, toutes les maisons de mode et de parfum ont leur fragrance marketer qui cartographie les souhaits du créateur ou de la marque pour briefer le créateur du parfum. Il y a souvent une orientation de départ (frais, oriental ou fleuri, ce qui détermine déjà certains ingrédients), mais pas encore de nom, juste un nom de code. Il se peut qu'il y ait déjà un flacon, une égérie et, surtout, un deadline. Tous ces éléments sont destinés au nez.

Publicité

Opium, son premier jus, est devenu le succès que l'on sait notamment grâce à son nom scandaleux. Cet oriental sensuel épicé s'adressait aux bourgeoises bohèmes. Roos: "À l'époque, en France, les parfums étaient encore considérés comme un art. C'était un monde conservateur, assez fermé. Yves Saint Laurent s'est donc tourné vers les Américains, plus novateurs. Ensuite, quand j'ai fait Kouros (YSL, 1981), j'ai repensé à cette énergie des américains. C'était ma source d'inspiration, mon drive. Collaborer avec les créateurs, c'était fantastique: ils ne parlaient pas d'argent, cela faisait un monde de différence même s'il y avait beaucoup de stress. Les cinq premiers mois chez YSL, j'ai perdu 5 kilos! Je devais tout organiser et tout le monde me détestait."

Publicité
Un accord solaire hespéridé pour 'Sympathy for the sun'.
Un accord solaire hespéridé pour 'Sympathy for the sun'.

"Pour imaginer le flacon d'Opium, monsieur Saint Laurent m'avait donné un meuble chinois en laque rouge. Et il tenait absolument à ce nom, Opium. Il voulait que ce parfum reflète sa vie au Maroc, où il aimait séjourner. En langage de la parfumerie, cela pourrait donner luxueux et épicé, iris, patchouli, encens et musc. Quand j'ai présenté le parfum terminé, dans son flacon estampillé Opium à l'équipe de vente française, on m'a dit: "Nous ne pourrons jamais vendre ça ! Un flacon en plastique ! Et ce nom !" Deux mois plus tard, Opium était sold out en France, ce qui nous a obligés à rapatrier les stocks qui étaient à l'étranger."

L'ère de l'eau
En 1992, Chantal Roos est chargée de concevoir un parfum pour le créateur japonais Issey Miyake. Ce n'est pas simple: non seulement Miyake est relativement peu connu, mais on n'associe pas les Japonais aux parfums. Roos se souvient: "Miyake trouvait qu'une femme ne devait faire sa toilette qu'à l'eau. Il ne m'en a pas dit plus. Alors j'ai dit aux nez de penser à l'eau qui ruisselle sur les rochers, sur la mousse, les fleurs et le bois. Sans succès: ils ne s'en sortaient pas, mon briefing était trop bizarre. Un mois avant la deadline, j'ai enfin trouvé un nez qui le comprenait: Jacques Cavallier. Et il a créé L'Eau d'Issey (lotus, rose, lys et essences de bois clair) qui, un an plus tard, était la première vente. Cela a marqué le début de l'ère des eaux. Des parfums légers, aériens, des eaux de Cologne modernes."

Collaborer avec des créateurs, c'était fantastique: ils ne parlaient pas d'argent.
Chantal Roos

Les parfums de niche
Aujourd'hui, le moment est venu de lancer sa ligne de parfums, avec son propre concept. Chantal Roos et sa fille, Alexandra, ont conçu cinq fragrances déclinées de la rose. "Les cinq fragrances représentent chacune une femme différente. Dear Rose évoque la formule de salutation dans une lettre intime. A Capella est la pureté: j'ai imaginé un jardin fleuri avant l'aube, une senteur fraîche et verte - rose, lierre et essence de bois blond. Bloody Rose ressemble à une femme à la fois douce, dangereuse et subtile -les fleurs blanches comme la tubéreuse peuvent être hypnotiques ! Dans Dry Down, la rose s'encanaille avec le patchouli et l'encens. I Love My Man, c'est un parfum d'amoureuse - rose centifolia, fève tonka et notes épicées. Sympathy For The Sun est chic et méditerranéen: notes hespéridées, accord boisé, humide et salé. La Favorite est la voyageuse curieuse sur un tapis d'orient - notes épicées et patchouli."

Chantal Roos pourrait arrêter, mais elle aime trop son travail. L'idée de lancer sa ligne lui a été suggérée par Alexandra. "J'y avais déjà songé, mais lancer une ligne de parfums coûte très cher, et je n'en avais pas les moyens. Mais nous avons vu une opportunité dans la parfumerie de niche parce que dans ce cas, le montant des investissements est moins élevé. Nos fragrances sont disponibles chez Jovoy (Paris) et en ligne. Alexandra se charge du volet commercial et moi de l'image globale, du nom au bouchon. J'ai déjà vu de beaux jus faire un flop à cause d'un mauvais flacon ou d'un mauvais nom. Et vice-versa !"

Dear Rose, 100 ml 125 euros. www.dear-rose.f

Publicité
Service Sponsorisée

Lire Plus