Certains sacs à main haut de gamme ont vu leur valeur grimper pendant la crise sanitaire. (ici: Bottega Veneta, "The Chain Cassette")
Certains sacs à main haut de gamme ont vu leur valeur grimper pendant la crise sanitaire. (ici: Bottega Veneta, "The Chain Cassette")

Le sac à main de luxe, un véritable placement à l'ère du coronavirus

Les ventes de sacs à main haut de gamme ont augmenté pendant la crise sanitaire. Sur quels "it-bags" se sont ruées les fashionista qui ont du flair en affaires?

Après les rouleaux de papier-toilette, le gel hydroalcoolique, les masques, les pâtes et les indispensables de la pâtisserie faite maison, un autre produit s'est imposé comme must-have: un beau sac à main. La récente pandémie de Covid-19 a poussé, en effet, certaines consommatrices à investir, non pas dans des titres cotés en bourse ou dans de l’immobilier, mais plutôt dans cet accessoire moins superflu qu'il ne pourrait y paraître

"Le marché des sacs de luxe n’a pas souffert du confinement ni de l’incertitude."
Rachel Koffsk
Christie’s
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"Même si l’on ne pouvait pas sortir de chez soi, notre clientèle a continué à acheter tout article pouvant être considéré comme un investissement et dont la marque présente une évidente longévité. Nous avons aussi vu la demande augmenter", explique Ida Petersson, directrice des achats chez auprès de la boutique en ligne Browns Fashion.

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Ventes record

Dernier best seller en date: le sac Horsebit de Gucci, un sac à bandoulière matelassé de Saint Laurent, le Croissant de Lemaire et tout ce qui est signé Jacquemus. Le sac-panier de Loewe, célèbre sur Instagram, a figuré dans le classement Lyst des dix accessoires les plus populaires pendant le confinement.

Gucci, "1955 Horsebit Boston GG Supreme", 1.390 euros.
Gucci, "1955 Horsebit Boston GG Supreme", 1.390 euros.

Quant aux sacs à bandoulière matelassés et aux pochettes en cuir marshmallow Cassette de Bottega Veneta, ils ont été en rupture de stock quatre jours après leur arrivée sur brownsfashion.com. (J’ai une amie qui rafraîchissait sans cesse le site Matches chaque fois qu’elle recevait un mail l’avertissant que le sac de Bottega Veneta de sa wishlist était à nouveau de stock, en vain: il avait été vendu à des cliqueuses plus rapides. Elle a fini par se rabattre sur un Trio de Céline).

Et puis, il y a Chanel. Les ventes de ses modèles 2.55, Boy et Gabrielle ont été telles que leur prix a augmenté de 17%. Le flagship store d’Hermès à Guangzhou, en Chine, a enregistré, selon Women’sWearDaily, 2,7 millions de dollars de transactions le jour de sa réouverture, un record.

Chanel, "Gabrielle",  4.200 euros.
Chanel, "Gabrielle", 4.200 euros.

Lot de consolation

Pourtant, les sacs à main haut de gamme qui se sont vendus pendant le confinement n’ont rien de différent des "it-bags" d’avant la pandémie. Étrange donc, car entre-temps, tellement d’autres aspects de la vie ont changé au-delà de l’entendement. C’est probablement là leur attrait. De nos jours, les sacs semblent ainsi être un pari financier bien plus sûr que, disons, les vacances de la prochaine saison.

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"Un beau sac, c’est le moyen instantané de se sentir mieux."
Natasha Fernandes Anjo
Fondatrice de Roop

Avec un budget n'étant plus grevé par les dépenses pour les vacances ou pour un mariage, et sans compter toutes les sorties annulées au restaurant, cinéma et j’en passe, il est bien plus aisé de miser sur un sac de luxe, financièrement parlant. Il aussi devenu comme un lot de consolation, une récompense pendant ces derniers mois qui se sont avérés quelque peu difficiles pour tout-le-monde.

Saint Laurent, "Niki", 2.190 euros.
Saint Laurent, "Niki", 2.190 euros.

Bon investissement

En outre, l’achat peut se révéler être un bon investissement car il est plus résistant aux fluctuations boursières - pour le moment - et peut également prendre de la valeur en quelques années seulement. 

Encore faut-il miser sur le bon sac. Pour certains, c'est devenu une véritable stratégie. Fin juillet, Christie’s a notamment dirigé une vente aux enchères de sacs à main et accessoires qui a rapporté près de deux millions d’euros. La pièce maîtresse était un sac particulièrement rare: un Hermès Birkin Himalaya 30cm en peau de crocodile du Nil blanc mat avec ferrure en palladium datant de 2016.

Estimé entre 55.000 et 78.000 euros, il a été adjugé pour la coquette somme de 132.200 euros. "Je n’ai pas constaté de baisse de prix lors de cette vente", déclare Rachel Koffsky, responsable des ventes de sacs à main chez Christie’s. "Le marché n’a pas souffert du confinement ni de l’incertitude. En fait, nous constatons qu’en périodes troublées, les collectionneurs se tournent vers des investissements alternatifs ou des articles fonctionnels offrant une valeur différente."

Loewe, "Small Leather Balloon Bag", 1.800 euros.
Loewe, "Small Leather Balloon Bag", 1.800 euros.

Pièces de collection

Jamais le sac à main n’avait été aussi convoité, le marché aussi solide et l’objet aussi important en tant que produit de luxe, pièce de collection et bien de valeur. Selon Koffsky, les modèles classiques sont toujours les favoris des ventes aux enchères: les sacs Lady D et Saddle de Christian Dior, les modèles classiques à rabat de Chanel et tout ce qui est signé Hermès. "Achetez ce qui vous attire et ce que vous allez porter, et prenez-en soin."

Il existe une foule d’options intéressantes bien en dessous de la gamme des prix du Birkin, si vous parvenez à vous les procurer. Le Brillant de Delvaux reste immensément populaire dans nos contrées, tout comme le Speedy, la pochette Métis ou la Multi-Pochette de Louis Vuitton. Mais il faut être rapide car ces modèles ne restent que quelques minutes en boutique.

Dans des prix plus abordables, on parle beaucoup du "Shopping Bag" avec logo imbriqué du designer américain Telfar Clemens. Il coûte environ 150 dollars et est perpétuellement sold out. "C’est bien le paradoxe le plus fou: ce sac est tellement accessible que personne ne peut l’obtenir", déclarait Clemens à The Cut. Natasha Fernandes Anjo, fondatrice de Roop, a vu la cote de ses mini sacs à main noués à prix mini (65 livres) s’envoler au fil du temps. Comme elle les réalise avec de tissus invendus, ils sont produits en quantité limitée.

Bottega Veneta, ‘The Chain Cassette’, 2.950 euros.
Bottega Veneta, ‘The Chain Cassette’, 2.950 euros.

"Un beau sac, c’est le moyen instantané de se sentir mieux", explique-t-elle. Le sac n’a plus à rougir devant les œuvres d’art, les montres ou les voitures de luxe. "Après le confinement, nous choisirons les sacs pour leur esthétique, pas pour leur aspect pratique."

Le sac fourre-tout est mort, ou, du moins, en hibernation: les superbes petits sacs Roop, ainsi que d’autres modèles du plus bel effet lorsqu’ils apparaissent dans le cadre d’un appel vidéo, ont le vent en poupe. "J’ai assisté à un mariage sur Zoom et tout le monde avait sa petite pochette et ses stilettos", raconte Koffsky. "C’était vraiment spécial. Nous avions l’impression d’être ensemble, même si ce n’était pas le cas, bien sûr."

Une preuve supplémentaire que le bon sac à main peut vous emmener partout, même si vous ne sortez pas de chez vous.

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