Le samedi de la créatrice Meryll Rogge se partage entre effervescence parisienne, lancement d’une deuxième marque et thé à volonté.
"Je ne vais pas vous conseiller de bonnes adresses à Paris: pour le moment, j’y vais pour travailler. En revanche, je peux vous décrire mon samedi type." Meryll Rogge a fondé sa marque il y a cinq ans et se rend régulièrement à Paris pour les Fashion Weeks homme – "une sélection plus restreinte" – et femme -"les looks des défilés".
La créatrice originaire de Flandre-Orientale, qui s’est distinguée dès sa première collection, est aujourd’hui une valeur sûre. "Ces cinq dernières années représentent une étape importante. C’est un secteur difficile, beaucoup d’appelés, peu d’élus. Quand je repense à tout ce que nous avons accompli, c’est incroyable."
Une marque dont l’étiquette porte "Established in 2020" témoigne d’une belle audace. La Belge va défiler pour la première fois lors du calendrier officiel parisien et lancer une deuxième marque. C’est intense, mais Paris est aussi une ville de découvertes et de retrouvailles: "On ne sait pas qui on va croiser jusqu’au moment où un ami vous envoie un petit message."
8h30 – "Ma journée commence par un rendez-vous avec David Siwicki, notre attaché de presse à Paris. Nous prenons le petit déjeuner ensemble à l’hôtel Le Bristol, sans prétention aucune. Nous discutons du premier défilé Meryll Rogge en mars, un moment crucial. C’est un immense honneur de collaborer avec Profirst - un des meilleurs producteurs de défilés et d’événements. Jusqu’à présent, nous devions tout organiser nous-mêmes, mais nous pouvons enfin déléguer et nous consacrer à la création. Nous passons tout en revue: le déroulement du défilé, les moments forts et les détails à souligner, le timing des invitations, etc."
10h00 – "David et moi visitons le lieu prévu pour le défilé: y a-t-il des points faibles, à quoi devons-nous être particulièrement attentifs, comment répartir les invités, la presse est-elle bien gérée? Nous ne sommes pas une marque qui s’appuie sur les influenceurs: la presse écrite, les stylistes et les experts de la mode sont beaucoup plus importants pour nous."
11h00 – "Prochain rendez-vous: le nouveau showroom. Après cinq ans avec le même agent commercial, mon label Meryll Rogge s’associe à Tomorrow Ltd, un groupe italien qui détient des parts dans des noms prestigieux tels que Martine Rose et Coperni. Pendant la Fashion Week, ils installent un showroom où tous les acheteurs se rendent, et auquel nous participons pour la première fois. Je reste sur place pour rencontrer les clients comme je l’ai toujours fait, et si je vais faire un tour, ils savent qu’il suffit de m’envoyer un petit Whatsapp et j’arrive."
Quand Meryll Rogge va à Paris "ce n’est pas seulement pour travailler: C’est aussi l’occasion de retrouver de vieux amis et de vivre de nouvelles aventures."
12h30 – "Je déjeune seule; j’aime bien prendre un moment pour moi. Je m’installe au Kunitoraya, un japonais près du Palais-Royal qui sert d’excellentes nouilles udon. C’est un endroit simple où l’on peut manger rapidement. En général, j’y vais à midi pile pour éviter la foule, mais aujourd’hui, je suis un peu en retard. Si c’est possible, je m’assieds près de la fenêtre pour me détendre un peu en regardant passer les gens."
13h00 – "Après mon déjeuner, je me rends dans un autre showroom, car j’ai… (sourire) lancé une deuxième marque! Pour ma marque Meryll Rogge, j’ai toujours proposé beaucoup de maille, mais ces pièces n’ont pas eu l’attention qu’elles méritaient. B.B. Wallace, le nom de ma nouvelle marque, va me permettre de me consacrer à des matières naturelles et des techniques classiques, fabriquées par des producteurs européens."
"Je travaille avec Sarah Allsopp, une knitwear designer britannique aux connaissances infinies, avec qui j’ai travaillé chez Marc Jacobs – de belles retrouvailles. Pour ce showroom, je collabore avec Bart Ramakers de Parrot Agency (qui distribue également Wandler, Bernadette Antwerp et Kassl Editions), ce que je souhaitais depuis longtemps. ‘C’est pour nous’, m’a-t-il dit quand je lui ai présenté mon idée, car les marques lifestyle, c’est son truc. L’idée est que nous nous rendions ensemble au showroom, que nous regardions les prix et que nous vérifiions que tout est en ordre."
Trois bons plans
1 | The oldovers
"Ce film netflix a valu un oscar à Da’Vine Joy Randolph. J’aime les documentaires, les biographies et les histoires simples."
2 | Radio en ligne
"Kiosk Radio et The Lot Radio, deux radios fondées par des amis, diffusent de fantastiques émissions montées par des DJ de toutes origines."
3 | Elders
"Mon restaurant préféré à Gand. On peut dîner au comptoir et ainsi observer de près le travail en cuisine. le dimanche, j’y vais pour leurs délicieux breakfasts."
15h00 – "Presque tous ceux avec qui je travaille connaissent ma passion pour le thé: les agents commerciaux japonais m’apportent du sencha; le brodeur indien du darjeeling. À Paris, j’achète toujours du thé, généralement chez Mariage Frères, et en grande quantité. Je ne bois que du thé single origins – darjeeling, thé vert et genmachia – bien que ce dernier soit en fait un mélange. (rires) Je n’aime pas les thés fruités: pour moi, même l’earl grey est déjà trop."
16h00 – "Comme je travaille dans notre studio à Deinze, je profite de ma présence à Paris pour nouer des contacts, c’est l’occasion de prévoir une rencontre avec un styliste ou un journaliste, d’assister à un lancement de livre ou à un événement lié à la mode."
19h00 – "C’est le moment d’aller dîner, mais avec qui? Tout dépend de qui est à Paris. Si possible, j’aime aller chez Cibus, un petit restaurant italien près du Palais-Royal, ou chez Tsukizi, un restaurant japonais charmant sur la Rive Gauche. L’occasion de découvrir des plats que l’on ne trouve pas chez nous." (rires)
00h00 – "Je passe la nuit à Paris. En général, je me couche tôt, mais ici, je veille parfois jusqu’à minuit. Je ne vais pas souvent à l’hôtel, mais dans un appartement près de la place de la République que je loue à des amis."